Publicité

Fortes pluies: mauvais temps pour les réfugiés

11 janvier 2018, 01:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Fortes pluies: mauvais temps pour les réfugiés

La météo a levé l’alerte de fortes pluies mardi matin. Mais il n’y a pas encore eu d’accalmie pour certains. Les centres de refuge ont fermé leurs portes et ceux qui ont fui les toits qui fuient ne savent pas où aller. Depuis le début des intempéries, plus de Rs 2 millions ont déjà été décaissées, en guise de compensation. Mais ceux qui sont dans le besoin réclament une aide supplémentaire.

Elle s’appelle Maita Lasern elle a 50 ans, elle habite Tranquebar. Mardi, elle a poireauté devant le poste de police Pope Henessy pendant plus de six heures, de six heures du matin à midi pour être précis. Elle est dans le flou, comme la centaine de personnes attendant, là, comme elle. «Bann-la inn dir pa pou gagn nanyé akoz nou pou gagn konpansasion zis pou trwa zour.»

Certes, vendredi dernier, elle a obtenu Rs 175 par jour, soit Rs 525 au total. Le hic, ditelle, c’est que le ciel a continué à lui tomber sur la tête. «Tou komision nou’nn asté inn remouyé. Bé ki nou bizin fer lerla?» Le visage de Maita affiche de la tristesse, de l’angoisse. Au fur et à mesure que le temps passe, l’incertitude la rend furieuse.

Elle n’est pas la seule. Le ton monte petit à petit devant le poste de police, les esprits s’échauffent. Une dame s’improvise porteparole du groupe. Le gouvernement se doit d’aider les Mauriciens qui sont en difficulté, estiment les uns et les autres. «Toulétan zot promet bel bel zafer apré kan fini éli zot bliyé. Minis inn déza dir népli éna skwater dan Port-Louis. Be li’nn déza vinn gété dan ki kondision nou viv?» s’écrie la dame en question.

Jean Marc Volbert patiente lui aussi, avec sa femme et ses enfants. Sa maison a été totalement inondée et la famille ne sait pas où elle passera le reste de la semaine. «Matla em pou pran enn semenn pou sek. Apré bizin réaranz tou. Sa ti kas la ti pou ed nou…» confie-t-il. Les yeux masqués par ses lunettes de soleil, il fait le pied de grue devant le poste de police.

D’autres font les cent pas. À l’instar de Carine Boodhoo, 33 ans. La jeune femme, mère de trois enfants, attend son quatrième bébé. Elle habite chez sa maman et l’eau a envahi leur maison depuis la semaine dernière. «Kot nou resté bien séré. Kan lapli tonbé, lakaz koulé, nou met zanfan kot inpé sek. Kan ou vinn dan sant ousi pas mizer. Ou kwinsé ant bann lézot dimounn, pa fasil kan ou mizerla… » déplore-t-elle. Sans parler du fait que les sinistrés n’ont rien eu à manger, selon les dires de Carine. Compensation ou pas, elle affirme qu’elle n’aura d’autre choix que de retourner vivre «au milieu des ruines», chez sa maman, en priant pour que les cieux soient cléments et qu’il ne pleuve plus…

Le combat


Les centres de refuge accueillent les personnes vivant dans la précarité dès qu’un avis de pluies torrentielles ou de fortes pluies est émis. Les portes se referment une fois les alertes levées. Ainsi va la procédure. Et, les personnes qui s’y trouvent sont renvoyées chez elles. «La police est arrivée à six heures pour nous demander d’évacuer les lieux. Depuis, nous ne savons pas comment faire», explique Christine Cupidon. La compensation, pour elle, servira uniquement à soulager ses quatre enfants. «On ne sait pas si on pourra acheter des draps neufs pour eux ou pas», se demande-t-elle. Des enfants qui sont âgés de 17, 15, 11 et trois ans. «Enn ladan inn bizin saryé li kadadak pou amenn li lékol telman ti éna dilo partou.» La dernière fois, l’école avait renvoyé sa fille à la maison après que celle-ci a commencé à avoir des boutons. La faute aux microbes qui nagent dans les bassins d’eau qui se sont formées dans la masion… D’où la décision, cette fois, de se rendre dans un centre. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est pourquoi les autorités ne permettent pas à ceux qui vont y trouver refuge d’y rester un peu plus longtemps, histoire que l’eau s’évapore, qu’ils aient le temps de nettoyer la maison, de rendre l’environnement plus salubre.

Un combat que Christine et d’autres habitants de Tranquebar ne mènent pas seuls. Me Krishna Sawoo était, hier, à leurs côtés, pour les aider. «Déjà, les conditions de vie n’étaient pas correctes dans le centre. Aster-la, sa ousi zot péna. Séki nou pé démandé, sé konsider sa o ka par ka, pou donn konpansasion», argue l’homme de loi, tout en faisant ressortir que Rs 175 par personne, par jour, est loin d’être suffisant. La solution, selon l’avocat, serait de puiser dans le National Solidarity Fund pour venir en aide aux sinistrés en cas d’urgence.

Plus de Rs 2 millions déjà décaissées

Du côté des autorités, on laisse entendre que la police enquêtera sur les demandes enregistrées avant de décaisser encore plus d’argent. Depuis vendredi dernier, 1 192 familles ont été dédommagées. Une somme de Rs 2 157 325 a été distribuée à 4 109 personnes. Hier matin, quelque 400 nouvelles demandes ont été enregistrées. D’autre part, une source officielle fait ressortir que selon le règlement du ministère de la Sécurité sociale, une personne ne peut être dédommagée deux fois pour le même sinistre.