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Ashit Gungah: «Le Petroleum Hub se fera dans le respect de l’environnement»

24 février 2018, 20:00

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Ashit Gungah: «Le Petroleum Hub se fera dans le respect de l’environnement»

Le gouvernement attend les rapports suite aux études de faisabilité autour du port pétrolier à Albion. Mais réaffirme sa détermination à faire de Maurice un centre régional pour le «bunkering».

Après que le Cabinet a pris note de la mise en place d’une OilTerminal Jetty à Albion en janvier, quelles sont les avancées depuis ?
Permettez-moi de donner quelques éclaircissements sur ce projet. En ligne avec la Vision 2030 du gouvernement, pour développer Maurice comme un centre pétrolier et de bunkering, on a pris la décision d’augmenter substantiellement notre capacité de stockage de produits pétroliers. Nous avons l’ambition de développer un port pétrolier dans le pays. En 2002, dans le Port Master Plan, il avait été recommandé qu’Albion soit réservé pour un développement portuaire, principalement pour les produits pétroliers.

Albion est idéal de par sa position géographique. La profondeur des eaux dans cette région permet aux gros tankers de s’approcher des côtes mais il est nécessaire d’avoir une jetée, ce qui requiert un énorme investissement. Le gouvernement indien va nous aider en ce sens.

Des tankers, avec une capacité de 500 000 tonnes métriques, seront construits en deux phases pour l’exportation dans la région. Le gouvernement va de l’avant avec ce projet qui sera mis en oeuvre par un JointWorking Group comprenant la State Trading Corporation (STC), Mangalore Refineries and Petrochemicals Ltd et Indian Oil.

On a requis les services des firmes internationales pour faire des detailed feasibility studies sur le projet. C’est à la suite des rapports qui seront soumis dans quelques mois que nous prendrons une décision finale. Il y a environ 30 000 bateaux qui passent dans la région et Maurice doit en tirer les bénéfices économiques à travers le bunkering et d’autres activités portuaires.

Si d’autres pays ont réussi à le faire, vu notre position géographique, Maurice a aussi le potentiel de réussir dans ce domaine. Nous sommes passés de 250 000 tonnes métriques de bunker fuel à 300 000 tonnes métriques en une année. Notre but est d’atteindre un million de tonnes métriques annuellement. Je suis confiant que nous pouvons relever ce défi.

Le contrat pour la construction sera-t-il alloué avant la fin de 2018 ?
D’abord, il nous faut attendre la soumission des detailed feasibility studies qui seront ensuite analysées et, éventuellement, lancer les appels d’offres. Je ne peux affirmer quand la construction débutera mais on souhaite avancer rapidement tout en respectant le délai pour la soumission des rapports techniques.

Le collectif «Say No To Petroleum Hub» maintient que c’est un danger pour la région, avec risque de marée noire. Qu’est-ce que le pre-feasibility study a démontré ?
Je l’ai précisé et je précise encore une fois : le Petroleum Hub se fera dans le respect de l’environnement. Plusieurs ports dans le monde pratiquent des activités liées au commerce du pétrole et les risques de marée noire sont très minimes.

Savez-vous que l’archipel des Seychelles, qui est un pays touristique, a des stockages de produits pétroliers et plusieurs tankers, ce qui lui permet de faire des activités de bunkering et d’exporter vers d’autres pays ? Nous allons prendre toutes les précautions qui sont internationalement reconnues. Notre gouvernement s’est engagé à maintenir Maurice comme une destination touristique sûre et attrayante.

Par ailleurs, vous avez annoncé l’achat de deux pétroliers. Où en sont les choses ?
Cette décision implique beaucoup d’éléments, notamment financiers, techniques et opérationnels. Une première étude technique sur les spécifications a déjà été soumise à la STC. Je dois dire que c’est très technique vu que nous importons sept types de produits pétroliers. Maurice doit avoir deux pétroliers, l’un pour le white et l’autre pour le black oil. Les études se poursuivent. Avec ces tankers, nous aurons une meilleure gestion de nos opérations, nous ferons plus d’économie sur le fret et nous ne serons pas à la merci des compagnies de bateaux internationales.

«Maurice n’a pas de stockage confortable pour gérer une situation de force majeure.»

Quelles leçons avez-vous tirées après l’épisode des produits pétroliers bloqués en Inde, en décembre ?
Il nous faut être prêt à tout et toujours avoir un plan B. Nous avons une bataille juridique en Cour suprême, à Maurice, et aussi à la Haute cour du Karnataka. Je laisse le soin à la population de tirer ses conclusions sur l’action de Betamax à Karnataka, qui aurait pu causer une pénurie si nous n’avions pas pris des actions rapidement.

Avec l’aide des pays amis, on a surmonté l’obstacle de Karnataka et on a pu maintenir l’approvisionnement continu sur le marché local. Les décisions réfléchies et responsables qui ont été prises nous ont fait éviter une pénurie qui aurait pu déboucher sur une crise sociale. Imaginez un pays sans produits pétroliers ?

Il faut noter que Maurice n’a pas de stockage confortable pour gérer une situation de force majeure pour l’approvisionnement en produits pétroliers. C’est le gouvernement actuel qui a fait démarrer le projet de stockage de 25 000 tonnes à Mer Rouge. La pose de la première pierre a été faite en décembre 2016. Et nous espérons pouvoir faire l’inauguration en avril cette année.

Ce stock permettra d’avoir une marge de sécurité de plusieurs jours et je dois dire que le stockage d’essence et de diesel que nous aurons à Albion rendra la situation encore plus confortable. Nous n’aurons aucune crainte de rupture de stock.