Publicité

Tania Diolle: «Je ne suis pas une pleureuse»

10 décembre 2017, 15:10

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Tania Diolle: «Je ne suis pas une pleureuse»

Quand Navin Ramgoolam vous fait du pied, êtes-vous flattée ou incommodée ?

Je suis intriguée. Je me dis qu’il doit certainement y avoir une stratégie derrière. Laquelle, je ne sais pas et j’ai autre chose à penser.

Vous êtes, dit-il, «une candidate qui parle d’avenir». Le vôtre est-il avec lui ? 

(Ironique) Oui, bien sûr. On lit aussi sur les réseaux sociaux que le Parti travailliste finance le Mouvement patriotique… pfff… franchement. Mon avenir est au MP, point.

Ou chez Kleenex. Vous avez passé la campagne à pleurnicher…

(Elle tique) Pleurnicher !? Trente-six banderoles sur quarante arrachées, mon compte Facebook piraté, les intimidations, les ragots infâmes…  Et il faudrait que je me taise ? Ce serait quand même un comble : j’ai travaillé des années auprès de l’Union africaine pour dénoncer justement ces pratiques !

Certains vous diront que tout cela est de bonne guerre, que c’est anodin. Je ne suis pas d’accord : ces pratiques sont malsaines parce qu’elles corrompent le processus électoral. Après, si les dénoncer fait de moi une pleurnicheuse…

Vous êtes vexée ?

Non… (Elle réfléchit) Je ne suis pas une pleureuse, je refuse d’accepter l’inacceptable, c’est tout. Je ne me suis pas engagée en politique pour me faire insulter, moi ou ma famille. Salir mes parents, c’est interdit.

Le post de Joanna Bérenger ?

Entre autres. J’ai eu le malheur de parler de dynasties politiques, elle s’est sentie visée. C’est son problème, pas le mien. Oui, je dénonce les clans familiaux. C’est un combat, pas un coup bas. Et je ne jalouse pas, pour reprendre ses mots, «ceux qui ont la chance d’avoir un papa».

Il se trouve je n’ai pas connu que le mien, mais bon, n’en faisons pas des tonnes non plus. Les moqueries sur mon histoire familiale, c’est depuis l’école primaire, je suis vaccinée. Ce qui m’a scotchée, c’est de descendre aussi bas dans l’indignité. Il faut être politiquement vide pour balancer un argument pareil. Et ça continue avec ma mère…

C’est-à-dire ?

Je viens d’apprendre qu’elle a eu pour amant une personnalité politique bien connue, et que je suis leur fille. C’est fou, hein ? On en apprend tous les jours sur les forums  publics... Le pire, c’est que ceux qui colportent ces saletés connaissent mon histoire. Ils savent que j’ai démissionné de la municipalité de Quatre-Bornes (NdlR, où elle était conseillère MMM jusqu’en 2014) pour m’occuper de ma mère malade. C’est juste infect…

Vous semblez découvrir qu’une campagne peut être sale…

C’est plus que sale, c’est à vomir. Il y a tout ce que vous ne savez pas, dont je n’ai encore jamais parlé publiquement. Ma vie de couple, par exemple, le MMM a essayé de la détruire.

«Je ne me suis pas engagée en politique pour me faire insulter, moi ou ma famille.»

Il se trouve que mon fiancé vient d’une famille militante. Pendant des semaines, ils l’ont harcelé au téléphone pour qu’il me dissuade d’être candidate. Quand ils ont vu que ça ne marchait pas, ils ont fait courir des rumeurs comme quoi j’aurais plusieurs liaisons avec des membres du MP. Mon fiancé en a bavé…

Même pendant l’enterrement de son oncle, ils sont venus lui mettre la pression. Ces gens-là n’ont pas de limites.

Qui sont ces «ils» ?

Des agents, des sympathisants. Les bassesses ne sont pas tant le fait du leader mais de ses suiveurs. La preuve, Joanna va beaucoup plus loin que son père.

Vous regrettez cette candidature ?

Non.

Si c’était à refaire, vous le referiez ?

Oui. Parce que la campagne, la vraie, auprès des électeurs, j’aime ça. Faire du porte-à-porte, par exemple, est un réel plaisir. J’aime cet échange, ce partage avec les habitants. Je les sens réceptifs. Ça me donne de la force et de l’envie.

«La campagne est plus que sale ; c’est à vomir.»

Pourquoi suscitez-vous autant l’animosité de vos adversaires ?

D’abord, je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Le candidat du Parti travailliste ne fait pas dans la calomnie, celui du PMSD non plus. Le MMM et le Reform Party, c’est une autre histoire…

Leur problème, c’est que nos courbes se croisent : ils sont en perte de vitesse alors que je progresse. Je crois aussi qu’une campagne est un moment où les fragilités d’un parti sont mises en avant. Celles du MMM, c’est qu’ils n’ont plus aucune idée sur rien, et ça se voit. Donc, le projet, c’est d’attaquer, de dénigrer, de salir. C’est de la politique sans cervelle. Ce que je combats.

Et vous, les coups bas, jamais ?

Vous pouvez chercher, vous ne trouverez rien. Je me suis lancée dans cette campagne pour démontrer que la politique peut être un combat d’idées et de projets, et non d’attaques personnelles.

«Je veux prouver qu’une «débutante» peut jouer la gagne dans une élection et sans descendre dans la bassesse.»

Un vœu manifestement pieu puisque vous répondez aux attaques par des attaques.

Je n’attaque pas les personnes, j’attaque les idées. À un moment, c’est vrai, j’aurais pu disjoncter. J’étais très en colère. La présence d’Alan Ganoo m’a fait un bien fou. Il m’a dit : «Écoute Tania, leur but est de ralentir ta campagne en t’éloignant du terrain, à toi de ne pas tomber dans le piège.» Il a tout vu avant moi. C’est ma première élection, j’apprends.

N’empêche que vous avez fait quelques allers-retours aux Casernes centrales…

Je n’irai plus, c’est décidé. Ils peuvent balancer leurs insanités, éventrer nos banderoles à coup de sabre, je n’ai plus de temps à perdre, j’ai une élection à gagner.

Et si vous n’étiez pas faite pour ça ?

Pour la victoire ?

Pour la politique tout court ?

Je ne me pose même pas la question. Les coups, aujourd’hui, ne me font plus mal. J’ai appris à les encaisser. Je veux prouver qu’une «débutante» peut jouer la gagne dans une élection et sans descendre dans la bassesse.

Les bookies parient sur une troisième place…

Il me reste une semaine pour les faire mentir.

Combien de fois avez-vous menti ici ?

Je laisse le mensonge à ceux qui le maîtrisent… et qui en ont tant besoin.