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Courses à l’étranger: les opérateurs de l’industrie hippique craignent l’avènement du PMU
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Courses à l’étranger: les opérateurs de l’industrie hippique craignent l’avènement du PMU
Les paris hippiques s’internationalisent. Pour preuve, l’annonce de l’arrivée à Maurice du PMU (Pari mutuel urbain), un géant mondial qui proposera aux turfistes mauriciens des paris sur les courses à l’étranger dont en France, suscite colère et incompréhension parmi les opérateurs du Tote. Entre-temps, des questions se posent sur l’identité de l’homme d’affaires derrière ce projet.
Depuis cette annonce, les opérateurs du Tote sont visiblement chauffés à bloc. Ils n’arrivent pas à comprendre comment un organisateur de pools de football étrangers peut détenir une licence pour vendre des paris sur des courses à l’étranger. Et s’acquitter en plus des frais annuels de seulement Rs 15 000 alors que les opérateurs de paris doivent, eux, payer Rs 15 millions par an.
«C’est de l’injustice», fulmine Guillaume Hardy, le directeur d’ASL Ltd (Automatic Systems Ltd). Vydya Ringadoo, Chief Executive Officer de la Gambling Regulatory Authority( GRA), n’est pas de cet avis. «Nous confirmons que la compagnie Peerless, déjà incorporée à Maurice, n’a pas besoin d’une autre licence pour opérer en partenariat avec le PMU.»
D’autres opérateurs montent au créneau pour dénoncer cette politique de deux poids, deux mesures. «PMU constituera à terme à être une menace sérieuse pour l’avenir des courses hippiques mauriciennes», souligne Gopal Gujadhur. Qui souhaite obtenir un avis jurudique sur toute la question.
Peerless Ltd, une société incorporée en 1989 et domiciliée à la rue Jemmapes, Port-Louis, et ayant comme actionnaires Cassam Dhunny et Christian Kwet Shin, a été choisie par Integrity Sports Ltd, l’agent de PMU à Maurice. Peerless Ltd détient depuis une trentaine d’années une licence de pool betting.
Guillaume Hardy pousse plus loin sa réflexion et se demande pourquoi ASL n’a pas eu le même traitement quand elle a soumis une requête au- près de la GRA pour se lancer dans la «commoning pool», un système de paris mutuels. Il se demande aussi pourquoi Teletote doit se limiter au même nombre de terminaux depuis sa création en 1994 malgré toutes les demandes pour développer de nouveaux business dans son créneau d’activités.
Même son de cloche chez d’autres opérateurs qui s’interrogent sur l’impact négatif que le lancement du PMU, prévu le 19 novembre, pourrait avoir sur leurs opérations. «Il faut prévoir une baisse du chiffre d’affaires de 10 % à 20 %», indique le directeur général d’ASL qui ne sait à quel saint se vouer.
Aussi, il se demande si Peerless Ltd reversera une partie de ses gains dans la filière hippique au Mauritius Turf Club même si le PMU vendra ou pas les courses hippiques du Champ-de-Mars aux turfistes à l’échelle mondiale. Car il se dit persuadé que la présence du PMU grignotera les parts de marché des opérateurs et accessoirement de l’industrie hippique et qu’en conséquence, le MTC doit réciproquement être compensé.
Pour le moment, le PMU proposera des paris aux turfistes les dimanches. Toutefois, il n’est pas exclu, au dire de Guillaume Hardy, que ceux-ci soient étendus pendant toute la semaine. Ce qui, selon certains observateurs, pourrait réellement transformer Maurice en une véritable «nation de zougaders», situation que semblait craindre le ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo, pour justifier des décisions prises en mars 2015 à l’encontre de Lottotech. Soit l’abolition des cartes à gratter et l’élimination des pubs autour des jeux de hasard. «Le gouvernement Lepep, qui a fait du nettoyage du pays et de la moralisation des mœurs son cheval de bataille, aura-t-il le courage d’agir au cas où PMU engendre une fièvre pour les paris sur les courses à l’étranger ?» se demande un observateur social.
Aujourd’hui, l’ombre d’un businessman, qui a ses entrées au bâtiment du Trésor et ayant pignon sur rue, plane sur ce projet qui deviendra une réalité dans moins de deux semaines. «Sans des connexions, on ne peut bénéficier d’un tel traitement», lâche un opérateur.
Voilà à quoi se résume le jackpot déniché par un proche du pouvoir qu’on dit intouchable au Champ-de-Mars.
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