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Il est sourd-muet, elle est manchot: «Nou viv parey kouma enn koup normal»
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Il est sourd-muet, elle est manchot: «Nou viv parey kouma enn koup normal»
Ils sont très appréciés dans la région de Poudre-d’Or. Cela fait plus de 20 ans que Maria, 47 ans, et son mari Ravi, 51 ans, y tiennent une petite boutique, sise près du débarcadère. Ce qui fait surtout plaisir à voir : leur courage. Elle est manchot et lui, sourd-muet. Cela ne les empêche pas de sourire à la vie.
Chez les Gungaram, le commerce, c’est une affaire de famille. «Mo belmer ek mo boper finn travay ladan avan nou, mo misié ousi bizin dir ki li finn pas preské tou so létan isi. Dépi enn an, mo ousi mo’nn koumans édé», explique Maria, une femme pétillante, qui ne se départit jamais de son flamboyant sourire.
Son handicap, en fait, n’en est pas un. «Il me manquait déjà un bras quand je suis née. Au fil des années, je me suis habituée à vivre avec une seule main», confie-t-elle, sans amertume aucune. D’ailleurs, elle peut tout faire, comme une personne «normale», tient-elle à préciser.
«Mo fer louvraz, mo travay ek mo okip mo bann zanfan par momem.» Des enfants, elle en a deux : une fille de 22 ans qui suit actuellement des cours et un fils de 19 ans qui se spécialise dans l’automobile. «Mo bann zanfan ousi ed nou.»
Ravi est, quant à lui, sourd-muet de naissance. «Séki mo kapav dir ou, séki nou viv parey kouma enn koup normal ek ki nou kontan nou kamarad boukou», confie Maria. Leur rencontre, elle s’en souvient comme si c’était hier. Elle suivait des cours en vue de devenir réceptionniste pendant que Ravi apprivoisait le métier de menuisier. «Nou finn kontan dépi laba.» Le coup de foudre, c’était il y a 23 ans. Et depuis, aucun nuage à l’horizon, c’est l’amour fou. La clé du bonheur : un respect et un soutien mutuels.
«Bizin pran pasians»
Quid de la communication avec son mari ? Cela n’a jamais été un fardeau, encore moins un problème, souligne Maria. «Nou servi langaz dé sign. Mo finn aprann ek li mem», déclare-t-elle, toute fière. Par exprimer son amour, Ravi, lui, utilise ses yeux et les gestes tendres. Dans son regard : de la tendresse et une admiration sans borne pour cette femme qui est la sienne.
Ce qui les rapproche aussi, c’est l’avenir, qu’ils continuent de voir ensemble. À travers leur travail, notamment. Ainsi donc, la boutique ouvre ses portes de 4 h 30 du matin à 8 heures du soir, tous les jours. «Mo belmer ek boper dan laz, nou oblizé travay.»
C’est fatiguant, épuisant, certes, avoue Maria, d’autant plus qu’elle doit également s’occuper de la maison. Mais «bizin pran pasians». Tout ce qu’elle fait, elle le fait par amour avant tout. Pour ses enfants, pour qu’ils ne manquent de rien. Mais aussi et surtout pour Ravi. «Quand on s’est marié, c’était pour le meilleur et le pire. Je veux être là pour l’épauler et le soutenir. Je continuerai aussi longtemps que je le pourrai…»
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