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Une «Padwoman» mauricienne pour Rodrigues
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Une «Padwoman» mauricienne pour Rodrigues
Elle fait un tabac en Inde. Surtout depuis la sortie du film bollywoodien Padman, il y a trois semaines. La machine qui fabrique des serviettes hygiéniques bon marché a révolutionné la vie de nombreuses femmes, qui n’avaient pas les moyens de s’en acheter. Parmi elles, des Rodriguaises. En effet, cette machine, au coût de Rs 420 000, a été importée à Petite-Butte, Rodrigues, par la travailleuse sociale Anooradah Pooran. D’ailleurs, cette dernière compte l’introduire à Maurice, en mars.
En effet, la travailleuse sociale a déjà entrepris des démarches en ce sens. Elle ne donnera pas plus d’informations sur ce projet pour l’heure. En attendant, elle continue à fournir les matières premières aux Rodriguaises pour qu’elles fabriquent des serviettes. Une aventure qui a commencé il y a huit ans.
C’est en 2010 qu’Anooradah Pooran a fait la rencontre du fabricant de cette machine, Arunachalam Muruganantham, lors d’un atelier de travail en Inde. Le vrai «Padman» a présenté sa machine et a donné les raisons qui l’ont poussé à la fabriquer (voir plus loin). Une idée germe alors dans la tête de la présidente de l’Association pour l’éducation des enfants défavorisés: proposer le même service à des femmes à Maurice. «Mais je ne savais pas où est-ce que j’allais l’installer», raconte-t-elle.
Deux ans plus tard, elle se rend à Cité Patate, Rodrigues, pour offrir des repas à des collégiens de la région. Elle réalise que le taux de réussite chez ces jeunes, notamment chez les filles, était faible. «Lorsque j’ai voulu en savoir plus, j’ai appris que les adolescentes ne se rendaient pas au collège lorsqu’elles avaient leurs règles. Leurs parents n’avaient pas les moyens d’acheter des serviettes hygiéniques», relate Anooradah Pooran.
Dès cet instant, la travailleuse sociale a su où elle allait installer la fameuse machine. Elle a alors pris contact avec Arunachalam Muruganantham et a écrit un projet à l’intention du Decentralised Cooperation Program de l’Union européenne. Ce qui lui a permis de bénéficier d’une subvention pour importer la machine.
Anooradah Pooran s’est aussi rendue à Chennai pour apprendre à utiliser la machine. Car elle comptait embaucher un groupe de femmes et leur apprendre à l’utiliser. La travailleuse sociale a également acheté des matières premières qu’elle leur a offertes pour la fabrication des serviettes hygiéniques.
Cependant, avoue la travailleuse sociale, cela n’a pas été facile de convaincre les habitantes de Cité Patate, qui étaient principalement des piqueuses d’ourite et des pêcheurs. À un moment, elle s’est même demandé si elle avait pris la bonne décision d’introduire cette machine dans cette localité.
«Ce qui m’a rassurée, c’est d’apprendre que lorsque la ma- chine a débarqué à Rodrigues, des femmes sont, de leur propre chef, allées la chercher.» Ces dernières, dit-elle, ont même assisté à son installation au centre communautaire de Petite Butte. «Cité Patate n’était pas dotée d’infrastructures adéquates pour pouvoir l’abriter», se souvient-elle.
Anooradah Pooran leur a alors montré comment utiliser la machine et a fait d’elles des femmes polyvalentes. Elles sont maintenant une vingtaine. Elles connaissent toutes les différentes étapes de la fabrication de serviettes hygiéniques. Ces serviettes sont ensuite distribuées gratuitement aux collégiennes qui, dit-elle, «utilisaient de vieux vêtements en guise de protection».
L’histoire du «Padman»
Touché par le fait que sa femme ramassait de vieux vêtements et des journaux pour s’en servir lorsqu’elle avait ses règles, Arunachalam Muruganantham a essayé de confectionner des serviettes hygiéniques de ses propres mains. Ce, à l’intention de son épouse et de ses sœurs. Mais ces dernières n’ont pas coopéré. L’Indien s’est alors tourné vers d’autres volontaires. Mais le sujet étant tabou, ces femmes, gênées, hésitaient d’en parler. Du coup, Arunachalam Muruganantham n’a eu d’autre choix que d’essayer son invention sur lui-même… en utilisant une vésicule de sang animal ! Ce qui a fait de lui la risée de Coimbatore, où il habite. Mais cela ne l’a pas découragé pour autant. Après deux ans d’essai, Arunachalam Muruganantham a réalisé que les serviettes hygiéniques sont faites à partir de fibres de cellulose et non du coton, comme il le croyait. Une découverte qui l’a alors conduit à construire une machine à un prix abordable, soit à 65 000 roupies indiennes. Depuis, ses machines sont utilisées en Inde comme à l’étranger.
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