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Tablette à l’école: ce qu’en pense le psychologue
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Tablette à l’école: ce qu’en pense le psychologue
Ça y est ! Vos petits bouts de chou reprennent le chemin de l’école. Et surprise, la technologie s’invite à cette rentrée chez les plus petits. Le gouvernement l’a annoncé. Les élèves des Grades 1 et 2, soient les premières classes du primaire, auront droit désormais à l’apprentissage via la tablette. Une mesure qui promet de changer la vie scolaire de votre enfant.
«Comme toute réforme ou nouvelle mesure, il est intéressant d’analyser les avantages et les inconvénients que cela peut entraîner. Cette décision a été prise en connaissance de cause, en visant certains objectifs favorables au travail scolaire des enfants afin de faciliter leur apprentissage. Nous devrons attendre deux ou trois ans avant d’être en mesure de se prononcer sur le véritable impact de cette mesure», nous explique le psychologue clinicien, Laurent Baucheron de Boissoudy.
Si l’impact se verra dans quelques années, cette mesure est définitivement un pas vers la modernité, de plus en plus technologique. «Les écrans : smartphones, tablettes, ordinateurs et télévision ont pris une place centrale dans nos vies quotidiennes», souligne le psychologue. Toutefois, les tablettes proposées en primaire ne seront utilisées que dans l’enceinte de l’établissement scolaire. «Bien sûr, nous devons penser que ce matériel coûte cher et que certaines familles auront du mal à acheter des tablettes afin que leurs enfants puissent en utiliser une le soir, à la maison, puisque les tablettes prêtées pendant la journée resteront à l’école», fait ressortir le psychologue.
En tant que parents, vous êtes en droit de vous demander si votre enfant va mieux s’adapter au système éducatif en utilisant une tablette et ainsi mieux faire à l’école. Le psychologue explique : «Dans les classes travaillant avec des enfants à besoins spéciaux, Special Needs Education, l’utilisation d’un ordinateur est recommandée afin de neutraliser les difficultés de ces enfants à écrire en raison de leurs troubles, tels que la dyslexie et/ou la dysorthographie. L’utilisation de la tablette peut s’inscrire dans ce même sens. La tablette a un côté ludique, attractif et pourra peut-être ainsi améliorer la motivation des enfants à travailler et à apprendre».
S’il y a quelques années, les professionnels indiquaient que c’est à partir de l’âge de sept à huit ans que la tablette était recommandée aux enfants, cette tranche d’âge a changé et cela en grande partie grâce aux parents. «Force est de constater que les parents ont progressivement mis des tablettes entre les mains de très jeunes enfants, de 3-4 ans, et que ces très jeunes enfants se débrouillent très bien avec», souligne le psychologue.
«Force est de constater que les parents ont progressivement mis des tablettes entre les mains de très jeunes enfants, de 3-4 ans.»
Toutefois, si certains parents ont eux-mêmes initié leurs enfants à la nouvelle technologie, d’autres, par contre, ont toujours certaines réticences par rapport à leur utilisation par leurs enfants. «Pour les parents c’est souvent une difficulté de s’adapter à ce qu’ils n’ont pas connu. La génération actuelle des parents a découvert l’utilisation des écrans mais nos enfants sont eux complètement immergés dans ce monde électronique des moyens de communication et de divertissement. Pour eux, utiliser une tablette ou un smartphone c’est comme utiliser une fourchette pour manger ou un stylo pour écrire, c’est naturel.»
Si l’utilisation de la technologie semble innée chez les enfants, le psychologue tire toutefois la sonnette d’alarme. «Nos enfants passent trop de temps sur les écrans, c’est un fait indéniable. C’est sur cet aspect que les adultes, éducateurs et parents doivent être vigilants et poser des limites. Les tablettes mettent l’enfant en relation avec un monde virtuel qui peut les couper d’une expérience réelle, sensorielle avec le monde qui les entoure. De plus, d’un point de vue de l’activité physique, les écrans ne sollicitent que les yeux, le cerveau et quelques doigts, ce qui est très limité et représente un danger de santé générale. Nos enfants manquent cruellement d’exercices physiques.»
L’utilisation excessive de ces appareils technologiques n’est pas sans risque. «Au niveau du cerveau, les stimuli arrivent et défilent à grande vitesse, ce qui peut au pire déclencher des troubles tels que l’épilepsie ou, par une sur-stimulation, entraîner des tendances à l’hyperactivité, des troubles du sommeil, de la concentration ou générer une fatigue mentale», laisse entendre Laurent Baucheron de Boissoudy.
Le risque de devenir accro et de ne plus pouvoir se passer de ces appareils est aussi bel et bien réel. «Le problème de la technologie et de l’utilisation des écrans, notamment des tablettes, c’est que l’enfant expérimente d’avoir le plaisir – en termes psychologiques on pourrait dire la jouissance d’avoir tout, tout le temps, tout de suite, ce qui ne correspond pas à la réalité de notre vie quotidienne, à notre condition humaine. Les enfants et plus tard les adultes qu’ils deviendront peuvent préférer un monde où tout est acquis facilement plutôt que de faire l’effort de mériter quelque chose grâce à un effort, d’apprendre à attendre, à demander, à chercher. Dans ce sens, oui, bien sûr on peut devenir accro.»
Autre risque à prendre en considération : la santé visuelle. «Qui n’a pas entendu ses parents lui dire : ‘tu es trop près de la télévision, éloignetoi, tu vas fatiguer tes yeux !’ L’inconvénient de la tablette c’est que par force, dans la mesure où elle est tenue dans les mains, elle se trouve souvent à une trentaine de cm des yeux et les signaux lumineux excitent la rétine, fatiguant ainsi les yeux. Nous pouvons conseiller aux utilisateurs de simplement baisser la luminosité de leur écran, de tenir la tablette loin des yeux et, bien sûr, de limiter le temps d’exposition en réduisant le temps d’utilisation. Dès que les devoirs sont finis, l’écolier peut éteindre sa tablette», explique le psychologue.
Si l’utilisation de la tablette semble inévitable dans le monde moderne dans lequel nous évoluons, il convient, comme toute chose, de savoir l’utiliser et le faire avec modération.
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