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Accaparement des plages: vague d’indignation
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Accaparement des plages: vague d’indignation
Les semaines se suivent et se ressemblent. Plusieurs de nos plages sont envahies par des «projets», des piquets, du béton. Au grand dam des Mauriciens qui ont, dans leur coeur, une place spéciale pour ces étendues de sable fin. État des lieux.
Pomponette : sonnette d’alarme
La plage est méconnaissable. Défigurée par des panneaux érigés en barrière. Plus loin, un «fencing», qui n’a rien de naturel malgré le vert et qui empêche les gens d’accéder à la plage. Le chantier est désert, tout comme la plage en ce vendredi. Pour cause, en janvier, des groupes armés de sabres chassaient ceux qui osaient contester le projet… Sur la face ondulée des feuilles de tôle, des instructions à n’en plus finir. «Site under construction», «Danger» ou encore «Private Property. No Trespassing».
La guerre est déclarée en novembre 2016. La plage de Pomponette a été déproclamée et «offerte» à Clear Ocean & Resorts pour la construction d’un hôtel. Projet contre lequel s’érigent les membres du collectif Aret Kokin Nu Laplaz et bon nombre de Mauriciens.
L’argument du ministre du Logement et des terres d’alors, Showkutally Soodhun : cette plage avait été déproclamée en 2003. N’empêche qu’il a lui aussi signé le document signifiant la déproclamation en août 2016, entérinant une décision de l’ancien régime. Aret Kokin Nu Laplaz demande désormais au promoteur d’effectuer un nouvel Environmental Impact Assessment, celui sur lequel il se base actuellement ayant été fait pour un autre promoteur et est, de ce fait, expiré.
Pointe-d’Esny : piqués au vif
Une femme et son fils chassés de la plage car ils faisaient un pique-nique… C’est une scène à laquelle nous avons eu droit en janvier 2017. Cette année, soit en 2018, des piquets ont été installés devant le club nautique, dans le lagon. Résultat : une déferlante d’indignation. Car après que l’on a «grignoté» les Pas géométriques, c’est maintenant la mer qui est interdite d’accès. Cette photo avait été prise à marée haute. Lorsque celle-ci baisse, les piquets se retrouvent sur le sable et marquent l’emplacement des bateaux. Ils sont placés à quelques centimètres de l’eau, ne laissant qu’un petit passage pour ceux qui souhaitent profiter de la plage. Quant au panneau «No Picnic», il est allé voir ailleurs. Ce n’est pas pour autant que les Mauriciens ne se font pas chasser de temps en temps…
Gris-Gris vert de rage
Sans crier gare, des pelleteuses sont apparues à Gris-Gris, en novembre 2017. L’idée : y construire une promenade en béton. Face à la levée de boucliers des habitants, les travaux ont été suspendus, mais reprendront très bientôt.
Toutefois, on ne sait plus trop ce qui s’y trame. «On a parlé d’installation de bancs sur la plage, en bas, après, puis on a dit que le projet a été modifié. Nous n’en savons pas plus», déplore Carina Gounden, une habitante de la région et membre du groupe Aret Kokin Nu Laplaz. Du côté des autorités, motus et bouche cousue. Une source au sein du conseil de district de Savanne fait savoir qu’il n’a pas son mot à dire dans cette affaire.
En attendant que les responsables sortent de leur carapace, les tortues de mer qui viennent y pondre leurs oeufs, elles, risquent de trinquer. Quand on sait que Maurice est signataire de la convention internationale en ce qui concerne la protection de cette espèce…
Blue-Bay voit rouge
Un beau jour, en janvier 2017, un panneau «No entry» a fait son apparition dans l’une des ruelles menant à la plage. Une chaîne empêchait d’accéder à cette ruelle. Aujourd’hui, le panneau est toujours là, mais il est totalement illisible, tout comme les autres qui sont plantés sur la plage.
«Pour éviter les ennuis, nous n’empruntons pas cette rue, nous la contournons», confie Daniella, qui était à la plage vendredi. Elle habite la région et explique que le même panneau est installé à l’autre bout de la rue. Les gens ont-ils des soucis quand ils l’empruntent ? Elle n’en sait rien mais préfère éviter les ennuis.
En attendant, en janvier 2017, un responsable du syndic d’une des résidences qui se trouvent dans cette rue avait affirmé que le panneau a pris racine là après qu’ils ont obtenu toutes les autorisations nécessaires. Un préposé à la Road Development Authority faisait, lui, valoir qu’une route qui se trouve sur un terrain privé peut-être, eh bien privatisée... Tout en précisant qu’il en existe très peu à Maurice.
Quelques mois auparavant, soit en juillet 2016, 247 mètres carrés de cette plage avaient été déproclamés au profit d’un hôtel…
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