Lunettes bleues branchées à mort, vissées sur la tête, air nonchalant, savates aux pieds, T-shirt moulant. Thierry Amery, 29 ans, donne l’impression d’être tombé du lit. C’est que le prof d’art visuel est en vacances. Ou presque. Car les commandes affluent en cette période où l’on offre des cadeaux à ceux que l’on aime. Son crayon aiguisé de portraitiste, caricaturiste, cravache dur. Portrait-robot. 

Son visage n’est pas très expressif. Contrairement à ses doigts. Thierry aime dessiner depuis qu’il est en couches. Après l’école, il décide de se jeter à l’eau, à l’huile, dans la peinture. «Je me suis lancé en 2009. J’ai commencé à exposer au Caudan.» Plus tard, avec un copain, il élargit ses horizons, explore d’autres canevas, tourne d’autres pages blanches, il y met de la couleur. 

Mais, comme la plupart des artistes, il fait grise mine. «Je ne peux pas vivre de mon art uniquement.» Raison pour laquelle il est prof à plein-temps, animateur radio à temps partiel. À côté, il refait le portrait des gens. Sa spécialité : le crayonnage. Est-il tombé sur une mine d’or ? «Disons que c’est plus accessible côté prix.» Combien ? Le portraitiste refuse de nous faire un dessin. 

Les journées de Thierry démarrent à 6 heures quand il y a école. Il broie du noir dans les embouteillages avant de reprendre des couleurs quand il est avec ses élèves. Des petits de 8-9 ans mais aussi des ados, artistes en herbe pour certains. Le reste de son temps bien rempli, il essaie de le passer avec la famille, les copains, la copine. Le dur labeur lui en a fait voir de toutes les couleurs pendant plusieurs années. Aujourd’hui, «j’essaie de me poser un peu, de respirer». 

A-t-il déjà esquissé des plans pour l’avenir ? Non. Il n’est pas du genre à se prendre la tête. «Je vis au jour le jour, j’en profite. À chaque jour suffit sa peine, je me concentre sur le moment.» 

Après tout, demain est une nouvelle toile.