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Damien Dittberner: montrer l’héritage naturel de notre île

9 décembre 2017, 18:38

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Damien Dittberner: montrer l’héritage naturel de notre île

Depuis trois ans, une très belle bande-annonce, signée Mystic Mauritius, et montrant la flore et la faune endémiques de l’île, avec pour seuls sons le tintement envoûtant du triangle et les battements de la ravanne, circule sur les réseaux sociaux. Il a fallu attendre Porlwi by Nature pour découvrir la version intégrale du film et ses réalisateurs, les frères Dittberner.

Ce film-documentaire de 85 minutes, projeté mercredi et samedi derniers en plein air au Caudan Waterfront, est une œuvre de Damien et Alexis Dittberner, 33 et 31 ans respectivement. Si Alexis Dittberner entreprend actuellement un road trip au Mexique, son frère aîné Damien est resté à Maurice et s’occupe de la distribution du film.

Damien et Alexis Dittberner sont Mauriciens par leur mère, Ghislaine, née Dalais. Leur père, Job Dittberner, est Américain. Damien Dittberner est né à Bruxelles, mais a grandi à Washington D.C. Ghislaine Dittberner a fait le choix d’exposer ses enfants à toutes sortes d’activités artistiques. Ainsi, à 12 ans, Damien suit un cours de Photoshop. Et vers 14 ans, il commence à réaliser de petites vidéos à l’école. Admis à l’université de Delaware, où il décide de faire un majeur double, soit en communication, où il est initié à l’art cinématographique, et l’autre en anglais et journalisme.

Voulant se perfectionner dans les métiers du cinéma, c’est à Prague qu’il s’installe et suit un cours en cinématographie auprès de la Prague Film School. «J’ai adoré l’étape Prague. Là-bas, je me suis inscrit à une multitude de cours liés au cinéma.»

Son diplôme obtenu, Damien Dittberner part pour New York, où il est retenu sur plusieurs films publicitaires en tant que Production and Camera Assistant. «C’était un environnement professionnel différent avec une centaine de personnes utilisant du matériel dernier cri, avec un protocole précis sur le tournage. C’est là que j’ai vraiment compris comment les choses fonctionnaient et même si l’expérience est différente de celle d’un film, la colonne vertébrale entre ces deux genres est la même.» Pendant trois ans et demi, il se met au rythme new-yorkais et travaille 12 heures par jour au minimum.

Au final, las de cette cadence, il décide de ralentir pour faire un road trip avec son frère Alexis. Après quoi, Damien Dittberner vient à Maurice, en vacances, croit-il. Il a la ferme intention d’en repartir. Or, les opportunités qui s’offrent à lui le font rester. Il réalise un court-métrage intitulé Boutik, qui relate les démêlés entre un jeune homme qui vit à l’étage d’une boutique et le propriétaire de l’établissement. Court-métrage qui est projeté lors du festival Ile-Courts en 2015.

Et puis lui vient l’idée de faire un film-documentaire sur la nature sauvage de Maurice. Damien Dittberner ignore d’où lui vient le nom de Mystic Mauritius pour cette production. Son frère et lui sont partants pour cette production sur la flore et la faune endémiques de l’île. D’autant qu’Alexis Dittberner a travaillé pour plusieurs organisations engagées dans la préservation d’animaux.

Talents en commun «Alexis, qui a pris pour signature Nomad, fait des photos, tourne des films et est aussi musicien. Nous avons décidé de mettre nos talents en commun.» Les deux réalisent la bande-annonce de Mystic Mauritius, qu’ils mettent sur YouTube. Sans qu’ils le sachent, des personnes postent la vidéo sur leur page et elle est visionnée par bon nombre de personnes. Mais personne n’arrive à savoir qui en sont les réalisateurs.

Faire un film coûte cher. Pour financer le tournage, ils obtiennent 50 % du financement par du crowdfunding et le reste sort de leurs poches et de celles de leurs proches. Les frères Dittberner prennent contact avec la Mauritian Willdlife Foundation pour mieux découvrir les espèces endémiques et avec le Natural Parks and Conservation Service pour accéder à des sites protégés comme le Coin de Mire et l’Ile Ronde.

Le tournage est aussi une découverte pour eux. «À mesure que nous avancions, nous sommes entrés dans un trip endémique et nous nous sommes familiarisés avec la flore et à la faune dont certaines espèces sont en voie d’extinction. Nous avons fait pas mal de recherches et avons beaucoup appris au contact d’experts en conservation, comme le Dr Nik Cole. C’est devenu un film-documentaire à forte base scientifique et où nous montrons la beauté de lieux et d’espèces protégées et menacées.»

Si les deux frères tournent chacun des séquences, Alexis Dittberner le fait davantage que Damien. On doit au premier nommé les images sous-marines, les time-lapses et la musique. Ils empruntent aussi quelques images de requins du plongeur et photographe Gérald Rambert.

Damien Dittberner s’est occupé du montage du film. Le boucler leur a pris trois ans. Vu ses coûts, ni lui, ni son frère n’ont pu en tirer un salaire. «Ce tournage n’a pas toujours été facile car nous n’étions que deux et vous vous retrouvez à porter beaucoup de chapeaux.»

Chantal Monpoullan, une Mauricienne, amie de leur mère et vivant à Washington DC, a prêté sa voix aux versions anglaise et française du film. Tandis que pour la version créole, c’est Anouchka Massoudy que l’on entend. «Traduire en créole un script qui est dans un anglais descriptif et qui comprend des termes scientifiques n’a pas été de tout repos. Mais des personnes nous ont aidés à revoir le créole, y compris Yohann Lim Fat, qui a fait le sound mix et qui s’est chargé des effets sonores.»

Les frères Dittberner ont pu compter sur une contribution du groupe CIEL. Il n’y avait pas meilleur endroit pour projeter Mystic Mauritius qu’à Porlwi by Nature. Damien Dittberner déclare avoir eu de bons retours à propos du film dont la bande-annonce a été officiellement mise sur leur page Facebook, il y a deux semaines.