Publicité

Rossun Maharaullee: «L’apnée du sommeil a tué la personne que j’étais…»

17 novembre 2017, 20:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Rossun Maharaullee: «L’apnée du sommeil a tué la personne que j’étais…»

C’est un appel qui nous a conduits chez Rossun Maharaullee, à Vallée-Pitot. Cette ancienne enseignante d’école secondaire semblait complètement anéantie. Elle cherchait à retrouver le lien d’un article publié sur lexpress.mu parlant de l’apnée du sommeil. «L’article parle des symptômes que j’aie et je voudrais le retrouver pour l’apporter avec moi devant le panel de médecins de la Sécurité sociale. Pour qu’enfin, ils me croient…» dit-elle d’une voix cassée.

C’est aujourd’hui que Rossun Maharaullee a rendez-vous devant le board du ministère. Elle tente désespérément de convaincre le gouvernement de son état de santé afin de toucher cette pension dont elle était bénéficiaire pendant deux ans et qui lui a été retirée. Raison : si elle était considérée comme invalide dans un premier temps, les médecins l’ayant examinée lors de son rendez-vous annuel l’ont déclarée non éligible malgré ses multiples certificats médicaux attestant de son invalidité.

«On me prenait pour une folle»

«Je voudrais parler de cette maladie si méconnue. Elle m’a volé ma vie.» Rossun Maharaullee explique qu’elle était enseignante dans un collège. Elle touchait un salaire. Elle allait bien. «Jusqu’au jour où ma vie a basculé. Je commençais à oublier des choses. Je disais des choses, ensuite j’oubliais. J’ai eu des ennuis avec mes collègues et j’ai compris que je devais arrêter de travailler.» C’était il y a un peu plus de 10 ans. Elle avait alors 40 ans et son fils unique en avait 12.

Rossun Maharaullee raconte qu’au début, elle n’avait aucune idée de ce dont elle souffrait. «J’étais allée à l’hôpital et les médecins se sont moqués de moi. On me prenait pour une folle. Je ne savais pas ce que j’avais mais je savais que je n’allais pas bien.» Pendant sept ans, elle ne saura pas de quoi elle souffre. Elle sait simplement qu’elle manque d’air de plus en plus souvent.

«Je peux mourir n’importe quand pendant mon sommeil»

Lorsqu’on demande à cette mère de famille de décrire les symptômes de sa maladie, elle indique que lorsqu’elle dort, elle est toujours consciente de ce qui se passe autour d’elle. «En apparence, on dirait bien que je dors mais mon esprit ne se repose pas.» De souligner que cela fait des années qu’elle ne connaît plus le sommeil. «Je ne dors plus. Je me réveille et je suis épuisée. Je ne peux rien faire et pourtant, dans la journée, je peux m’endormir n’importe où, n’importe quand. Mais le plus dur c’est de tout oublier», lance-t-elle, les yeux remplis de larmes.

Rossun n’arrive plus à se retenir. Elle s’effondre. Elle confie avoir pensé au pire à plusieurs reprises. «Dans mon sommeil, je manque d’air d’un coup. Comme lorsque vous êtes sous l’eau. Sauf que si personne ne me réveille, je peux mourir…»

Un appareil indispensable qui coûte Rs 90 000

Pour rendre ses nuits moins bruyantes puisqu’elle ronfle énormément, Rossun Maharaullee doit se procurer un appareil qui coûte environ Rs 90 000. Mais elle n’en a pas les moyens. «Auparavant, je travaillais et j’ai puisé de mes économies pour me faire soigner. Aujourd’hui, je suis comme une mendiante. Je n’ai plus rien.»

Il y a quelque temps, l’ancienne enseignante avait pu se procurer un vieil appareil qu’une personne lui avait donné. Reste qu’elle doit trouver Rs 6 000 chaque six mois pour changer les conduits d’air et le masque qu’elle doit porter chaque soir. En outre, elle doit alimenter l’appareil en eau distillée. «Avec les consultations et les médicaments, je ne peux me permettre d’acheter cet appareil.»

Énorme détresse

Les symptômes que décrit Rossun Maharaullee ne sont pas seulement pesants au quotidien. Ils ont complètement bouleversé sa vie. «Je suis malheureuse. Je sais que je suis un inconvénient pour mes proches. Cette maladie a tué celle que j’étais. J’étais une passionnée de lecture, j’adorais enseigner mais aujourd’hui, je ne peux même plus lire une page parce que j’oublie ce que j’ai lu dans la page précédente.»

Rossun Maharaullee tente, tant bien que mal, de faire avec mais elle oublie toujours la nourriture qu’elle a mis à cuire. Elle oublie les recettes. Elle oublie l’eau qu’elle laisse couler du robinet. Elle oublie les rendez-vous chez le médecin…

Le petit carnet

La quinquagénaire a gardé un dossier dans lequel elle a placé tous ses documents importants. Reçus, carnet médical, cartes de rendez-vous s’y trouvent. Et puis, il y a aussi ce petit carnet qu’elle garde précieusement. Elle le consulte tous les jours pour être sûre de ne pas rater un rendez-vous.

Malgré ce lourd fardeau que traîne Rossun Maharaullee à chaque minute, elle arrivera quand même à dessiner un sourire sur notre visage. «Vivez à fond le présent, ne vous attardez pas sur ce qui ne va pas, vous ne savez pas ce que demain vous réserve», a-t-elle tenu à nous laisser comme conseil.

Le certificat médical de Rossun Maharaullee attestant sa maladie.

Rossun Maharaullee a reçu des soins à l'hôpital Jeetoo.

Souvenirs de Jeunesse

<p>Au beau milieu de ce récit, Rossun Maharaullee revient d&rsquo;un coup sur ses années de jeunesse. À l&rsquo;époque où elle était journaliste. Elle se souvient qu&rsquo;elle aimait rencontrer les gens. Dans son retour dans le passé, pendant ces heures où sa mémoire ne lui joue aucun tour, elle aborde son enfance douloureuse.</p>

<p>Elle nous raconte que la plus belle chose qui lui soit arrivé, c&rsquo;est la naissance de son fils. Ce fils qui, à 24 ans, a accepté de lui faire une petite place dans sa chambre pour qu&rsquo;il puisse veiller sur elle le soir au cas où elle s&rsquo;étouffe. Son mari étant âgé et souffrant aussi, ne peut plus, à lui seul, maîtriser la situation lorsqu&rsquo;elle manque d&rsquo;air.</p>