Il n’a que deux bras, fait 10 000 choses à la fois. Ce receveur d’autobus est également coiffeur, maquilleur, poseur de mehendi. Accessoirement, il fabrique des objets avec des coquillages. Yashine Allam, 31 ans, est de ceux qui font «zis tou». Salut l’artiste.

Dans sa maison sans prétention, sise à Vallée-Pitot, les va-et-vient sont incessants. Petits, grands, moyens enfants, bébé, maman, soeur, etc. C’est que la famille, pour lui, c’est sacré. «Nou tou viv ansam. Mwa ek mo Madam, nou éna trwa zanfan.» Qui sont âgés de 3,4 et 8 ans. Pour joindre les deux bouts, Yashine trace, il fait des pieds et des mains pour réussir.

Ses journées démarrent alors que le coq dort encore. Il raccroche son uniforme de receveur vers les 12 h 30. «Lerla mo fer mo bann ti travay apar…» Pour maquiller, coiffer les dames, il sillonne le pays. Pour poser le mehendi aussi. «Maryaz, laniverser, fet tou mo fer, kat kwin péi mo alé.»

Cette passion, elle est née comme ça, en voyant les dessins au henné sur les mains des autres. Alors il a eu l’idée de s’y mettre. En essayant ses designs sur ses mains, puis sur celles des proches. Depuis, pas la peine de vous faire un dessin, le succès est au rendez-vous. «Mo kapav gagn enn Rs 15-20 000 par mwa ek poz mehendi, kwafé, makiyé tousala.»

Quand il ne dessine pas sur des doigts, des bras, des chevilles, il peint sur les murs de l’école primaire où vont ses enfants. Titi, Simba, Tom, Jerry et autres «ti komik» n’ont pas de secret pour son pinceau aiguisé. «Mo ti trouv miray lekol malprop, monn anvi fer zoli-zoli pou bann zanfan-la. Pann pran kas sa.»

Ses projets pour l’avenir ? The Artist aurait bien voulu ouvrir son propre salon. «Mé monn séyé, bann dimounn pa tro kontan déplasé vinn ziska Porlwi, zot préfer kan mo al get zot a domisil.» Il ne baissera pas les bras pour autant, n’exclut pas de faire une autre tentative.

Après tout, il a l’art et la manière de réaliser les projets qu’il entreprend.