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Subiraj Sok Appadu: «Moi, personne ne pouvait m’influencer»
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Subiraj Sok Appadu: «Moi, personne ne pouvait m’influencer»
On s’attendait à ce qu’il nous «écrase». Finalement, Berguitta a peut-être causé plus de dégâts sur la scène politique, après l’épisode des biscuits. N’empêche que c’est le premier cyclone en 15 ans qui nous aura fait aussi peur. L’occasion de faire le point avec l’ancien directeur de la station météo de Vacoas, Subiraj Sok Appadu, dont la langue est une tempête à elle seule.
Vous disiez à la radio que Maurice était «dan difé» à l’approche de Berguitta. Un pétard mouillé ?
Zis bondié ki kapav fer sa ! La première trajectoire de Berguitta laissait présager que la partie la plus dangereuse du cyclone allait frapper Maurice de plein fouet. À la dernière minute, le cyclone a changé de «route». C’est extraordinaire… Nous l’avons échappé belle. Ce changement de direction a fait que seuls les nuages associés au cyclone sont passés sur l’île. Et puis, c’est finalement le côté moins dangereux qui nous a intéressés.
Décidément, la météo est loin d’être une science exacte. Est-ce pour cela que les Mauriciens préfèrent faire confiance à Afzal Goodur ?
Ayo, je ne veux pas parler de lui. Les plus grands centres le disent, les données doivent être analysées par des météorologues qui ont une vraie formation. Je ne sais pas si ses prédictions sont précises. En tout cas, ce que l’on me dit, c’est qu’il copie celles d’autres sites en ligne et des forums. Les Mauriciens doivent se fier aux professionnels, c’est-à-dire la station météo.
Justement, comment expliquer le peu de foi qu’accordent les Mauriciens aux analyses des prévisionnistes de Vacoas ?
Politisien kan éna éleksion, li get sondaz ou li al kot longanis ? Les Mauriciens aiment ce genre de choses… Dans notre naïveté, on a tendance à croire en ces choses.
Vous voulez dire que la station météorologique a eu tout bon pour Berguitta ?
Ce n’est pas ce que je veux dire. Enfin, je les félicite pour le bon travail. Ils ont vraiment fait de leur mieux. Mais pour gagner la confiance de la population,il faut qu’ils améliorent leur façon de communiquer. Il faudrait peut-être que le directeur, à chaque bulletin émis, se fasse un devoir d’effectuer une intervention à travers les médias…
«Dépi lané 90 pé dir ki pé perdi dilo lapli. Eski zot krwar nou kapav afford gagn enn siklonn tou lé lané? Siklonn pa enn badinaz.»
Justement, ce directeur, on ne l’a pas beaucoup entendu. Il a peur de se mouiller ?
Je ne saurais vous dire. Y a-t-il des pressions pour qu’il ne parle pas ? Peut-être… En tous cas, moi, personne ne pouvait m’influencer.
On a essayé ?
Oh que oui ! Surtout des fonctionnaires haut placés, qui essaient de plaire à leurs ministres ou à certains politiciens. Ils essayaient de faire la pluie et le beau temps.
On vous demandait quoi ?
On nous disait : «Hey, bé taler to met klas trwa-la, nou éna sa pou fer la…» Mais nous avions des horaires précis, nous ne pouvions émettre des alertes quand bon nous semblait. Nous avions décidé de changer les classes seulement à 4 heures du matin et à 16 heures. Pour que cela soit plus facile pour les écoliers et les employés… C’était notre décision de professionnels, pas celle des politiciens…
«La période cyclonique se prépare toute l’année, même si elle ne dure pas un an.»
En parlant de politiciens, des biscuits et de l’eau, est-ce suffisant pour remplir le ventre les sinistrés ?
Quelqu’un qui se rend dans un centre de refuge doit y emmener son tout premier repas. Je n’excuse pas l’inexcusable mais bon… Par contre, ce que je trouve inacceptable, c’est le nombre de matelas qu’on y trouve ? Deux pour une centaine de personnes ? Ce n’est pas possible !
La SMF même a des lits de camp. Pourquoi ne les utilise-t-on pas ? On parle de ça depuis les années 80. Il n’y a pas de volonté politique à améliorer les infrastructures dans ces centres de refuge. Parey kouma dilo, dépi lané 90 pé dir ki pé perdi dilo lapli. Eski zot krwar nou kapav afford gagn enn siklonn tou lé lané? Siklonn pa enn badinaz.
Où est-ce que ça bloque ?
Le problème, à Maurice, c’est que la semaine prochaine, nous aurons déjà oublié le cyclone. La période cyclonique se prépare toute l’année, même si elle ne dure pas un an. On aurait dû avoir prévu tout ça en amont…
Rassurez nos lecteurs, il y a tout de même des choses qui ont changé depuis les années 80 ?
Bien entendu. Les gens sont beaucoup plus aisés maintenant ; il y a beaucoup moins de personnes qui doivent quitter leurs maisons pour aller dans les centres de refuge. Mo ti al sipermarsé avan klas 3, koumadir dimounn pé fer komision pou enn mwa. N’empêche, je le redis, siklonn pa enn badinaz sa. Li apovri enn péi boukou sa…
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