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Les premiers drones made in Cameroun montés par une start-up ambitieuse
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Les premiers drones made in Cameroun montés par une start-up ambitieuse
Il est peut-être l’Elon Musk africain de demain: William Elong, 25 ans, vient de créer les tout premiers drones «made in Cameroun» et a de grandes ambitions pour sa jeune start-up.
Il n’est diplômé ni en informatique ni en robotique, mais titulaire d’un seul MBA acquis en France. Aujourd’hui, à la tête d’une dizaine de personnes, il réfléchit aux technologies de demain, dans son atelier de Douala, la capitale économique du Cameroun.
«Le savoir-faire est ici, au Cameroun», assène-t-il, comme une réponse à l’exode massive des Africains francophones vers l’Europe, que beaucoup voient comme un eldorado pour les études et l’emploi.
Dans le quartier général de «Will and Brothers» de Douala, établi au sixième niveau d’un immeuble chic de Bonanjo, le quartier administratif où se trouve aussi le siège de la plupart des grandes banques du pays, William Elong mène ses troupes.
Ce jour-là, deux prototypes en cours de fabrication sont posés sur une table à l’intérieur de l’atelier de montage des drones. Deux jeunes ingénieurs vêtus de blouse blanche poursuivent méticuleusement l’assemblage d’un des prototypes.
«Lorsque tous les composants sont disponibles, nous sommes en mesure d’assembler un drone comme celui-là en 24 heures», précise-t-il.
Car c’est devenu la fierté de l’entreprise au Cameroun: outre la performance technologique, la rapidité de montage des drones concurrence les plus grandes entreprises américaines, selon eux.
«Les débuts étaient extrêmement compliqués. Mais nous avons une équipe dynamique, autonome et à la pointe de la technologie grâce à laquelle nous avons trouvé la solution au montage des drones», souligne Yves Tamu, directeur technique de la startup.
Fierté nationale
L’équipe, composée principalement d’ingénieurs et de développeurs, a mis deux ans, marqués par des échecs et le doute, avant de réussir à faire décoller ses premiers drones.
«Will and Brothers fait la fierté du Cameroun», a affirmé début février Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications, s’exprimant devant des journalistes à l’issue d’une cérémonie gouvernementale de présentation des drones made in Cameroun.
La conception de ces appareils est «la démonstration de la capacité d’innovation de la jeunesse camerounaise», a-t-elle ajouté, précisant que cette jeunesse avait néanmoins «besoin d’un environnement approprié et d’un écosystème adapté».
Au Cameroun, les jeunes innovateurs se heurtent généralement aux problèmes de financements de leurs projets et, aussi et surtout, au scepticisme ambiant.
«Les gens ne croient en rien. Quand vous dites que vous voulez créer une intelligence artificielle ou des drones, les gens n’y voient pas d’intérêt», estime M. Elong, regrettant qu’il n’y ait «pas beaucoup d’Africains impliqués» dans le financement de son projet.
Et pourtant, 200.000 dollars ont été levés à la création de la société qui mise sur une deuxième levée de fonds pour obtenir deux millions de dollars supplémentaires. Aujourd’hui, tous les financements de la startup sont occidentaux.
Afro-centrisme
Le rêve du promoteur des drones camerounais ? «Vendre des drones au Vietnam, au Venezuela, au Danemark par exemple, et devenir une des plus grandes entreprises mondiales dans le secteur».
Pour William Elong, il faut «sortir de la vision afro-centriste du business» et «comprendre que quand on a une vision globale, mondiale, ça inclut l’Afrique».
L’entreprise est déjà présente en Côte d’Ivoire et envisage l’ouverture de bureaux en France et aux Etats-Unis.
Mais pour le jeune patron, l’assemblage des drones ne représente qu’à peine «10%» de ses visées, le développement de l’intelligence artificielle étant le but majeur à atteindre.
Aussi, sa start-up a mis au point une intelligence artificielle baptisée Cyclop qui permet au drone de détecter des personnes, des objets, des véhicules, et d’identifier différents types d’animaux, dans un lieu donné.
«L’intelligence artificielle c’est l’avenir de l’humanité», s’enthousiasme-t-il. Puis, rattrapé par la réalité, il ajoute: «Je suis sonné à quel point les gens ne s’intéressent pas à la technologie ici».
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