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Steeve Lebrasse: «L’éducation, l’emploi et les conditions d’hygiène sont préoccupants»
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Steeve Lebrasse: «L’éducation, l’emploi et les conditions d’hygiène sont préoccupants»
Steeve Lebrasse, employé chez ENL Property en tant que CSR & Public Relation Officer pour le projet La Balise Marina, a été une des chevilles ouvrières de la création du Kolektif Rivier Nwar (KRN). Membre du comité exécutif, il a assumé la fonction de trésorier de 2014 à 2016 et a été nommé président du KRN en 2017. Il évoque les besoins de la région.
La région connaîtra bientôt un changement avec la concrétisation de plusieurs projets hôteliers. Les CSR sont-ils déjà en route ?
Au KRN, on accueille très favorablement les développements hôteliers qui auront lieu très bientôt dans la région. Cela signifie aussi que les promoteurs vont constituer un fonds social pour promouvoir l’allègement de la pauvreté dans la région. Nous aurions souhaité que tous ces promoteurs participent au grand projet de logement. Le focus doit être sur le logement social, car à Rivière-Noire, il n’y a pas eu de projet de logement social depuis plus de 30 ans. Il semblerait que l’État ne dispose pas de terres dans la région. Nous faisons un appel aux promoteurs afin que leur contribution puisse permettre de faire l’acquisition d’un terrain, de reloger quelque 75 familles et de désengorger la cité EDC de Rivière-Noire où quatre générations vivent actuellement au quotidien.
Quelles sont les difficultés auxquelles fait encore face Rivière-Noire ?
Comme je l’ai dit, la question de logement demeure le problème majeur à Rivière-Noire. Mais il y a aussi la question de l’amiante. Des maisons ont été construites avec des matériaux contenant de l’amiante et, 40 ans après, ces feuilles d’amiante se désagrègent complément. L’éducation, l’emploi et les conditions d’hygiène sont autant de préoccupations dans la région.
Qu’est-ce qui peut être résolu au cours de l’année et de quelle manière ?
La question de l’amiante peut, à notre avis, être résolue assez rapidement, s’il y a une volonté de la part des autorités. Le Premier ministre, dans son dernier Budget, a fait provision de fonds pour se débarrasser de l’amiante. De plus, il existe déjà un protocole pour l’enlèvement des matériaux de ce type au ministère de l’Environnement. KRN, vu son rôle d’acteur social incontournable dans la région, est à la disposition des partenaires de l’État et du privé et sollicite aussi leur collaboration pour alléger la pauvreté dans la région.
Après un incendie à la fin de l’année dernière, la question des logements est revenue au premier plan. Où en est-on actuellement ?
Malheureusement, la situation des familles est la même. Elles ne savent pas si les autorités vont les aider à reconstruire leurs maisons. Le souci semble être que ces familles ne sont pas éligibles à l’aide de la National Empowerment Foundation (NEF) vu qu’elles ne tombent pas sous le Social Register of Mauritius (SRM). La question que l’on se pose est : quand une famille, quelle qu’elle soit, voit sa maison détruite par un incendie, n’est-elle pas une victime et ne mérite-t-elle pas d’être aidée ?
La questions de l’éducation a récemment été largement débattue. Quel sera l’accent qu’on mettra dessus ?
Le taux d’échecs en grade 6 est très élevé. Certains enfants passent six ans à l’école primaire et en sortent analphabètes. C’est un problème de fond. Il est plus qu’urgent de voir si le système actuel est adapté aux enfants issus de réalités sociales difficiles. Pourtant, il y en a de très talentueux. Nous sommes en faveur d’exploiter leur talent et d’utiliser des moyens ludiques et le sport pour leur apprendre à lire et à écrire.
Par ailleurs, au KRN on est convaincu de la nécessité d’un centre polytechnique, qui viendrait absorber tous les jeunes recalés, qui ne peuvent plus s’adapter au système. Ainsi, nous leur donnerons une opportunité d’apprendre un métier. Cela dit, il importe de souligner qu’il y a quand même un bon nombre qui font des efforts pour réussir dans leurs études et souhaitent même faire des études supérieures mais qui, pour des raisons financières, ne peuvent atteindre cet objectif. Nous faisons un urgent appel aux promoteurs économiques de la région pour leur venir en aide.
La population de la région ne cesse de grandir. Les services publics, et la fourniture d’eau principalement, suivent-ils ?
Pour ce qui est des services publics, nous constatons que les habitants du village de Rivière-Noire et de Petite-Rivière-Noire sont les plus mal lotis, car la plupart des services de l’État se situent à Bambous. Bien souvent, pour y accéder, ils sont pratiquement obligés de prendre un jour de congé. D’autre part, lors du dernier incendie qu’on a eu à déplorer, le service des pompiers est arrivé avec 30 minutes de retard, malgré que ceux-ci soient basés à La Preneuse. Mais on nous a informés que cette station ne dispose que d’un véhicule pour toute la région.
Les habitants de la cite EDC éprouvent beaucoup de difficultés à résoudre leurs problèmes de drainage. Le système est totalement défectueux. La collectivité locale fait la sourde oreille à ce sujet. D’autre part, les habitants de Rivière-Noire déplorent les grosses coupures d’eau. Ils doivent souvent recourir aux camions citernes.
L’hôpital Yves Cantin répond-il toujours aux besoins ?
L’hôpital Yves Cantin est heureusement le service qui répond aux premiers besoins et secours. Mais les habitants de Rivière-Noire se plaignent souvent de la qualité du service, du manque de médicaments et de l’absence de spécialistes. Ils sont obligés de se rendre à l’hôpital Victoria, à Candos. Mais Rivière-Noire, en 2018, avec les développements économiques à venir, mérite définitivement un hôpital digne de ce nom, pouvant offrir un excellent service de santé.
À la suite du passage du cyclone Berguitta, qu’a fait le KRN pour les familles dans le centre de refuge ?
KRN a réagi dès le lendemain de Berguitta quand nous avons appris que 26 personnes se trouvaient dans le centre de refuge à Rivière-Noire. Nous y avons dépêché un travailleur social pour un constat. Nous avons contribué à offrir un repas chaud aux victimes et avons aussi remis du matériel scolaire aux enfants des familles qui ont tout perdu. Ce qui leur a permis de reprendre l’école normalement.
Nous attendons le rapport du travailleur social pour évaluer l’ampleur des dégâts aux maisons et aux effets personnels. KRN, en collaboration avec La Balise Marina et le conseil de village, s’engage à venir en aide aux sinistrés.
Différents projets à venir pour les habitants
Hormis les projets qui sont déjà en cours comme ceux de Women Empowerment and Entrepreneurship, Misik dan la Po, Atelier de lecture et d’écriture, Psychological support to vulnerable families, KRN se propose de mettre sur pied à Rivière-Noire, en collaboration avec l’ONG SAFIRE et la Fédération de cyclisme de Maurice, une École de cyclisme. Cette année verra aussi le lancement du groupe Zenerasion Zeness dans l’Ouest, la seconde phase du projet Seaskills, ainsi qu’un projet de Lunch Box pour les enfants vulnérables de l’école primaire de Case-Noyale.
Kobita Jugnauth invitée à soutenir le combat contre la pauvreté
Lors du lancement de son rapport d’activités pour 2016 et 2017, KRN a accueilli Kobita Jugnauth, l’épouse du Premier ministre, venue à la rencontre des membres de l’ONG. Ces derniers ont dressé un tableau de la situation et du travail à faire sur le terrain par rapport au logement et l’éducation, entre autres. Étaient aussi présents lors de cette rencontre, le député Joe Lesjongard, la présidente d`honneur du KRN, Geneviève Tyack. Eux également sont intervenus en faveur de la lutte pour un logement décent et ont encouragé les promoteurs de la région à rejoindre le KRN dans ses efforts pour y parvenir. Jean Rudolphe Laboudeuse, le président du conseil de village de Rivière-Noire, y a aussi assisté.
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