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Une mineure accuse l’ADSU: «Inn dir mwa bizin get mo doudou tou…»

4 février 2018, 19:26

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Une mineure accuse l’ADSU: «Inn dir mwa bizin get mo doudou tou…»

Qu’est-ce que les officiers de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU) étaient venus chercher ? Une question qui taraude cette famille de Résidence Barkly. Mercredi 31 janvier, des limiers de la brigade antidrogue ont démarqué chez elle. Les adultes étant absents, il n’y avait que les enfants, Christine (prénom modifié), âgée de 14 ans, et son frère.

Cette visite a marqué l’adolescente. La jeune fille pétillante s’est repliée sur elle-même. Elle a même dû commencer un traitement à l’hôpital Brown-Séquard. Quand elle raconte ce qu’il s’est passé, sa voix ferme devient murmure.

Christine explique qu’elle dormait dans sa chambre quand elle a entendu des pas. Croyant que c’était son père, elle s’est levée pour s’habiller. Toutefois, elle n’aurait pas eu le temps de le faire. Une femme, qu’elle ne connaît pas, y aurait fait irruption. «Sa ler la, mo’nn abriti. Mo pa’nn konpran mem ki’nn arivé», relate-t-elle.

Deux hommes auraient suivi la femme. Ils auraient annoncé qu’ils étaient là pour fouiller la maison. Christine précise qu’à aucun moment les officiers ne lui auraient montré de mandat ou dit pourquoi ils procédaient à une fouille. «Mwa ousi mo pa ti koné ki drwa mo éna. Mo pa’nn démann nanyé telma mo’nn paniké», ajoute Christine. Elle soutient qu’elle ignore toujours la raison pour laquelle l’ADSU a débarqué chez elle.

Ce qui a le plus choqué l’adolescente, c’est la manière dont elle aurait été traitée. «Zot inn dir mwa karté ek ki bizin get mo doudou tou», lâche-t-elle, la voix tremblante. Pendant cette fouille, l’adolescente explique qu’elle aurait été immobilisée par les limiers de l’ADSU et que cela aurait duré un moment. Son frère, qui était également à la maison, n’a pu rien faire car les policiers lui auraient interdit d’entrer dans la chambre de sa sœur.

Ces derniers n’auraient rien trouvé, ni sur Christine ni ailleurs dans la maison, et seraient repartis une fois la fouille terminée. Les parents de Christine ont été mis au courant de cette histoire lorsqu’ils sont rentrés. Ils disent ne pas comprendre non plus pourquoi leur maison a été fouillée. «Est-ce qu’ils ont le droit de faire irruption chez moi pendant mon absence ?

Si zot ti met kitsoz kot mwa, ki ti pou arivé? Koumsa mem enn ta inosan al fermé sa»,

fustige le père de l’adolescente.

Ce jour-là, il était parti rendre visite à un proche malade. Son frère, qui habite non loin de chez lui, aurait également été tenu à l’écart de la maison pendant que l’ADSU s’y trouvait. Et cela, sans qu’on lui dise pourquoi, soutient ce dernier.

Le père de Christine explique que son frère voulait simplement aller voir les deux enfants qui étaient à l’intérieur. Il précise que là où il habite, il y a des «vander ladrog» qui sont connus de tous. «Pourquoi ils ne vont pas là-bas ? Pourquoi chez moi ?» ne cesse-t-il de demander.

Le père de famille a porté plainte au poste de police de Beau-Bassin. Et vendredi 2 janvier, il a contacté l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasamy, pour lui expliquer les faits. Celle-ci affirme qu’elle suit cette affaire de près.

«J’ai demandé un rapport au commissaire de police. Si les limiers de l’ADSU ont vraiment agi de la sorte avec cette mineure, c’est grave et révoltant»,

déplore Rita Venkatasamy.

Entre-temps, Christine peine à s’en remettre. Élève en Grade 10, elle n’arrive plus à se concentrer sur ses études et a commencé à souffrir de troubles du sommeil. La peur d’être réveillée une nouvelle fois par des enquêteurs et de subir le même traumatisme lui refile des cauchemars. À l’hôpital Brown-Séquard, les médicaments qu’on lui a prescrits seraient trop puissants.

«Kan mo bwar sa, mo zis dormi. Mo pa kapav aprann, fer dévwar nanyé», déplore la jeune fille. L’année prochaine, elle devra prendre part aux examens du School Certificate. «Je ne sais pas comment je ferai pour avancer…» Et surtout, pour oublier.