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Pauvreté: «Le Nouvel an sera un jour comme un autre» pour une famille de 22 personnes
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Pauvreté: «Le Nouvel an sera un jour comme un autre» pour une famille de 22 personnes
Chez les Lamothe, à Vuillemin, le Nouvel An ne rimera pas avec festivités. Chez eux, ce sera un jour sans particularité. Au programme, pas de repas gourmands, ni de pétards. La seule préoccupation de Doris Lamothe, la cheffe de famille, est de trouver un moyen d’affronter la nouvelle année et de nourrir 22 bouches sous son toit constitué de quelques pièces en tôle, à Vuillemin...
Alors que certains s’affairent à mettre les petits plats dans les grands et à peaufiner leur menu pour les repas de fêtes pour terminer l’année en beauté, d’autres n’ont pas cette chance. Ils prévoient de passer ce jour, comme n’importe quel autre de l’année.
«Ala kouma nou viv dan sirkonskripsion prémié minis, dan niméro 8», nous lâche Doris Lamothe. C’est ainsi qu’elle nous accueille, en nous balançant sa réalité et sa misère à la figure. La femme de 48 ans a un franc-parler qu’elle n’édulcore pas. «Nous vivons à 22 personnes ici. J’ai neuf enfants et neuf petits-enfants.» Ses enfants, eux, sont âgés entre 32 et 13 ans.
Ici, c’est une construction mixte, où tôle et bêton se mélangent maladroitement, presque au hasard. À partir de la route, à quelques pas des services de foresterie de Vuilllemin, nous apercevons une devanture constituée de fenêtres vitrées qui ne cadrent pas avec celles en bois et les feuilles de tôles accolées entre elles constituant la maison. «Ces fenêtres, nous les avons reçues de volontaires qui étaient eux-mêmes venus les installer ici. Nous n’avons pas de quoi acheter ces choses-là», confie la matriarche qui, par un mouvement de main, nous invite à l’intérieur.
La construction en tôle s’avère être un véritable labyrinthe, au sol inégal, avec juste un peu de béton posé sur la pierre. Des bouts de «karpet» en tout genre et couleurs recouvrent le sol afin de permettre à la famille d’avoir un semblant de confort. Les meubles sont presque inexistants, souvent constitués de bouts de bois récupérés ou encore de «kat blok» sur lesquels ils ont étalé de quoi faire un lit.
Une unique pension de Rs 2 000
Doris Lamothe raconte qu’elle vit sur ce bout de terrain de l’État depuis une vingtaine d’années environ. L’unique pièce qu’elle avait a fait place à trois autres pièces, au fur et à mesure que ses enfants ont grandi. «Mo ti travay labourer, dan karo. Kot gagn karo pou netwayé, ki li Pamplemousses, Rose-Belle, Nouvelle-Découverte mo ti pé alé», affirme notre interlocutrice.
Depuis quatre ans environ, elle n’arrive plus à travailler et, par ricochet, à subvenir aux besoins des siens, dont la cadette a 13 ans. «Monn al gagn diabet ek tansion. Mo lizié inn népli trouv bien mem. Péna kas pou fer linet», confie celle qui dit ne dépendre que d’une allocation mensuelle de Rs 3 300. «Mo éna enn tifi so misié inn kit li ek li gagn Rs 2 000. Ler met sa ansam nou trasé pou nou gagn viv.»
Bianca Pierre Louis, 27 ans, est la fille de Doris Lamothe qui touche une aide sociale de Rs 2 000. Mère de deux enfants de 7 et 3 ans, elle vit dans un couloir du toit maternel. «Zot papa pa vinn get zot ditou. Mo éna zis samem pou viv avek zot.»
Elle confie également avoir perdu son emploi. «Je travaillais comme maçon sur un chantier mais on m’a demandé de ne plus venir», lâche, désemparée, cette maman qui n’a pu offrir de cadeau à son aîné qui, pourtant, est né le jour de Noël. «Li ti pé diman mwa : ‘Ma, ki to pou donn mwa zordi ?’ Mé nanyé pann éna pou donn li. Li pou rant lékol avec so sak ki dépi li’nn rant dan First li’nn gagné», fait ressortir Bianca Pierre Louis.
L’avenir est difficile
Pour elle, l’avenir est difficile à envisager. Le sien, comme celui de ses enfants. Pourtant, celle qui a dû arrêter l’école à 8 ans pour travailler dans les champs, comme sa mère pour survivre, veut que son fils puisse aller à l’école.
Comment la famille compte-t-elle célébrer le Nouvel An ? Comme Bianca, Doris a déjà zappé les fêtes de fin d’année et se demande comment elle va se débrouiller pour affronter la nouvelle année. «Kouma ou trouv nou été la, ki lané nou pou fer?» rétorque Doris Lamothe. Sa réalité est tout autre et elle ne le cache pas. «Tous les jours, j’ai tellement de bouches à nourrir que je m’oublie moi-même quelques fois. Le Nouvel An sera un jour comme un autre.»
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