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Travailleurs bangladais: une exploitation pas près de s’arrêter
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Travailleurs bangladais: une exploitation pas près de s’arrêter
Ils travaillent de 5 à 21 heures. C’est le quotidien des étrangers venus s’offrir de meilleures conditions de vie. Or, ce n’est pas forcément le cas, d’autant qu’ils sont loin de leur famille. En marge de la Journée des droits de l’homme célébrée ce dimanche 10 décembre, l’on se rend compte que leur situation n’est pas près de s’améliorer. Au contraire, elle empire. Voici l’histoire de deux Bangladais que nous avons rencontrés dans le Nord.
Ces deux ouvriers sont employés comme hommes à tout faire sur un chantier de construction. Ils sont tous les deux passés par le même agent recruteur. Et une fois à Maurice, ils se retrouvent à vivre dans une maison de cinq chambres, avec… 45 compatriotes.
Selon les Bangladais, leur agent leur a fait croire qu’ils toucheraient en moyenne Rs 25 000 à Maurice. La réalité ? Ils ne gagnent que Rs 10 000 par mois. Alors que, dans leur pays d’origine, ils gagnaient Rs 500 par jour pour le même travail.
L’un d’eux, 28 ans, indique que l’agent leur a dit qu’il connaissait un haut cadre du ministère du Travail mauricien, qui s’occupe des permis. «Il a rencontré mon père et lui a fait croire qu’on trouve du travail facilement à Maurice et que je pourrais me faire plein d’argent. J’ai déboursé plus de Rs 150 000 pour les frais.»
L’étranger est arrivé à Maurice il y a trois mois. Il est en congé maladie car il vient de se faire opérer. Le jeune homme a laissé sa femme aux côtés de ses parents pour venir travailler ici. Il leur envoie ses salaires chaque mois et les appelle tous les jours. Même s’il déplore les conditions de vie, il dit se réjouir du fait que les services de santé soient gratuits.
L’autre étranger, 31 ans, confie, lui, qu’il a manqué la naissance de son troisième enfant. «Elle a cinq jours. Mon épouse m’a envoyé des photos d’elle. Regardez comme elle est belle. On parle avec nos familles au téléphone mais ce n’est pas pareil. Nous voulons être à leurs côtés lors des anniversaires. Nos enfants grandissent et nous ne sommes même pas là pour les voir.»
Les étrangers soulignent que c’est avec le cœur serré qu’ils se rendent au travail. Leur quotidien se résume à se réveiller vers 3 h 30 pour être prêts vers 5 heures. Ils se rendent alors au boulot pour en sortir vers 21 heures.
Même s’ils ne travaillent pas lors des jours fériés et les dimanches, on leur aurait interdit d’aller se promener. «Il faut rester à la maison. Nous n’avons pas le droit de sortir.» Outre leur travail normal, ils ont aussi des heures supplémentaires.
«J’envoie Rs 10 000 à ma famille. J’économise l’argent reçu comme over-time pour le mois. Ici, la nourriture coûte cher. Un cuisinier prépare notre nourriture, il choisit lui-même le menu.»
Par ailleurs, ils ne peuvent voyager car leurs passeports, selon eux, sont conservés par des officiers du Passport and Immigration Office. Leurs contrats sont renouvelables tous les deux ans.
Se faisant passer pour un «contracteur» qui cherche 15 travailleurs étrangers, nous avons contacté leur agent recruteur. Ce dernier, également un Bangladais, a confirmé les propos des deux hommes.
L’agent nous a expliqué qu’il pouvait s’occuper des démarches rapidement au ministère. Il a avancé qu’il a des «contacts» pour que ses clients reçoivent leur permis de travail facilement. D’ajouter qu’on obtiendra Rs 35 000 pour le recrutement des étrangers et qu’il doit «payer Rs 300 000 au ministère pour les 15 personnes».
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