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Quatre-Bornes: pour se faire des sous, il vend «zis tou»

27 janvier 2018, 20:40

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Quatre-Bornes: pour se faire des sous, il vend «zis tou»

Dans sa poussette qui fait office de brouette, des sacs en jute d’un autre temps, des paniers usés, fatigués. Un peu comme lui. Tel un vieux pirate sillonnant les mers à la recherche de trésors, il arpente les rues de Quatre-Bornes pour trouver de la vieille ferraille, des objets que les gens ont jetés, des bouteilles en plastique. Qui valent pour lui de l’or, puisqu’il les revend pour se faire un peu d’argent. 

Dans sa chemise à carreaux, son «kalson létof», Guy Nelson Philibert respire la dignité. Sa casquette, vissée sur sa tête, couronnée de cheveux blancs, a dû connaître des jours meilleurs. L’homme de 61 ans aussi. «Mo ti pé viv bien avek mo Madam, mé linn ferm lizié. Bien lontan sa… Li ti éna 44 an.» 

Autrefois, Guy était plombier. «Gran-gran plas mo’nn travay, lotel, lanbasad tousala», précise-t-il avec une fierté nostalgique. Mais le destin lui a porté un coup de tuyau. Il a connu des ennuis de santé, des coups du sort. «Nou pa ti maryé mwa ek mo Madam, ‘banla’ inn dir mo bizin kit lakaz alé.» 

Des enfants, il en a eu quatre : deux filles, deux fils. «Ou koné, lontan ti pé fer boukou zanfan, pa kouma aster. Éna inn al lot péi, éna isi…» Sa pension, il la confie à sa fille, qui est cleaner. «Mo pa kapav al res kot li… La, mo pé rod enn ti lakaz Rs 2 000 pou loué, pou mo kapav débat.» 

«Mo fouy-fouyé kouma lisien…»

En attendant, Guy squatte une maison abandonnée, dans les beaux quartiers de la ville des Fleurs, à côté des maisons cossues. Pour se nourrir, il «récolte» des objets usagés, des radios ou des ventilateurs qu’on balance aux ordures, des bouteilles en plastique. Son champ: les poubelles. «Mo fouy-fouyé kouma lisien…» 

Il lui arrive également de grimper aux arbres. De cueillir des fruits, avec la permission des propriétaires. «Ou pé trouvé la, zak dan tant. Enn dimounn inn dir mwa al rod enn pou li, lerla kan li kwi li donn mwa enn bout, mwa mo péna karay tousala.» 

Ses objets trouvés, dénichés avec soin, Guy les revend «à Stanley», à ceux qui les recyclent, qui leur redonnent une nouvelle vie. Le vieil homme, lui, aimerait bien que la sienne change. D’ici là, il survit, «pous-pous [mo] vié pouset…» 

Combien de sous se fait-il par jour ? Rs 50 environ, cela dépend du soleil, de la pluie, des trouvailles, de la demande. Mensuellement, il parvient à engranger entre Rs 2 000 et Rs 3 000. «Avek mo pansion, mo ti pou kapav trasé, zis lakaz ki pa pé gagné.» 

En attendant de se trouver un toit, il essaie de mettre de l’ordre dans son quotidien, dans sa tête. Et d’y croire. «Mo espéré mo pou rési fini mo lavi dan enn ti lakaz pou mwa.» Car malgré son diabète et son problème au pied qui l’agacent, il n’est pas de ceux qui baissent les bras.