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Un ambassadeur à Giovanni Merle: «Tire to sévé»
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Un ambassadeur à Giovanni Merle: «Tire to sévé»
Il est chef et employé de l’ambassade de Maurice à Washington. Giovanni Merle a récemment été mis sur le devant de la scène. Malheureusement, ce n’était pas pour ses prouesses culinaires. En effet, même si le jeune homme d’origine mauricienne est chef en sus d’être un employé de l’ambassade de Maurice à Washington, ce sont de ses dreadlocks dont il a été question. Sur une bande son qui a été rendue publique, l’on entend l’ambassadeur de Maurice à Washington Sooroojdeo Phokeer lui demander de les couper afin «d’assurer son avenir». Compte-t-il s’en défaire ? «Nullement. Sé zis enn wake up call. Mé mo pa per.» Il est, d’ailleurs, convaincu que ce ne sont pas ses dreads qui déterminent ce qu’il est.
Mais qui est Giovanni Merle ? Employé en tant que chauffeur attaché à l’ambassadeur de Maurice, il est aussi responsable de tout le courrier qui entre et sort de l’ambassade. Cependant, le jeune homme de 30 ans est avant tout un passionné de cuisine, c’est d’ailleurs son dada. Aujourd’hui, il est un chef qui fait parler de lui à Washington et un peu ailleurs pour sa spécialité : la cuisine infusée au cannabis. Oui, cette cuisine existe bel et bien. Si à Maurice, la consommation du cannabis est interdite, à Washington ce n’est pas le cas. D’ailleurs, notre chef intègre cette plante à ses pâtisseries, desserts et autres plats. Ses créations, il les commercialise, sous la marque Kayaman Kitchen.
Notre compatriote a aussi séduit le jury lors d’un concours culinaire américain, Mason Dixon Master Chef Tournament avec ses plats en 2016. Qu’il soit un chef un peu «spécial», Giovanni Merle le concède. «Je suis un Mauricien qui manipule le cannabis en toute légalité aux États-Unis. Je suis même un des premiers chefs à proposer ce genre de cuisine au niveau de Washington et de l’East Coast», confiet-il. La nourriture saine, précise le cuisinier, est l’une des meilleures manières de tirer bénéfices des molécules de CHC qui se trouvent dans le cannabis. «Cela peut être bénéfique sur la personne tant sur le plan de la santé, de l’éducation et de la spiritualité», poursuit notre interlocuteur.
Voie tracée par le «Très Haut»
Avoir la possibilité de mêler sa passion pour la cuisine à la culture Rastafarai ne peut être qu’un rêve pour Giovanni Merle. Pour lui, c’est une voie tracée par le «Très Haut». Il n’aurait même pas imaginé, le jour où il a quitté l’île sur un bateau de croisière alors qu’il avait 19 ans à peine, qu’il allait entamer ce parcours. «Je suis très reconnaissant envers mon père, Elvis. Il m’a avancé 1 000 dollars et m’a dit de me débrouiller avec. Et c’est ce que j’ai fait», dit le chef qui sourit à l’évocation de ces souvenirs. C’est ainsi qu’a débuté une belle aventure pour ce natif de Beau-Bassin-Rose Hill qui a grandi en fréquentant les quartiers de Plaisance et de Camp-Levieux. Plusieurs croisières le mèneront à différents ports avant qu’il ne pose ses valises en France. «C’était le lieu où il faut être pour tout professionnel qui veut se démarquer dans le domaine de la cuisine», confie Giovanni Merle. Il y passe quelques années, suivant sa formation en cuisine, avant de mettre le cap sur La Virginie, aux États-Unis, où il effectuera son stage de formation.
C’est son passage aux USA qui marquera un tournant dans sa carrière culinaire. «La cuisine aux États-Unis est très différente de celle de Maurice et d’Europe. Cela me rendait malade. C’est grâce à la nourriture végétarienne, l’enseignement des rastas et le cannabis que j’ai pu guérir», explique Giovanni Merle. Il y a aussi la légalisation du cannabis dans l’état de Virginie, il y a deux ans, qui a été déterminant. Étant rasta, il décide de l’intégrer à sa cuisine et d’en faire la promotion. «Food is for the people… Tout ce dont on a besoin se trouve dans notre nourriture, pas besoin de médicaments», insiste celui qui croit aussi au pouvoir de la musique pour éduquer.
La cuisine à l’ambassade
<p>Entretemps, le trentenaire continue à participer aux concours culinaires qui sont organisés à l’ambassade. «J’ai participé au Embassy Chef Challenge de 2015 et de 2016 et c’est à force de persévérance que je me suis retrouvé employé à l’ambassade», confie le jeune homme.</p>
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