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Célia, 12 ans: la petite fille qui vendait de l’eau
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Célia, 12 ans: la petite fille qui vendait de l’eau
Parmi les tombes, les fleurs, une frêle silhouette. Celle d’une petite fille qui trimballe un morceau de bois. Aux deux extrémités, des bidons, remplis d’eau. Pendant la Fête des morts, Célia a trouvé le moyen d’améliorer un peu sa vie. Timide rencontre.
Avec sa casquette vissée sur la tête, son T-shirt à rayures roses sur le dos, l’abeille, âgée de 12 ans, s’affaire sous le soleil ardent. Elle butine le robinet. Il faut remplir les bidons, les transporter jusqu’au cimetière, les vendre. Pour Rs 10. «Dimounn kapav nétway tom ou bien aroz fler. Zot pa bizin marsé al ranpli lerla…» Fallait y penser. L’as de la débrouille veut se faire un peu de sous pour aider ses parents, financièrement. «Mo pou asté mo bann liv lékol ek kas ki mo gagné.»
La veille, soit le 1er novembre, les affaires ont bien marché. «Pa kapav konté komié galon monn vandé.» Elle a récolté Rs 430, lâche-t-elle avec fierté. Les dizaines d’allersretours ? Qu’importe la distance, le tout, c’est de toucher au but.
Célia est en Form I dans un collège d’État. «Il faut brouiller les pistes, je ne veux pas que les gens me reconnaissent.» Quand elle n’est pas en train de «trasé sa life», elle aime bien jouer avec ses copines. Ou passer du temps avec son frère et ses soeurs. «Oui, certains travaillent mais nous aidons tous à la maison…»
Pendant les vacances, il lui arrive de bosser aussi, dans des magasins, notamment. «Mo ramas mo kas pou asté linz pou Nwel ek lané.» Oui, elle est bien consciente du fait que la loi interdit aux enfants de travailler. Allez dire ça au porte-monnaie des familles qui peinent à joindre les deux bouts.
Au fil de la conversation, les allées du cimetière s’animent, celui-ci grouille de vie en cette fin de matinée. Les chers disparus n’ont pas tous été oubliés. Célia se dépêche d’interpeller les passants. À qui elle offre ses bidons d’eau. Mais aussi, en guise de bouquet, un beau sourire innocent, sans faux-semblant.
Plus tard, elle aimerait être cuisinière. Et elle s’en donnera les moyens, quitte à être au four et au moulin.
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