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Résidence Barkly: le trafic de drogue se fait à la vue et au su de tous
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Résidence Barkly: le trafic de drogue se fait à la vue et au su de tous
«Kot ou gété éna marsan lamor isi.» Des habitants de Résidence Barkly tirent la sonnette d’alarme sur la prolifération de la drogue dans ce faubourg de Beau-Bassin, surtout après qu’un jeune a rendu l’âme suivant une overdose. Les vendeurs d’héroïne dans cette région ont presque le même âge et sont eux-mêmes sous l’emprise de ce fléau. Nous avons voulu en avoir le coeur net, accompagné d’un ancien toxicomane, âgé d’une vingtaine d’années.
Il est presque 11 heures, le soleil est timide à Résidence Barkly. Mais pas ces «jockeys», de jeunes revendeurs de drogue. Nous avons pu constater qu’ils sont presque 200, postés dans plusieurs coins de ce quartier, sous des arbres, abribus, dans les croisées, devant les boutiques, à s’adonner à ce trafic. La présence d’un poste de police dans la région ne les gêne guère.
Notre guide a lui-même goûté à l’héroïne, il y a trois ans, avec des amis. Ce n’est qu’il y a quelques mois, après une série de traitements, qu’il a finalement pu y renoncer définitivement.
Mais ses «contacts» se souviennent de lui et l’approchent dès que nous arrivons dans la Résidence. Sous un badamier, des liasses de billets en main, l’un d’eux, qui n’a pas plus de 17 ans, lui lance : «Ki to vinn pran, man ? Enn démikar savon ? Lapoud ou ros ?» Notre accompagnateur avance qu’il est là pour se procurer des pouliahs de gandia. «Mayé la, péna sa ek mwa», réplique l’autre.
L’ancien toxicomane indique que des termes particuliers sont utilisés pour décrire les différents types d’héroïne. Ainsi le «savon» doit d’abord être dilué dans de l’eau. «Lerla met enn filtr sigar ek to riss li ek séring, poursuit-il. Si zot pa met sa filtr-la zot kapav mor avek kontak lapousier ki rentr ladan.» En poudre ou en «ross», la drogue se consomme autrement. «To fim-li. Kan li vinn kouler karamel, to ris lafimé. Appel sa monté désan.»
Une dose de d’héroïne coûte Rs 200. Pour un gramme, il faut débourser entre Rs 6 000 et Rs 8 000.
Les jockeys reçoivent la drogue dans un rouleau, qu’ils appellent «note». La substance y est divisée en 18 à 20 parts pour avoir des doses d’un demi-quart de dose notamment. «Éna bouku koupaz ki banla mété», souligne notre interlocuteur. À titre d’exemple, certains y ajouteraient de la méthamphétamine qui entraîne l’overdose. «Enn dimoun kapav fim 4 démikar par zour. Si to piké, avek enn démikar to soulé», dit le jeune homme.
S’il arrive que ces jockeys ne consomment pas d’héroïne, ils risquent quand même leur vie. En effet, quand leurs patrons sont interpellés, ils sont aussi arrêtés.
L’ancien toxicomane explique que plus loin, des jeunes font le trafic de drogue de synthèse. Après leurs journées de travail, ces jockeys obtiennent des doses à la place d’argent. Dans un autre chemin, un vieil homme, visiblement dans un état second, se vante de vendre de la poudre aux jeunes. Ces derniers, présents pour faire le guet, reçoivent des doses d’une valeur de Rs 800 quotidiennement.
«Il n’y a rien de plus important pour ces jeunes toxicomanes que de kas yen gramatin é tanto», se désole un habitué du coin. Un autre Beaubassinois, lassé par les incessants va-et-vient devant sa porte, ne sait plus vers qui se tourner pour mettre un terme à ce trafic. «Péna personn ki pou kapav kosé, parski pren dépi so tipti ziska so gran, zot tou ladan.»
Le jeune homme qui nous accompagne abonde dans le même sens. D’ajouter qu’il a été victime de vol à l’arraché et d’agression à plusieurs reprises, à Résidence Barkly.
Une pénurie de drogue à Port-Louis ?
<p>Plus d’une cinquantaine de toxicomanes s’étaient réunis non loin d’une école primaire à Pailles, hier après-midi. Cette situation a fait monter au créneau des associations sociales et religieuses du quartier. Renseignement pris, ces individus cherchaient de la drogue car ils n’en avaient pas reçu de leurs fournisseurs habituels. La question se pose alors, y a-t-il une pénurie de drogue dans les quartiers de Port-Louis.</p>
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