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Conditions de travail: les policiers protestent dans les rues de Port-Louis ce mercredi

29 novembre 2017, 10:02

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Conditions de travail: les policiers protestent dans les rues de Port-Louis ce mercredi

Oseront-ils descendre publiquement dans la rue pour protester pacifiquement contre leurs conditions de travail ? En tout cas, à hier, plusieurs policiers ont indiqué qu’ils seront présents à cette marche de protestation prévue aujourd’hui à partir du Champ-de-Mars. Cette date symbolique marque l’adoption au Parlement du Police (Membership of Trade Union) Bill, le 29 novembre 2016.

Cette démarche laisse cependant plusieurs sceptiques. Ceux-là soutiennent qu’une telle protestation n’est pas bonne pour l’image de la police. Mais quels sont les problèmes auxquels doit faire face un policier ? Quelques-uns nous confient leur quotidien, sous couvert de l’anonymat. «Parfois nous sommes obligés de travailler plus de 40 heures par semaine. Avec les fêtes qui s’annoncent et l’élection partielle à Quatre-Bornes, nous ne pouvons pas prendre de congés.»

Un exemple est celui des enquêteurs de la Western Division. Depuis deux semaines, ces Enquiring Officers se plaignent. Ils doivent effectuer un «second shift» les dimanches alors que leurs horaires de travail s’étendent de lundi à vendredi, de 8 h 45 à 16 heures et le samedi de 8 h 45 à midi. Dans certains cas, ils bénéficient d’un congé chaque quinzaine. Dans d’autres postes, les enquêteurs ne travaillent que du lundi au vendredi. Les policiers de l’Ouest déplorent d’avoir à travailler le dimanche et à effectuer seulement le shift du soir de 15 heures à 23 heures.

Cependant, du côté de la cellule de communication de la police, on justifie qu’en cette période de festivités, des policiers sont appelés à travailler sans relâche. «Pour pallier le manque d’effectif, nous faisons appel aux enquêteurs ou au personnel administratif. Il arrive qu’on leur demande de rentrer et de revenir après pour travailler le soir», explique un officier du Press Office.

Punaises et rats

Outre les problèmes d’horaires, il y a aussi l’uniforme de travail. «Parfois, l’uniforme n’est pas adapté. Il n’y a pas notre taille, parce que c’est du prêt-à-porter», lance un officier. D’autres se plaignent de la présence de punaises dans certains véhicules de la police et des postes de police.

Des policiers affectés au poste de police de Moka at- tendent pour leur part toujours d’être réinstallés dans le nouveau bâtiment qui leur avait été promis. En attendant, ils doivent partager leur quotidien avec des rats, dans un bâtiment qui tombe presque en ruine. «Nous ne pouvons pas laisser nos repas au poste. Les rats rongent les sacs contenant les aliments. De nombreux rongeurs se promènent en toute liberté.»

Puis il y a l’aspect sécurité. Dans l’exercice de leurs fonctions, les policiers sont souvent confrontés au public. Ils doivent conjuguer avec des citoyens parfois hostiles et se font même agresser. Pour le président de la Police Officers Solidarity Union (POSU), l’inspecteur Jaylall Boojhawon, cette marche sera l’occasion de dénoncer ces conditions de travail, le non-respect des recommandations du rapport du Pay Research Bureau, les carences dans l’administration et ceux qui mettent des bâtons dans les roues de son syndicat. Car la bataille pour que les policiers se syndiquent est loin d’être gagnée. «Koumadir inn donn nésans enn zanfan mé pé atas so lamin lipié pou li pa kapav marsé.»

L’inspecteur Boojhawon raconte qu’il s’est heurté à plusieurs obstacles avant que sa marche pacifique ne soit approuvée. «Toutes sortes de prétextes avaient été trouvés pour ne pas approuver cette manifestation. Finalement, l’itinéraire de notre marche a été modifié et on nous a accordé moins de temps. Elle devait débuter à 10 heures pour se terminer à 13 heures, mais doit maintenant prendre fin vers 12 h 30.»

L’inspecteur Jaylall Boojhawon invite tous les policiers et les membres de leur famille à venir à cette marche. Car l’objectif est d’améliorer la police et le bien-être de ses membres, soutient-il.