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Luciano Azor: «Monn anvi prouvé ki péna nimport ki ress dan bann sité»
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Luciano Azor: «Monn anvi prouvé ki péna nimport ki ress dan bann sité»
Il a voulu faire taire ceux qui passent leur temps à critiquer les habitants des cités. Pour ce faire, Luciano Azor a travaillé dur pour réussir ses examens du Higher School Certificate (HSC) auxquels il a pris part l’année dernière. Ce qu’il a accompli non sans sacrifices. Et le jeune homme a de quoi être fier : il est le premier lauréat issu du collège SSS de Triolet et aussi de la cité Mère Teresa, où il habite avec sa famille. Une famille modeste et à laquelle il a promis des jours meilleurs…
Âgé de 20 ans bientôt, c’est la seconde fois que Luciano Azor prend part aux examens du HSC. La première fois, il avait été classé huitième de la cuvée 2016. Ambitieux et déterminé il a voulu viser plus loin en redoublant d’effort afin de rendre fiers ses proches. «Mon papa est maçon de son métier, ma maman cleaner. Je viens d’une cité et d’un milieu modeste. Ma famille n’est pas aisée. Nous pouvons juste subvenir à nos besoins essentiels. Nous avons parfois dû faire d’énormes sacrifices. Nous manquions, par moments, de ressources et nous avons dû emprunter de l’argent. C’était de mon devoir de faire la fierté de mes parents et de tous ceux qui m’ont soutenu», confie le jeune homme, encore sous le coup de l’émotion.
Entouré de ses proches, le boursier raconte que c’est grâce au soutien et à la persévérance de toute sa famille, de ses professeurs et de ses camarades qu’il a pu atteindre son but. Il concède cependant que le chemin pour y parvenir n’a pas été de tout repos. «C’est dommage qu’à Maurice, les gens critiquent et dénigrent sans arrêt les dimounn cité ou bann kréol comme ils disent. Nous sommes tous des humains, des drogués, il y en a partout, pas uniquement ici. C’est la même chose pour les voleurs. C’est aussi ma rage de ‘prouve them wrong’ qui a contribué à ma réussite.»
«Slow learner»
Bien qu’au début de sa scolarité, soit au primaire, Luciano explique qu’il était ce qu’on appelle un «slow learner», au collège, poursuit le lauréat, les choses ont pris une tout autre tournure. C’est à ce moment qu’il a développé sa passion pour l’apprentissage.
«J’étais nul et très nul en mathématiques et j’avais beaucoup de difficulté à apprendre au primaire», soutient-il dans un éclat de rire. Ses parents ayant étudié jusqu’au Certificate of Primary Education, désormais Primary School Achievement Certificate, il n’a pu compter sur leur aide pour les devoirs à la maison. Mais qu’importe. «Ils m’ont apporté tellement plus et ne m’ont jamais laissé tomber», dit-il fièrement. Son frère ainé ayant suivi les traces de leur père, Luciano est le premier lauréat de la famille.
Que pense le jeune homme de la réforme éducative ? Il affirme d’emblée être pour, même si, poursuit-il, les choses ne sont faites qu’à moitié. «C’est une excellente initiative du gouvernement, mais il manque énormément de choses dans ce programme.» Pour lui, il faudrait que les autorités concernées revoient les programmes et accordent plus d’importance aux activités extrascolaires comme les cours de musique, de danse et de théâtre, entre autres.
Au dire de Luciano, ce n’est pas normal qu’une salle de classe compte 30 élèves, et que ces derniers doivent apprendre leurs cours par cœur, et de s’attendre à ce que tous réussissent. «Bondié pa finn kré nou tou parey. Sakenn éna so potansiel é bizin éna plis opsion ki proposé dan bann lékol piblik. To réisit pou grimpé lerla», fait ressortir Luciano.
S’il dit ne pas savoir, pour l’heure, dans quelle université il entamera ses études universitaires, il confie néanmoins avoir un penchant pour les États-Unis. «Mais cela dépendra bien évidemment de nos moyens financiers», dit-il, d’emblée. Et pour y étudier quoi ? «Le droit afin de pouvoir contribuer à réduire les injustices.» Entre-temps, l’heure est à la fête à la cité Mère Teresa.
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