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Affaire Platinum Card: les deux visages de Pravind Jugnauth

10 mars 2018, 15:03

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Affaire Platinum Card: les deux visages de Pravind Jugnauth

Pendant 245 secondes ! C’est le temps qu’a duré la conférence de presse de Pravind Jugnauth après que les journalistes ont poireauté plus d’une demi-heure à l’extérieur. Le verbatim :

«Hier, j’ai rencontré la Présidente de la République à la State House, à la suite de sa demande. Et ce matin, on s’est rencontré de nouveau. La Présidente m’a dit qu’elle va démissionner de son poste et on est tombé d’accord. On est aussi tombé d’accord qu’on ne va pas annoncer la date, mais ce sera peu après les célébrations du 50e anniversaire de notre Indépendance. Mais ce sera définitivement avant la rentrée parlementaire. Pour moi, l’intérêt du pays passe avant tout. D’ailleurs, on est fier de l’image dont jouit Maurice dans le monde ; celui d’un modèle de démocratie vivante. Et c’est important qu’à quelques jours des célébrations de notre Indépendance, qu’on le fasse en toute sérénité, comme une seule nation, un peuple uni et fier de notre patrie. Nous aurons d’ailleurs des invités de marque, notamment le président de la République de l’Inde, le secrétaire d’État des affaires étrangères de France, le président de la région Réunion, le vice-président des Comores, entre autres, qui sont des pays de peuplement. Il est important que ces célébrations se passent bien et qu’on accueille nos invités de manière exemplaire, à l’image que les gens ont de notre pays. Vive la République de Maurice.» À la première question, le Premier ministre répond, avant de s’en aller : «J’ai dit que c’est une déclaration. Je ne répondrai pas aux questions.»

Qu’il ait eu le courage d’annoncer la démission de la Présidente, de prendre publiquement position contre elle alors que son père n’avait trouvé «rien de mal» dans le comportement de celle-ci, de menacer Ameenah Gurib-Fakim avec l’enclenchement des procédures pour une destitution, est une manière honnête de voir les choses.

Mais Pravind Jugnauth se débarrasse difficilement de l’étiquette de «leader mou» qui lui colle à la peau, en acceptant que cette même Ameenah Gurib-Fakim qui, pour lui, a donc commis une faute suffisamment grave pour démissionner, ait pu le forcer à un «compromis».

Pire, l’étiquette lui colle encore plus à la peau quand il refuse d’expliquer son raisonnement en face des journalistes. Ceux-ci se sont exclamés, avec raison, après cette «conférence de presse» : «Il aurait pu nous envoyer un communiqué de presse ou une vidéo enregistrée.»

Pourvu qu’Ameenah Gurib-Fakim ne soit pas en train d’abuser de ce deuxième visage de notre Premier ministre.