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Vacances scolaires: ces ados qui bossent pour ne pas rester à la maison «à ne rien faire»
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Vacances scolaires: ces ados qui bossent pour ne pas rester à la maison «à ne rien faire»
En ce mois de novembre, dans la capitale, nombreux sont les adolescents qui travaillent pour se faire un peu d’argent. La plupart d’entre eux ont 13 ou 14 ans. Savent-ils que c’est illégal de travailler avant 16 ans ? Un sourire en coin indique que oui. Ce qu’ils savent aussi, c’est que le père Noël n’existe pas. Et qu’il faut «tras-trasé».
«Mo pé travay pou gagn enn ti kas pou asté enn per soulié…» Réponse timide de Julio, 13 ans. L’adolescent rondouillard, qui arbore une belle touffe afro à la Fellaini, s’est transformé en marchand de légumes, le temps des vacances scolaires.
Du haut de son 1 m 40, le petit fait montre d’une grande efficacité en ce qu’il s’agit d’attirer les clients. Pas de temps à perdre, ses petites mains s’agitent, pèsent, emballent. «Dé kokom fer ou Rs 60. Éna inpé plis ki enn liv ou pran li kan mem? Enn lo karot Rs 10.»
Julio est en Form III dans un collège de la capitale. Selon ses propres mots, «mo débrouyé, zamé monn fél». Mais pendant les vacances, hors de question de rester à la maison.
«Zot tou travay, lakaz péna personn. Sinon zis asizé get télévizion.»
Autre passe-temps ? Si, il y a bien le foot, mais les matches avec les autres jeunes du quartier se terminent trop tard. Lui, plus tard, quand il sera grand, il sera footballeur professionnel. En attendant, il vend ses concombres.
N’est-il pas trop dur pour un petit bonhomme de 13 ans de travailler ? «Non, je m’amuse», répond Julio. Même si, ajoute-t-il en baissant le ton, son grincheux de patron lui crie dessus parfois. L’as de la débrouillardise indique qu’il bosse de 7 heures à 16 heures tous les jours, sauf les dimanches. Son travail consiste surtout à nettoyer les légumes, les installer et servir les clients.
Que pensent maman et papa de tout ça ? Ils n’ont aucune objection. Il n’a pas encore terminé sa phrase que son patron l’interrompt et déclare, «li péna mama papa»… Julio confie alors que son père est en Angleterre… Sa maman, il n’a aucune idée de l’endroit où elle peut être. Il habite chez sa marraine qui s’occupe de lui. Mais elle a trois enfants elle-même, il est parfois difficile de joindre les deux bouts. Alors, Julio préfère se rendre utile et travailler jusqu’à décembre. Comme ça, il aura de quoi se payer ses propres chaussures et surtout, confie-t-il, son propre matériel scolaire.
Un peu plus loin dans une artère de la capitale, on retrouve Kenny, également âgé de 13 ans. On lui en donnerait plutôt dix. Il travaille lui aussi chez un marchand. Mais cette fois-ci, pas de légumes, Kenny se spécialise dans la vente de sous-vêtements masculins. Cela fait tout juste une semaine qu’il a débuté le travail dans ce magasin. C’est sa première expérience et cela lui plaît bien, dit-il. Pourquoi travaille-t-il ? «Parce que je n’ai rien à faire à la maison et aussi pour avoir un peu d’argent pour me payer des vêtements neufs.» Et surtout, cette fameuse paire de chaussures.
Pourtant, les parents de Kenny subviennent aux besoins de leur benjamin, lui donnent même de l’argent de poche, son «kas gato». Mais il veut quand même se frayer un chemin dans le monde des adultes.
«Mo travay enn tigit gagn enn ti distraksion, sinon mama ti pou fer mwa fer louvraz lakaz !»
Même son de cloche du côté de Christabelle, âgée, elle, de 17 ans. La jeune fille travaille dans des magasins durant les vacances d’été depuis qu’elle a 14 ans. L’année dernière, elle avait bossé comme vendeuse dans une parfumerie. Cette année, elle a bougé dans un magasin de jouets. «C’est un peu plus tranquille, un peu moins dur que dans la parfumerie.»
En 2016, elle s’était fait Rs 9 000 pour deux mois de travail. Cette année-ci, elle ne sait pas encore ce qu’elle empochera, mais cela ne devrait pas trop varier, dit-elle. Pourtant, la jeune fille indique qu’elle n’a pas besoin de cet argent pour subvenir à ses besoins. Ses parents travaillent, son grand frère et sa grande sœur aussi.
Mais Christabelle n’aime pas rester oisive à la maison, elle préfère bénéficier de l’expérience du monde du travail et surtout, être un peu autonome, financièrement. Autre motivation : cette belle paire de chaussures qu’elle a vue en vitrine et qu’elle veut s’offrir pour les fêtes…
Tarun, 10 ans, a la pêche
<p>Il a dix ans, arbore en permanence un large sourire et connaît les légumes par cœur. C’est parce qu’il accompagne son père, marchand de légumes, au travail depuis qu’il est tout petit. Tarun ne <em>«travaille»</em> pas, mais <em>«mo donn enn koudmé mo papa»</em>. Il fait les petites<em> «courses»</em> pour son père, s’amuse à ranger les tomates qui s’éparpillent, ou s’en va faire un brin de causette avec les autres marchands du coin. Le tout sous le regard attentif de son papa. </p>
<p>Si Tarun l’accompagne, c’est parce que tous les adultes de la maison travaillent et il est trop petit pour rester seul, sans supervision. D’autant plus qu’à la fin de l’année, son père lui donnera <em>«enn ti lapey»</em>, car il aura bien bossé. Son argent, il le remet à sa mère qui va le déposer sur son compte épargne, à la banque…</p>
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