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Le Morne Brabant: un guide lynché sur la Toile

15 décembre 2017, 00:00

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Le Morne Brabant: un guide lynché sur la Toile

«Pé vinn rod kas fasil isi», «So lamé so lipié bon… al rod enn travay», «Al kouyonn to mama»... Il y a quelques jours, Christopher Kerja Corneille a été la cible de nombreux commentaires acides et d’insultes sur la Toile. C’est une vidéo postée lundi sur Facebook par un visiteur au Morne Brabant, qui l’a pris pour un escroc, qui a enflammé les internautes. Pourtant, le jeune homme un guide dûment enregistré auprès du Morne Heritage Trust Fund  figure sur la liste des quatre guides officiels pour la visite de la montagne inscrite au patrimoine officiel de l’Unesco. 

Dans la vidéo, le visiteur, mécontent qu’un autre guide leur ait expliqué qu’une partie de la montagne n’est pas accessible sans guide, a fait appel à la police et enregistré l’échange qui s’en est suivi. Lors de celui-ci, des policiers accordent la permission à un groupe de personnes de continuer l’escalade de la montagne à leurs risques et périls, alors qu’un homme portant dreadlocks et chapeau indique que l’escalade ne se fait pas ainsi. Ayant suscité de fortes réactions, la vidéo a ensuite été retirée. 

«Cette vidéo a porté un coup à mon image. Il y a eu de nombreuses insultes, pour certaines racistes», affirme Christopher Kerja Corneille. «Je travaille ici en toute légalité, je suis un guide formé au secourisme, j’ai reçu une formation du GIPM. Pourtant, parce que je suis un rasta on m’a traité comme un ‘fraudeur’, sans écouter mes explications», continue le jeune homme, qui est aussi un artiste et travailleur social connu dans la région. En effet, ce musicien est l’initiateur de l’école de voile pour les enfants de la région de La  Gaulette, Ti Regate.

«Je travaille ici en toute légalité, je suis un guide formé au secourisme, j’ai reçu une formation du GIPM. Parce que je suis un rasta on m’a traité comme un ‘fraudeur’.»

Christopher Kerja Corneille est d’avis qu’il a été victime de discrimination et délit de faciès : «Les policiers ont dit aux personnes qui contestaient que j’étais un «traser». Même ma cliente, qui n’est pas Mauricienne, a été traitée comme telle car elle était noire», s’indigne-t-il. 

Contacté, Kevin, le visiteur qui a posté la vidéo, explique qu’il pensait avoir affaire à un guide marron. «Ces histoires de guides marrons sont récurrentes. Une fois arrivé au niveau du gate on entendait dire autour que le guide allait nous coûter Rs 1 000. Lorsqu’une personne qui gardait la porte nous a dit qu’on ne pouvait continuer sans guide, j’étais révolté», confie-t-il. Il était pourtant persuadé d’alerter l’opinion publique en postant cette vidéo. Sans savoir qu’il avait affaire à un vrai guide, dont l’image a été ternie. 

Christopher Kerja Corneille se dit être désormais un peu inquiet d’aborder les touristes et locaux à cause de l’ampleur qu’a prise cette vidéo. Lui, comme Kevin, souhaitent qu’il y ait des consignes claires quant à cette partie de la montagne gardée par une porte.