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Gervais Rambert, brasseur de PhoenixBev: «L’innovation permet à PhoenixBev de garder intacte sa longévité»
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Gervais Rambert, brasseur de PhoenixBev: «L’innovation permet à PhoenixBev de garder intacte sa longévité»
Lancée en 1963, PhoenixBev alors connue comme Phoenix Beverages, a été une des premières sociétés à obtenir un permis de développement dans une île Maurice appelée à prendre son destin politique et économique en main. Maître dans l’art de la brasserie depuis 41 ans, Gervais Rambert raconte le parcours de PhoenixBev dans un domaine où les Mauriciens n’avaient guère de savoir-faire.
Maurice n’est pas un producteur de matières premières brassicoles. Elle n’a pas non plus de tradition en ce qui concerne la production de bière. Comment est-on sorti de l’anonymat pour devenir une destination du marché mondial de la bière ?
Mauritius Breweries Limited, aujourd’hui PhoenixBev, a vu le jour cinq ans avant l’accession de Maurice à l’Indépendance, grâce à la vision des fondateurs qui ont cru en le secteur manufacturier. Avant le lancement de la brasserie en 1963, le pays importait les bières et la compagnie a été, de ce fait, l’une des premières à obtenir un permis de développement. Elle est graduellement sortie de l’anonymat grâce à sa quête constante de qualité pour ses produits. Toutes les activités de PhoenixBev s’articulent autour de la qualité et de son image de marque. Les propriétaires, le conseil d’administration et les directeurs ont, depuis plus d’un demi-siècle, toujours favorisé la productivité, l’investissement et la croissance. Ils ont eu foi en la société. Ils ont cru dans le fait qu’elle va s’épanouir, s’agrandir et être viable à long terme. Et ils ont eu raison d’y croire : tout ce parcours a toujours été positif.
Comment PhoenixBev se présente-telle aujourd’hui, 55 ans après sa création?
C’est une entreprise avec une assise économique très solide. Elle est le n°1 en termes de produits agro-alimentaires et de distribution. En tant que leader sur le marché local, nous proposons une très large et belle palette de produits, que ce soit en termes de boissons non alcoolisées (parmi lesquelles les sodas, le thé glacé, l’eau, les jus, malta…), de bières, de vins ou encore d’alcools forts. Nous avons un portfolio de produits qui satisfait tous nos consommateurs.
«La loyauté de nos clients, nous la devons à la consistance dans le maintien de la qualité»
Quel est le principe qui vous guide dans l’élaboration de votre modèle de production ?
Il est fondé sur le principe que nous devrions évoluer de façon constante. Par exemple, sur le plan de la production, ce principe est exprimé par un programme de fabrication qui est passé des trois millions de litres de bière en 1963 à 45 millions aujourd’hui. Nous comptons également plus de 1 300 salariés, quatre unités de production, une cinquantaine de marques, sept types de boissons, une unité de recyclage du verre et nous exportons vers 11 destinations, entre autres. Nous sommes toujours en quête de nouveaux créneaux dans le seul but de satisfaire les consommateurs de nos produits. Leur appréciation sert de baromètre soit pour confirmer ce qui a été produit soit pour repérer l’élément qui les empêche d’aimer nos produits et apporter les modifications appropriées. La population mauricienne est au cœur du succès réalisé par la brasserie.
Pourquoi les effets associés à la réputation enregistrée par la bière Phoenix, votre produit phare, se sont-ils étendus presque automatiquement à tous les nouveaux produits que vous introduisez sur le marché ?
Cela est dû, en grande partie, à la consistance dans le maintien de la qualité, notre principale valeur. C’est ce qui fait que nos clients sont très loyaux. Ils nous font confiance. Ils aiment leur bière. Ils s’y identifient parce qu’il est produit à Maurice par des Mauriciens mais aussi parce que la qualité est là. Nous avons, d’ailleurs, obtenu de nombreuses récompenses à l’international par rapport à la qualité de nos bières que ce soit à Bruxelles, en Angleterre ou en Aus- tralie. Ces boissons sont jugées par des professionnels à tous les niveaux, tant par l’emballage, l’étiquetage, la qualité, le goût et, aussi, parce que nous sommes conformes à la législation. Tout cela nous permet de garder toujours l’image de marque de nos produits. Cela ne s’applique pas seulement à la Phoenix, mais à toutes nos bières. Bien sûr, la Phoenix est là, elle est établie depuis longtemps. Les autres prennent, petit à petit, leur place sur le marché. Nous sommes, aujourd’hui, dans la cour des grands, que ce soit pour la qualité de nos produits que pour notre système de brasserie ou de production.
Le marché de la bière est un marché extrêmement compétitif. Qu’est-ce qui permet à PhoenixBev de garder intacte sa longévité ?
L’innovation. Nous avons toujours été innovateurs. Comme je le dis toujours : «if you don’t innovate, you evaporate». Toutefois, je suis pour l’innovation à condition que ce soit viable. Il faut une réflexion poussée à tous les niveaux de la production et s’assurer que les résultats soient positifs tant sur le marché local qu’à l’export. Chez PhoenixBev, nous surveillons toujours et de près la tendance de la consommation. Celleci est aux bières aromatisées et haut de gamme. La Phoenix Fresh et la Gister ont été créées en ce sens, pour essayer de combattre les bières importées à perception Premium. La Gister est là. Elle est placée dans ce créneau très premium. Elle joue son rôle d’une manière active. Cela va prendre du temps mais, comme toujours, nous allons prouver que nous, à Maurice, nous pouvons avoir une bière haut de gamme avec de superbes emballages capables de concurrencer sur le plan international.
«Notre modèle de production s’inspire du principe que nous devrions évoluer de façon constante»
Comment communique-t-on l’amour de la brasserie à des personnes dont les habitudes culturelles n’ont rien de commun avec la production et la consommation de bière ?
Nous offrons beaucoup de formations à toutes nos équipes. La passion leur est transmise à travers ces partages de connaissances. Nous comptons beaucoup de Mauriciens parmi les jeunes brasseurs qui ont été formés. D’ailleurs, c’est un savoir-faire qui s’exporte car nous avons des employés qui ont géré la brasserie de Madagascar pendant un certain temps, et moi j’ai lancé celle de Sri Lanka –United Breweries Lanka. La brasserie de Phoenix est une fierté pour tous, parce qu’elle est mauricienne et est gérée, dans l’ensemble, par des Mauriciens. Nous avons, de plus, une belle équipe pluriethnique qui traduit bien que, dans ce milieu, le seul critère de sélection est la compétence. Nous sommes peut-être la seule brasserie en Afrique et en Asie à être gérée par des Mauriciens. PhoenixBev est cotée en Bourse. Elle est publique. Il y a, de ce fait, un sentiment d’appartenance à cette brasserie iconique au sein de toutes nos équipes.
Qu’en est-il de la concurrence des produits internationaux sur le marché mauricien et des produits de PhoenixBev à l’export ?
La compétition est bel et bien là ! Les pro- duits internationaux sont présents mais, avec cette barrière qu’il y a à l’import par rapport à l’alcool, le gouvernement mauricien protège quand même fortement le secteur manufacturier local et, ce, dans tous les domaines, que ce soit sucrier, agroalimentaire ou textile, ainsi de suite. Le gouvernement a toujours encouragé le ‘Made in Moris’.
À l’export, cela se passe bien globalement. Il y a la croissance dépendant du marché. Par exemple, à La Réunion, le mindset est différent. Ce n’est pas la même culture qu’à Maurice. Il est plus difficile de pénétrer ce marché et de vendre. Donc, il nous faut être vraiment très compétitifs pour que nous puissions avoir une place sur les étagères. Il faut savoir que Phoenix est présente partout à La Réunion. Elle y est très connue. Sinon par rapport à la compétition, je pars du principe qu’il ne faut jamais s’en méfier, que ce soit sur le marché local ou international. Au contraire, nous nous devons de surveiller l’évolution et voir comment se passe la croissance.
«La boisson de manière générale fait partie de ces moments d’échange et de partage.»
Quelles sont les initiatives entreprises par PhoenixBev pour la protection de l’environnement ?
Déjà, puisque nous sommes dans l’agroalimentaire, nous devons assurer une bonne sécurité alimentaire. Nous sommes, par ailleurs, très écologiques à plusieurs niveaux. Nous avons ainsi développé une politique environnementale visant à réduire l’impact de nos activités sur l’environnement. Nos effluents à la brasserie sont biodégradables et nous avons une station d’épuration pour traiter les eaux usées. Nous sommes donc en conformité avec la législation. Nos emballages PET (NdlR : Polyéthylène téréphtalate - un plastique rigide), en carton et en plastique, ainsi que nos cannettes sont recyclés. Nous faisons extrêmement attention à l’émission de dioxyde de carbone et de gaz à effet de serre. Nos déchets carton/plastique sont repris par des usines qui recyclent. Nous maintenons aussi le système de consigne sur nos bouteilles en verre. Si c’était du jetable, ça aurait été vraiment catastrophique. L’île est trop petite pour instaurer une politique de verre non retournable. Notre verre est recyclé à la Mauritius Glass Gallery. Les sous-produits de notre fabrication sont vendus comme aliments pour le bétail. Notre gaz carbonique est récupéré de la fermentation et réutilisé pour la production. Donc, nous ne réchauffons pas la planète dans notre système de production.
Il n’est pas interdit de penser que le peuple mauricien s’est identifié dans une certaine mesure à la bière Phoenix. Comment la diversité de la nation mauricienne se reflète-t-elle au niveau de la consommation de bière et de l’ensemble des boissons alcoolisées et non alcoolisées de la société ?
Le Mauricien est très familial, très social. À Maurice, nous vivons pour la plupart en fa- mille et c’est très important de passer du temps de qualité avec nos proches. Toutefois, la boisson de manière générale fait partie de ces moments d’échange et de partage. Nos boissons ont aujourd’hui transcendé toutes les barrières sociales et parlent à tous les Mauriciens. Cepen- dant, j’aimerais lancer un appel à la population : il faut boire modérément, intelligemment, socialement. Et surtout ne pas prendre le volant sous l’influence de l’alcool.
Parcours d’un passionné, Maître dans l’art de la brasserie depuis 41 ans
Sa mission consiste à transformer l’orge en bières de qualité, reconnues et récompensées à travers le monde. Gervais Rambert a fêté, le 11 février, ses 41 ans de service à PhoenixBev. Au début de sa carrière au sein de cette société, il travaillera «de ses mains» en tant que Trainee Operator. La compagnie, alors Mauritius Breweries, lui permettra de faire des études et de suivre des programmes de formation en Europe. Il détient un certificat de l’académie de Diageo, à Londres, et un autre de St James’ Gate Brewery à Dublin. Il obtiendra également un diplôme de l’École supérieure d’agronomie et des industries alimentaires en France et un autre de la VLB Institute and Research de Berlin, en Allemagne. Celui qui est né un 20 mars 1956 fera ses premières armes dans diverses brasseries européennes, notamment Guinness Park Royal, en Angleterre, ainsi que Le Pêcheur, Meteor et Kronenbourg, en France. Maître-brasseur chez PhoenixBev depuis 1992, ce père de trois filles et grand-père à deux reprises indique avoir aussi lancé la brasserie de Sri Lanka, United Breweries Lanka, en mars 1998. Gervais Rambert est le fils d’un directeur d’usine, notamment celles de BeauChamp et de Ferney. Il avoue que c’est l’élément qui explique sa passion pour la production. À l’approche de ses 62 ans, Gervais Rambert garde toujours la grande forme. Quand il n’a pas le nez dans ses cuves, il aime s’adonner à une partie de chasse, de pêche ou de football, ou encore passer du temps avec sa famille de laquelle il est très proche.
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