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Centrale thermique de Terragen: la paille de canne riche en énergie
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Centrale thermique de Terragen: la paille de canne riche en énergie
L’objectif: réduire la dépendance aux énergies fossiles. La centrale thermique de Terragen, située non loin de l’usine Terra, à Mapou, mise sur la production d’électricité à travers la paille de canne. Un investissement de taille : Rs 90 millions, planifiées entre 2014 et 2018. L’express est allé sur place pour savoir comment ça marche.
Ici, l’odeur du sucre se mélange à celle de la mélasse. Les normes de sécurité à respecter sont strictes : le port du casque est obligatoire à l’intérieur de la centrale. Au rez-de-chaussée se trouvent les bureaux. Plus haut, le centre névralgique de la centrale et des techniciens attentifs veillent à chaque étape du processing.
L’avenir de l’électricité se trouve dans la paille de canne. C’est la conviction d’Ariane Prince, chef du projet biomasse, et de Jean-Michel Gérard, directeur de cette centrale thermique. Ils croient tous deux à la nécessité de la transition énergétique pour réduire les émissions de gaz carbonique. La transition écologique est en marche depuis 2016 avec la production industrielle d’électricité.
* En 2017, sur les 10 000 tonnes de paille de canne récoltées puis broyées et transformées dans les chaudières, ce sont quelque 10 GWh (Gigawatt-heure) d’électricité qui ont été produits. Une partie de cette électricité est revendue au Central Electricity Board et celle restante alimente l’usine.
Dans cet univers de machine et de technologie, Ariane Prince souligne que la valorisation de la paille de canne est une solution d’avenir pour le pays. Sur 30 000 hectares de canne, on génère 120 GWh d’électricité. De ce fait, l’on économise 70 000 tonnes de charbon au coût global de 5,6 millions de dollars liés à l’importation du charbon, dit-elle.
Mieux, on pérennise sur la filière cannière en aidant aussi les petits planteurs qui sont rémunérés pour leur paille de canne. Un moyen efficace d’agir aujourd’hui pour sauver la planète, demain.
Terragen, fruit d’une joint-venture entre la société sucrière locale Terra et la société française Albioma, est la première centrale thermique du bassin océan Indien à miser sur la paille de canne. «Nous voulons diminuer l’impact du charbon en misant sur un combustible de remplacement. Ce projet vient s’ajouter aux efforts d’optimisation des consommations de vapeur et d’électricité pour alimenter la sucrerie en énergie, ce qui permet de produire davantage d’énergie sur le réseau», explique Jean-Michel Gérard.
L’idée de miser sur un combustible non polluant fait son petit bonhomme de chemin depuis 2012. Grâce au savoir-faire d’Albioma, des tests sont menés pour trouver ce combustible de remplacement au charbon.
Le choix s’est arrêté sur la paille de canne qui présente deux avantages : la quantité disponible et le fort pouvoir calorifique de cette matière première lorsqu’elle est convenablement séchée. Ainsi une tonne de paille = 1 000 KWh (Kilowattheure) d’électricité. Mieux, deux tonnes de paille remplacent une tonne de charbon. Et la paille ne vient pas concurrencer la canne à sucre qui donne toujours du sucre, de l’énergie, de l’éthanol et du rhum.
Cette opération de transformation de la paille de canne coûte très cher et requiert un savoir-faire spécifique avec des technologies novatrices. Une quinzaine de personnes, incluant des opérateurs, une ingénieure agronome et un responsable technique, sont à l’oeuvre. Pour que le projet continue à se développer, il est nécessaire qu’un cadre réglementaire fixe le prix d’achat du KWh produit à la paille.
Direction les champs de canne de Terra. Terra qui est fière de ses 5 000 hectares cultivés, où 50 % de la récolte de la paille de canne disponible est moissonnée. Les 50 % restants servent à fertiliser le sol. Pour ramasser la paille et la transformer en ballot de 500 kilos, d’immenses machines industrielles, les balers, s’en chargent.
Le superviseur des opérations gère son équipe sous la houlette d’Ariane Prince. «C’est elle qui me dit où récolter », dit cet employé qui compte 27 années de service. La chef du projet biomasse, diplômée de l’École d’agronomie de Montpellier, veille au bon fonctionnement des machines, décide des stratégies pour récolter plus vite.
À la centrale, on longe l’immense hangar de bagasse pour rejoindre l’équipe technique chargée du processing des feuilles de canne, étape clé de la transformation de la paille en énergie. Une dizaine d’opérateurs sont à l’oeuvre, chapeautés par Charles Vaulbert de Chantilly, responsable technique.
À raison de 15 tonnes de pailles broyées par heure, ces ballots sont broyés avant d’être mélangés à de la bagasse. C’est ce mélange qui va échouer dans les chaudières pour être transformé en électricité.
Ces machines sont sous la supervision d’une équipe de trois techniciens installés dans une sorte de grande régie. Ce centre névralgique qui veille à la maintenance des machines et à leur bon fonctionnement est le poumon de la centrale.
Jeff Bamboche et ses deux collègues, Ameet Jutton et Avinash Hurry, veillent au grain ou à la paille ! «On essaye de minimiser les risques de panne sur la chaîne de production», indique Jeff Bamboche.
* «La société Terragen souhaite préciser que le chiffre de 10,000 tonnes de paille pour une production de 10 GWh est l'objectif de Terragen pour la campagne 2017. Celle-ci n'étant pas achevée, Terragen ne peut pas pour le moment se prononcer sur la quantité de paille récoltée. Nous l'annoncerons dès que la campagne sera achevée.»
Le saviezvous ?
<p>En 2050, la population mondiale atteindra les 9 milliards d’habitants. Elle sera de plus en plus confrontée au défi de trouver des énergies renouvelables et aussi cesser d’épuiser les ressources naturelles plus que limitées.</p>
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