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Vedanand Bheechook: Monsieur photo-finish
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Vedanand Bheechook: Monsieur photo-finish
Dans son métier, il s’agit d’ouvrir l’œil. Et le bon. Depuis bientôt 15 ans, accompagné de son fidèle collègue Gaëtan McIntyre, Vedanand Bheechook s’assure que le bon ordre d’arrivée est communiqué au Champ de Mars.
Avant d’officier comme juge à l’arrivée pour le Mauritius Turf Club, Vedanand Bheechook a d’abord voulu embrasser une carrière de jockey mais il s’est très vite rendu à l’évidence que ce métier n’était peut-être pas pour lui. «Je me souviens encore qu’à l’âge de 15 ans, je fuguais du collège Saint Andrews pour venir voir les chevaux s’entraîner. J’ai postulé comme apprenti et après avoir essuyé un premier refus, j’ai commencé l’aventure en compagnie des frères Nagadoo, Vinay Naiko et Jean-Roland Boutanive. Après une quinzaine de courses et une deuxième place comme meilleur résultat avec Call Me Free, j’ai décidé de raccrocher en 1991.»
Vedanand Bheechook ne prendra, toutefois, pas ses distances de l’hippisme puisqu’il rejoint la rédaction de Racetime, sur les conseils de feu Jean Halbwachs, au lancement du magazine du club en 1992. Après s’être occupé du dayto-day running de Racetime pendant de longues années, l’ex-jockey est nommé secrétaire de rédaction en 2006, poste qu’il occupe durant la semaine avant d’endosser le costume de juge à l’arrivée depuis 2002. Mais en quoi consiste donc son travail ?
«Il faut savoir que je ne suis pas seul à le faire car mon collègue, Gaëtan McIntyre, m’apporte une aide très précieuse. Selon les Rules of Racing, notre responsabilité consiste à déterminer l’ordre d’arrivée des chevaux dans une course, du premier au dernier. Ceci est alors communiqué au Clerk Of The Course, qui vérifie que tout est en règle au niveau des Racing Stewards. Il doit aussi avoir le feu vert du juge du pesage, qui s’assure que le handicap du gagnant est le même qu’avant le déroulement de la course. Ce n’est qu’après ces vérifications que le résultat est officialisé. Mais il se peut que l’ordre d’arrivée soit ensuite modifié en fonction de la décision des commissaires dans les cas de rétrogradation entre autres.»
Après 15 ans dans le métier, Vedanand Bheechook a été le témoin privilégié du passage à l’ère numérique, une véritable avancée pour l’hippisme mauricien. Et pour cause : alors qu’il fallait auparavant une dizaine de minutes pour établir l’ordre d’arrivée après le développement des pellicules en chambre noir, tout est informatisé depuis 2004. Dorénavant, seulement une vingtaine de secondes suffisent pour produire la photo-finish. Malgré cela, les désaccords n’ont pas manqué, selon notre interlocuteur.
“Zot ti p kraze partou…”
«Je me souviens encore d’un incident en 2007 avec la victoire de Joshua Day. Ce jour-là, tout le monde avait vu Ashton Manor, de l’écurie Gujadhur, remporter cette course devant Cimarron. Joshua Day avait terminé complètement à l’extérieur et personne ne l’avait vu. Mais sur la photo c’était clair que Joshua Day l’avait emporté. Comme juge à l’arrivée, nous avons fait notre travail. Plusieurs turfistes ont toutefois manifesté leur mécontentement. Zot ti p kraze partou an kroyan ki nu ki ti finn fer errer.»
Bis repetita en 2011, avec l’arrivée dans un mouchoir de poche entre Match Play et Man Of His Word. Pour le juge à l’arrivée, la victoire s’était jouée au balancier. Les deux chevaux étaient, cependant, de la même couleur et on aurait pu croire que c’était le premier nommé qui l’avait remporté alors que c’était le contraire. «La foule n’était pas contente mais on a repassé l’arrivée au ralenti et distribué des photos-finish et tout est rentré dans l’ordre», se souvient encore Vedanand Bheechook. Cette année, les arrivées Jullidar-Craftsman (23e journée) et NottinghamshirePromissory (26e journée) se sont jouées sur une infime marge. Reste que celle impliquant Polar Royale et Kings Guard en 2013 demeure, pour Vedanand Bheechook, l’arrivée la plus pointue qu’il a connue en tant que juge d’arrivée.
A-t-on déjà dû amender l’ordre d’arrivée une fois le résultat officiel proclamé au Champ de Mars ? «Je crois savoir qu’il y a eu un cas dans les années 70 mais nous mettons tout en œuvre pour que cela ne se reproduise. Au besoin, la photo-finish est agrandi au maximum à 75-100 % pour determiner le gagnant. Dans l’impasse, un dead-heat est alors prononcé. Il faut une concentration extraordinaire car le juge d’arrivée n’a pas droit à l’erreur. S’il se trompe, cela risque de ternir l’image des courses. En 15 ans de carrière, fort heureusement, Gaëtan et moi-même ne nous sommes pas encore trompés.»
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