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Carreau-Esnouf - L’été: difficile période pour les planteurs de cresson

9 novembre 2017, 12:39

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Carreau-Esnouf - L’été: difficile période pour les planteurs de cresson

Au sud-est du pays, le petit village de Carreau-Esnouf est réputé pour ses cressonnières. À une époque, la culture de cresson passait en premier dans les choix des planteurs.

Les planteurs se plaisent tous à dire qu’ils alimentaient pour la majeure partie le marché en cresson. Sauf qu’aujourd’hui leurs mares sont à sec. Une visite aux cressonnières (que l’on a peine à imaginer) nous renvoie ce triste constat.

Cette partie de Carreau-Esnouf où le cresson est cultivé est connue comme «Les mares». C’est là que se situe la source alimentant les canaux qui serpentent à travers les petites mares des différents planteurs.

Avant celles-ci abondaient tellement en cresson que l’on n’y pouvait circuler qu’en sautant d’un tas de pierres à un autre éparpillés ici et là. En ce moment, certaines de ces mares sont complètement à sec. Le produit de la dernière cueillette ne représente que des tas de paille séchée parmi les allées en pierres.

Pravind Aubeeluck, planteur depuis 15 ans, explique que le canal est sec. «En cette période, à Carreau Esnouf, il n’y a pas de cresson depuis des années. Il faudra attendre la saison des pluies, en février-mars, pour pouvoir retravailler sans les mares.» Un sort que ces cultivateurs ont accepté car ils savent qu’il leur faudra se débrouiller autrement pour joindre les deux bouts pendant quelques mois.

«Il y a du cresson dans d’autres endroits. Ce n’est qu’ici que les sources sont à sec en été. Mais on ne peut rester à se tourner les pouces en attendant qu’il pleuve. On doit se débrouiller. Certains trouvent de petits boulots. Moi-même j’ai un autre travail. Je ne peux compter uniquement sur le cresson.»


 

Prix des bottes en hausse

Avis partagé par Preetam Jodhun, qui exerce comme chauffeur en cette période de l’année. Lui, il a grandi dans les mares de cresson. Il ajoute qu’il faudra tout recommencer, une fois que la source sera alimentée par les eaux pluviales de février et mars.

Il faudra par la suite acheter des bottes de cresson, une dépense incontournable. Pas surprenant que le prix des bottes augmente à ce moment. Certains vont débourser une somme de Rs 50 000, d’autres seront mêmes contraints à dépenser jusqu’à Rs 150 000 pour faire repartir le business. S’ils sont chanceux et que les mares ne débordent pas, ils pourront commencer à récupérer leur investissement après une attente d’encore deux mois.

«D’ordinaire la sécheresse sévit pendant quatre mois. En février et mars, les canaux sont à nouveau remplis d’eau.  Mais bien souvent, il y a des débordements. S’il arrive qu’on ait déjà recommencé à planter, nous risquons de tout perdre. Sinon, la première récolte se fera en avril.»

Narrain Parmesswar, lui, pointe du doigt la distribution d’eau. Selon lui, les foreuses pompent l’eau de la nappe souterraine pour la fournir aux établissements sucriers. De ce fait, il n’y en a plus. Il raconte que certaines mares ont séché en moins de 10 jours, ce qui ne s’était jamais vu.

«Comment est-ce que les sources ont pu se vider en une dizaine de jours seulement, alors que l’eau de trois sources passe par ici ?» se demande-t-il. Une question qui le taraude depuis qu’il a vu le cresson sécher avant une dernière récolte.

«D’habitude les sources s’assèchent graduellement. L’année dernière il y avait moins de pluie, mais la dernière récolte a été faite à la fin de novembre, le 28 précisément. On ne peut dire qu’il manque d’eau avec les récentes averses dans la région !»

Si en ce moment l’eau est la cause de leur souci, Narrain Parmesswar n’hésite pas à souligner que même quand la récolte est bonne, le cresson court des risques. «Parfois les établissements sucriers arrosent les champs d’herbicide, ce qui affecte les mares de cresson.»

Pour lui, il n’y a plus d’espoir pour une dernière récolte, Il se retrouve sans revenu. Avant, il lui arrivait de planter des «arouy violett» et des songes, mais c’est devenu impossible sans eau. Il devra ainsi se mettre à la recherche de petits boulots pour faire bouillir la marmite.