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Port-Louis: elle fait la manche avec son fils en bas âge pour se payer sa «dose»
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Port-Louis: elle fait la manche avec son fils en bas âge pour se payer sa «dose»
Dans les rues de la capitale comme ailleurs, ils sont nombreux ceux et celles qui accostent les passants ou les automobilistes pour demander «enn ti kas». D’autres, en revanche, utilisent l’argent qu’ils ont reçu pour «kas enn yen». À l’instar de Stéphanie, que nous avons suivie à la trace…
Pour se payer sa dose, elle utilise plusieurs «ruses», histoire de jouer la carte des sentiments. Pendant le week-end et durant les vacances, c’est son fils, âgé de trois-quatre ans qui lui sert «d’appât», confirment des témoins.
Pourtant en cette période festive, les hommes en bleu sont partout et c’est sous leurs yeux qu’elle agit. Eux aussi, sans doute, sont pris de pitié par cette jeune maman et son enfant.
C’est dans le chemin qui mène à la gare Victoria qu’on la voit le plus souvent. Nous l’accostons. Elle se confie. Son mari, un Français d’origine, selon ses dires, mendie, quant à lui, à quelques pas du Port-Louis Harbour Front. Elle avoue. Tous deux ont plongé dans l’univers de la drogue depuis quelques années. Et font la manche pour se shooter…
À la voir ainsi, cheveux teints, vêtements décents, elle ressemble à une jeune femme on ne peut plus ordinaire. Âgée d’une vingtaine d’années, Stéphanie s’exprime dans un français impeccable. Au lieu de chercher un travail en centre d’appels, par exemple, elle préfère errer dans les rues, parfois avec son enfant… Pourquoi ? A-t-elle déjà essayé de trouver un boulot ?
«Je suis asthmatique et malade et j’ai besoin de ces pilules. Je vis dans des conditions déplorables et je suis sans le sou. Aidez-moi.»
«Oui, mais je ne peux pas, je suis malade regardez…» Dans sa main, une feuille de papier, qu’elle brandit comme une pancarte. Une prescription médicale pour des médicaments à acheter plus précisément. Son excuse ? «Je suis asthmatique et malade et j’ai besoin de ces pilules. Je vis dans des conditions déplorables et je suis sans le sou. Aidez-moi.»
Le certificat en question, tamponné, a l’air fiable de prime abord. Les dates, ont semble-t-il, été manipulées. Le «6» est devenu un «8», le «1» s’est métamorphosé en «2». Pourtant, c’est grâce à ce document que des généreux donateurs se décident à ouvrir le porte-monnaie.
Gagner de l’argent ainsi, sans doute est-ce plus facile, moins fastidieux, lâchent les commerçants qui nous ont alertés sur le petit manège de Stéphanie. La jeune femme vit, en fait, dans une maison abandonnée, avec son mari et son fils. Elle assure qu’elle a essayé de se sortir de l’enfer de la drogue, surtout à la naissance de son enfant. En vain. «Je n’y suis pas arrivée. J’ai déjà, effectivement, suivi une formation dans un centre d’appels, mais c’était trop compliqué. Je vous jure, je suis malade…»
«S’il vous plaît, mon enfant a faim, aidez-moi pour qu’il ait de quoi manger.»
Quelques semaines plus tard, nous l’apercevons de nouveau, cette fois accompagnée de son fils. Elle ne se souvient pas du fait qu’elle nous a parlé. Cette fois, c’est le prétexte qui a changé… «S’il vous plaît, mon enfant a faim, aidez-moi pour qu’il ait de quoi manger.» La veille, pour attirer l’attention, c’est devant les guichets automatiques de la MCB, à la rue Edith Cavell, qu’elle avait décidé de curer, à l’aide d’une allumette, les oreilles du petit qui hurlait tant cela lui faisait mal, affirment des témoins…
Une fois sa tournée faite, et suffisamment de sous récoltés, direction la gare du Nord pour grimper à bord d’un taxi marron. Toujours en compagnie de son fils, qui s’appellerait Mathis...
Au chauffeur du taxi, elle demandera de la déposer au «rond-point soufler, à Roche-Bois». Selon lui, ainsi que d’autres passagers, c’est à cet endroit que Stéphanie et son mari «pou al asté zot ladrog». D’autres chauffeurs de taxi confirment ces informations.
Combien environ parvient-elle à se faire par jour ? Entre Rs 400 et Rs 500 lâchent ceux qui l’observent depuis plusieurs mois…
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