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Affaire Platinum Card: la présidente s’accroche

6 mars 2018, 09:10

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Affaire Platinum Card: la présidente s’accroche

Elle ne voulait pas être une présidente vase à fleurs… Mais l’affaire Platinum Card serait plutôt la goutte d’eau qui fait déborder le vase du gouvernement. Malgré les rumeurs dans la journée quant à l’éventualité d’une démission de la chef de l’État, à hier soir, le bureau de la speaker de l’Assemblée nationale n’avait reçu aucune communication de la State House.

Pourtant, un peu plus tôt, le Premier ministre avait explicitement déclaré à son Deputy Prime minister et allié, Ivan Collendavelloo, qu’il souhaitait le départ d’Ameenah Gurib-Fakim. Les révélations de l’express sur les dépenses de la présidence sont jugées comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, aurait dit Pravind Jugnauth à son partenaire.

Ivan Collendavelloo, qui participait à l’ouverture de la première moto-école dans l’après-midi d’hier, est vite reparti, entouré de ses gardes du corps. Il a lancé aux journalistes : «Avancez, avancez !» Pas de déclaration de la part du Premier ministre non plus.

Le malaise est palpable entre les partenaires. Si les deux hommes se sont entendus sur le départ de la scientifique, rien n’est moins sûr à propos du timing.

Le Premier ministre donne aujourd’hui le coup d’envoi des célébrations des 50 ans de l’Indépendance. D’ailleurs, le bureau du président indien, Ram Nath Kovind, invité d’honneur, serait en contact permanent avec le haut-commissariat indien à Port-Louis. Il aurait fait une demande de due diligence à la suite des événements de la semaine dernière.

«Déjà, depuis une semaine, toute l’attention est focalisée sur la présidence. S’il y a un rebondissement, comme une démission, tout cet événement historique sera éclipsé par un scandale», déplore un membre du gouvernement.

Malgré la prise de position d’Ivan Collendavelloo, plusieurs membres de son propre parti exprimeraient leur exaspération contre l’attitude d’Ameenah Gurib- Fakim. «Elle ne peut prendre le pays en otage, il faut qu’elle parte», commente cet élu du Muvman Liberater.

Dimanche, lors d’une réunion à la SICOM Tower, le Deputy Prime Minister avait déclaré à quelques-uns de ses proches collaborateurs : «Si elle part, je pars.»

D’aucuns pensent qu’Ivan Collendavelloo pourrait mettre sa menace à exécution. Mais a hier, il n’a montré aucune intention de démissionner.

L’affaire a jeté un froid au sommet de l’État. Pour ne pas envenimer les choses, il se pourrait que la présidente attende la fin des célébrations du 12 mars pour remettre sa démission.

La Barclays initie une enquête

<p>La nouvelle a été confirmée par Ravin Dajee, le <em>Managing Director </em>de la Barclays. La banque privée a initié une enquête pour savoir comment les documents bancaires d&rsquo;Ameenah Gurib-Fakim ont atterri dans les journaux. Et ce, le 28 mars, soit le jour de la publication des documents. À noter que de 2012 à 2015, la présidente a siégé sur l&rsquo;<em>Advisory Board </em>de la Barclays. On explique, dans les milieux, qu&rsquo;elle n&rsquo;était pas directement concernée par le <em>day-to-day running </em>de la banque, mais conseillait le conseil d&rsquo;administration sur les décisions.</p>

<h2>R.A.S dans le royaume d&rsquo;Ameenah Gurib-Fakim</h2>

<p>Alors que le pays attend une réaction de la part d&rsquo;Ameenah Gurib-Fakim quant à l&rsquo;affaire <em>Platinum Card</em>, cette dernière semble n&rsquo;en avoir que faire de la polémique. Hier soir, elle publiait sur son Facebook un article qu&rsquo;elle a écrit pour le <em>Diplomatic Magazine </em>et répondait même aux questions des internautes. Des questions qui n&rsquo;avaient rien à voir avec l&rsquo;affaire <em>Platinum Card.</em></p>

<h2>Salaire et Fringe Benefits</h2>

<p>Rs 296 000. C&rsquo;est ce que touche Ameenah Gurib-Fakim par mois en tant que présidente de la République. Elle reçoit aussi Rs 71 085 de <em>duty allowance. </em>Et a aussi droit à des allocations pour l&rsquo;essence, un chauffeur et un <em>clerk. </em>Sans compter qu&rsquo;elle ne paie pas d&rsquo;impôts.</p>

Les questions qu’on aurait voulu lui poser…

Voilà presque une semaine que l’affaire Platinum Card a éclaté. La présidente recommence son marketing sur Facebook. Cependant, elle n’a toujours pas répondu aux questions que l’express lui a adressées :

Qui alimentait le compte de la carte de crédit ? Vous affirmez n’avoir jamais été payée par le Planet Earth Institute, n’est-ce pas là une forme de rémunération ? Est-ce normal qu’une carte de crédit qui porte le nom d’une présidente de la République soit émise par une institution privée ? Surtout une carte avec un plafond de Rs 1 million ? Et d’un institut dont le fondateur est un investisseur hautement controversé ? La carte a été émise pour promouvoir le programme de bourses. Mais elle a surtout été utilisée pour vos achats personnels et de luxe. Y a-t-il une explication ?

On avait promis Oxford, Edimbourg ou encore Cape Town aux lauréats du Dr Ameenah Gurib-Fakim PhD Scholarship. Le 23 novembre, cependant, on leur explique qu’ils devront aller dans des universités moins prestigieuses à cause du Brexit et des émeutes en Afrique du Sud. Tous, sauf un, Tawseef Latona, fils de l’ambassadeur mauricien en Arabie saoudite, qui est, lui, en Afrique du Sud. Pourquoi a-t-il pu y aller puisque cette option avait été écartée à cause des émeutes ? Pourquoi les autres étudiants n’ont-ils pu aller dans ce pays ? Y a-t-il eu un souci avec le financement des bourses ? Quelle est votre version ? Pourquoi avez-vous utilisé cette carte pour vos dépenses personnelles ? Ne pensez-vous pas que pour assurer le respect de la présidence, vous devriez vous retirer ?

N’est-il pas bizarre qu’en plus, votre ex-secrétaire, Dass Appadu, soit allé travailler pour Alvaro Sobrinho ? Même si vous avez remboursé vos achats, n’est-il pas anticonstitutionnel qu’une carte de crédit soit émise à votre nom ?

Pouvez-vous prouver que vous avez remboursé ces achats ?

Qu’est-ce que la Platinum Card ?

Dans l’affaire Platinum Card mettant en cause Ameenah Gurib-Fakim, il est question de l’utilisation, à des fins privées, d’une carte Platinum (photo). Émise par la banque Barclays, c’est la deuxième carte de crédit la plus forte que propose l’enseigne anglaise, juste derrière l’Infinite, qui compile services et assurances optimales.

Carte «haut de gamme», comme le précise le site Internet de la banque, la carte Platinum permet d’effectuer des retraits et des règlements partout dans le monde. Avec, en prime, un assistant personnel joignable sept jour sur sept et 24 heures sur 24, jours fériés compris.

Dans la hiérarchie des cartes de crédit émises par Barclays, la Platinum Card se trouve à la deuxième place. Devant elle, il y a en effet l’Infinite, une carte de crédit aux services d’assurance et d’assistance les plus complets, allant de la couverture pour l’annulation d’un voyage à celle pour le vol de véhicule ou même pour cause d’invalidité en déplacement.

Au pied de l’arbre se trouve la carte de crédit Visa classique, qui permet d’effectuer des retraits et des règlements partout dans le monde, mais avec une assurance fonctionnant uniquement en cas de capital décès ou d’invalidité en déplacement. Reste la Visa Premier, située entre la Platinum et la classique, qui offre un service d’assurance tous risques minimum.

Mais attention à la confusion ! Contrairement aux Mastercard Platinum délivrées par la MCB, qui sont des cartes de débit, la carte utilisée par la présidente de la République était une carte de crédit. Ce qui signifie qu’elle n’était pas reliée directement à un compte courant mais à un fonds de liquidités alloué par le Planet Earth Institute.

Pas une centurion

Avec une limite de plafond fixée à Rs 80 000, la Platinum Card de la Barclays est bien loin des possibilités qu’offre une carte American Express Centurion. L’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam en était l’heureux propriétaire avant son arrestation dans l’affaire des coffres-forts, en 2015. Accusé d’avoir accepté des paiements en espèces excédant Rs 500 000, il cachait Rs 220 millions dans un coffre-fort chez lui ainsi que deux cartes American Express Centurion.

Des cartes qui n’ont pas échappé à l’attention des enquêteurs étrangers puisque c’est à la National Crime Agency britannique que l’enquête sur Navin Ramgoolam a été confiée en 2015. La particularité de la Black Card est simple : donnée sur invitation, elle est réservée aux individus gagnant plus de 1 million de dollars par an ; s’adresse à ceux qui dépensent plus de 250 000 dollars par an ; et offre un plafond illimité.