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Hervé Isabelle: le fil de la vie

1 décembre 2017, 00:00

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Hervé Isabelle: le fil de la vie

À 66 ans, Hervé Isabelle a connu une belle carrière comme tailleur. Avec le déclin, toutefois, de ce métier, il s’est trouvé une autre passion.

Accoudé à sa table, il observe. Aux aguets. Il scrute les alentours, en quête d’un éventuel client. Hervé Isabelle est tailleur. Mais pas seulement. L’homme est également un observateur. Du temps qui passe et des changements de la société. 

L’oeil vif, la moustache et les cheveux grisonnants, Hervé Isabelle, vêtu d’une chemise à rayures fines, est installé dans son atelier à Mangalkhan, le regard tourné sur l’extérieur. Le tailleur questionne ce qui se passe autour de lui. Il suit l’actualité. Il faut dire que le travail se fait rare ces temps-ci. Il n’y a rien sur la table et les morceaux de tissus sont rangés dans un coin. 

«C’est fini l’époque où avec la fin de l’année il y avait des commandes à n’en savoir que faire», lâche-t-il. Avant, «si vous n’aviez pas déjà apporté votre ouvrage à partir du mois de septembre, vous n’auriez pas de vêtements neufs à la fin de l’année. Les tailleurs refusaient le travail passé ce mois-là», raconte le monsieur de 66 ans, qui compte plus de 40 ans de métier. 

Boom du prêt-à-porter 

Les tailleurs ont beaucoup souffert avec le boom du prêt-à-porter à Maurice. Hervé Isabelle explique que cela a apporté de grands changements dans le style vestimentaire des Mauriciens. Ils n’ont plus la patience d’attendre et suivent la tendance. «Maintenant, on vient voir le tailleur pour un ourlet, une retouche, serrer un pantalon qui n’est pas assez slim», dit-il, résigné. 

L’homme a pourtant gagné ses galons auprès de références en la matière. De citer les maisons de couture Laurent, Etienne, Permal et Chetty. «Avant, il m’arrivait d’avoir quatre à cinq costumes dans une seule maison lorsqu’il y avait un mariage. Mais les gens ne se marient plus maintenant : on take away ou on se marie en essai», fait remarquer Hervé Isabelle, partageant une autre de ses observations sur les temps modernes. 

Et de revenir sur la période la plus glorieuse de sa carrière : le boom sucrier des années 1970-80. «Le sucre se vendait tellement bien que les débardeurs qui travaillaient dans le port pouvaient se permettre de changer jusqu’à cinq costumes par jour», avance Hervé Isabelle. Lui, pense que Maurice a connu ses plus riches années grâce au sucre et au tourisme. Et que, désormais, la vie est plus dure pour tout un chacun.