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Promenade Roland Armand: là où les souvenirs ont pris racines
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Promenade Roland Armand: là où les souvenirs ont pris racines
L’atmosphère est lourde. Du côté de la promenade Roland Armand, à Rose-Hill, les arbres font grise mine. Comme s’ils avaient deviné le sort que les hommes leur réservent. Le rouge chaud des flamboyants, le violet tape à l’oeil des jacarandas, ont cédé la place au vert monochrome. Seuls quelques arbres arborent des fleurs jaunes dites «fler cavadee»..Mais plus pour longtemps.
Passants, joggeurs et autres habitués deslieux observent les arbres majestueux d’un air triste, comme s’ils faisaient déjà partie du passé. Collé aux garde-fous, un couple se bécote à l’abri des regards indiscrets. Eux semblent inconscients au futur de ce lieu où ils se créent des souvenirs, pris dans la bulle de l’amour, du temps présent.
En ce vendredi férié, les promeneurs sont nombreux. Certains, portables à la main, veulent immortaliser les derniers jours de la promenade, d’autres profitent de l’après-midi avec leurs enfants.
Raouf se balade en chemise, pantalon et savates. Il est venu «s’aérer l’esprit», dit-il. «Ces arbres, je les ai vus quand ils étaient tout petits, je les ai vus grandir. J’ai moi-même travaillé à la création’ de cette promenade», raconte-t-il, les yeux, lavoix remplis de nostalgie. On a l’impression d’entendre un père qui parle de ses enfants.
Le fait est que Raouf a eu une longue carrière en tant que Project Manager au sein du ministère de l’Environnement. Cette promenade, c’est un de ses bébés. «J’ai, d’ailleurs, moi-même planté quelques végétaux ici, de mon propre chef. Mais on les a volés», raconte celui qui habite juste en face de la promenade. Depuis 40 ans. Les arbres, confie-t-il, ont vu grandir ses deux fils...
Les gens qui passent lui serrent la main. Sa voisine s’approche. «Je suis extrêmement triste, mais il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire. Moi, je fais mon jogging, ici, le matin et l’après-midi», déplore celle qui a passé des années à enseigner au Queen Elizabeth College, qui se trouve à quelques pas de la promenade.
La présence d’une jeep de la police semble lui donner raison. On guette les faits et gestes de ceux qui empruntent la promenade. Les bancs, eux, ont disparu de la circulation. L’arc qui accueillait les joggeurs a été arraché et «balancé» entre deux arbres, pas loin. Le bois est cassé. Le panneau qui indiquait l’emplacement de la «Promenade Roland Armand» s’est volatilisé.
Les arbres devraient bientôt lui emboîter le pas..
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