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Air Mauritius: la zone de turbulences s’étend au personnel navigant

5 décembre 2017, 20:30

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Air Mauritius: la zone de turbulences s’étend au personnel navigant

La crise chez Air Mauritius (MK) n’en finit pas de perdurer. Si le manque de pilotes a été décrié ces derniers temps, cette fois-ci c’est au tour du personnel navigant commercial (PNC) de souffrir d’un manque d’effectif. Selon nos recoupements, il nous revient qu’une centaine de vols au départ de Maurice, ces derniers jours, n’avaient pas suffisamment de personnel navigant pour assurer le service dans les cabines

Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette situation ? En fait, MK se retrouve avec beaucoup de poses de congés maladie de la part du personnel navigant. Et même le récent exercice de recrutement de PNC n’y fait rien pour pallier ce manque. 

Le 26 novembre, un vol d’Air Mauritius en direction de Cape Town, sur un Airbus A340, est parti avec seulement huit PNC au lieu de dix. Parmi les absents : le Senior Flight Purser et le Flight Purser, qui sont les deux membres responsables de la cabine. C’est un membre du personnel navigant plus bas dans la hiérarchie qui a pris le relais à bord. Du coup, on s’interroge sur la sécurité prévalant sur ce vol. D’autant plus que nos sources affirment que dans le cas d’une évacuation ou d’une urgence, il y a une chaîne de commandement pour mener l’opération en toute sécurité. 

«Ce vol est parti sans Senior Flight Purser pour la classe affaire et sans Flight Purser pour la classe économie. C’est le plus chevronné des PNC qui les a remplacés. Cela, sans que la personne n’ait reçu une formation spécifique.» Nos sources affirment qu’il faudrait un «audit sérieux» de la part de l’aviation civile pour en connaître les raisons. Le même jour, le vol MK 034 pour Paris, opéré par l’un des deux A350 flambant neufs, a décollé avec seulement neuf membres d’équipage au lieu de 11. Parmi ceux manquant à l’appel, le chef de cabine. 

Cette situation n’est guère au goût de la communauté des pilotes. «En tant que commandant, je serai très mal à l’aise de prendre en charge une équipe diminuée. J’envisagerai même de refuser d’opérer un vol où il n’y avait pas de Flight Purser ou Senior Flight Purser pour des raisons de sécurité», explique-t-on. 

Selon cette source, ce n’est pas normal de programmer un vol sans qu’il y ait à bord un membre du personnel de cabine «qui est dûment formé à prendre en charge un avion et diriger une évacuation d’urgence, par exemple.» Notre interlocuteur affirme que les conséquences pourraient être graves s’il y a urgence. 

Tous les PNC ne sont-ils pas formés de la même façon en ce qu’il s’agit de la sécurité ? «Oui, effectivement. Ils sont formés à faire une évacuation, mais il n’y a que les Flight Pursers ou les Senior Flight Pursers qui sont formés à coordonner et à diriger une telle opération. Les autres suivent les consignes donnés par le chef de cabine. C’est comme si on mettait deux copilotes dans le cockpit, sans le commandant.» 

L’express a essayé de contacter le département de l’aviation civile, mais en vain. «Il est vrai que, de temps en temps, on manque de PNC pour compléter l’équipe d’un point de vue commercial. C’est pour le service qu’on a besoin de 10 membres, pas pour la sécurité. Pour la sécurité, le nombre de PNC requis est équivalent au nombre de portes dans un appareil», explique-t-on du côté d’Air Mauritius. 

On affirme que sur un A340, ou sur les autres gros porteurs, le nombre de personnel navigant est de huit. «S’il n’y a pas de Senior Flight Purser ou de Flight Purser, c’est au plus ancien membre que revient cette fonction. Tous nos personnels ont été formés.» 

Concernant la sécurité, notre interlocuteur affirme que les procédés chez Air Mauritius sont régulièrement audités par le département de l’aviation civile et aussi par des instances internationales comme l’IATA Operational Safety Audit (IOSA). «L’aviation est un domaine hautement réglementé. Air Mauritius opère donc dans un cadre légal bien défini et ne fait jamais de compromis quant au respect de la loi et des règlements.»