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Alain Soupe: l’ami d’Israël
Ancien capitaine de navire, Alain Soupe a pas mal bourlingué sur les cinq océans. Homme d’action, il vient de se lancer dans une nouvelle traversée qui n’a rien de maritime, mais qui s’apparente plutôt à la politique sur fond de spiritualité : celle de redorer l’image d’Israël auprès de nos compatriotes.
Il parle, s’agite et s’impose. Si Alain Soupe était un enfant, on lui aurait certainement diagnostiqué une pathologie d’hyperactivité. Il a toujours des anecdotes à raconter, une foule de souvenirs à partager et une énergie folle à dépenser. Mais il est avant tout un homme épris de liberté et de justice et se dit d’emblée être «un chrétien qui croit dans la Bible».
Il a le verbe facile et s’égare facilement dans des débats passionnés et idéologiques sur le destin d’Israël. En un rien de temps, il porte haut la passion du récit et de cette aventure humaine qu’il a entreprise voilà des années. Son parcours est, en tout cas, peu banal. À 12 ans, parmi ses amis du Saint Mary’s, dont Arvin Boolell, il savait déjà qu’il voulait prendre le large.
Remontons le temps. Alain Soupe est né en 1952 rue Abbé Mazuy, à Beau Bassin. Sa famille habite cette rue depuis 1923. C’est son arrière-grand-mère – la grand-mère de sa maman – qui a acheté le terrain. Cette aïeule, Laure Motenhattan, était la gouvernante d’une famille française à Madagascar. «Je ne sais plus si le nom Motenhattan existe encore à Maurice», nous dit-il. Et petit à petit, toute sa famille a construit son nid dans cette rue.
«J’ai été fouillé dans les archives», ajoute-t-il immédiatement. «La famille Soupe est à Maurice depuis 1775 ; nous étions esclaves d’un certain Monsieur de Kerverne qui résidait dans le nord de l’île. Mon grand-père, Eugène Soupe, est, lui, mentionné dans le livre d’archives de Medine Sugar Estate. Il était l’un des artisans pionniers à Medine. Mon père a également travaillé à Medine, puis il est parti en Afrique», raconte-t-il fièrement.
À 18 ans, il fait ses premiers pas dans la marine. Une longue et riche carrière jusqu’à sa retraite en mai 2017. Son initiation, il l’a d’abord faite à l’École maritime, celle qui se trouvait derrière le bureau du Parti travailliste au Square Guy Rozemont. Fin des années ’70, il a également vécu en Nouvelle-Zélande pour ses études de premier lieutenant et de second capitaine. Et c’est à Dublin qu’il a eu son Master Marina ; il avait alors 37 ans.
En 1971, il monte à bord de son premier navire qui avait pour nom ‘Ville de Curepipe’. Il a passé 28 ans en mer à faire le tour du monde. «C’était un métier excitant et j’adorais voyager. Au cours de ma carrière, j’ai commandé trois navires : l’Indo Océanique, le Flamboyant et l’Aldabra», relate-t-il. Il a longtemps travaillé avec les Britanniques en assumant les fonctions de lieutenant et de second capitaine.
Le premier pays que son navire a accosté sera La Réunion, le 22 décembre 1971. Puis, c’est un enchaînement de pays ; 72 au total. Des pays qu’il classifie comme the good, the bad et the ugly. «Le Canada, l’Australie, la Nouvelle- Zélande, l’Irlande, l’Angleterre, je les classifie dans la catégorie de ‘the good’. Alors que l’Inde, le Pakistan ainsi que les États-Unis, je les mets dans ‘the bad’. Aux États-Unis, je n’ai pas aimé voir les policiers déambuler avec leur revolver. En ce qui concerne ‘the ugly’, ce sont les pays où j’ai vu la guerre. J’ai vu la guerre de l’Irlande du Nord. J’ai vu le sang répandu par un ‘suicide bomber’ à Colombo ou encore les massacres perpétrés par Pol Pot», dit-il non sans une pointe d’émotion.
On le devine, Alain Soupe ne va pas s’arrêter. En mouvement toujours, il parle de ses souvenirs. Mais d’un coup, il nous raconte, avec pudeur et émotion, une anecdote qu’il a vécue à Liverpool en 1974. «C’était une journée en plein hiver, j’attendais un taxi, j’ai alors vu un enfant qui mendiait. Ce garçon demandait l’aumône et les gens se détournaient de lui. Il m’approche, je le regarde et je lui demande ce qu’il veut. Il me dit qu’il a faim. Il y a une roulotte à côté, je l’emmène et lui achète de quoi manger et il me montre sa famille. Il faisait froid, un froid qui vous transperce la peau et ces gens-là avaient à peine de quoi se couvrir», confie-t-il.
Un silence… Il s’arrête la voix brisée par l’émotion et ses yeux se remplissent de larmes. Même 43 ans après, cet épisode le plonge encore dans une grande tristesse. Depuis, il a été un fervent donateur et un membre de la Sailor Society en contribuant dix livres mensuellement.
Pour en revenir à sa carrière, après 28 ans à naviguer, il revient à terre pour des raisons personnelles. Nous sommes en 1999. Il est alors engagé comme pilote à la Mauritius Ports Authority (MPA). Son travail consiste à faire entrer et sortir les navires du port. Il y restera jusqu’en mai 2017. À la MPA, il ne se contente pas d’éclairer les navires ; il s’engage pour que ses collègues touchent un salaire décent. Cette lutte, même à la retraite, il la mène toujours et se bat contre toutes formes d’injustice contre les employés du port.
Cela n’est pas son seul combat. Alain Soupe se dit être un ami d’Israël depuis qu’il a 14 ans. Il est d’ailleurs aujourd’hui le président de l’Amicale Maurice - Israël. Ce pays, il l’a découvert juste après la guerre des Six Jours qui s’est déroulée du lundi 5 au samedi 10 juin 1967 et qui opposa Israël à l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. Mais sa première visite dans ce pays s’est faite en 2008. Depuis, il s’y rend régulièrement. Sa passion pour ce pays s’est intensifiée à travers ses lectures bibliques. Sur son bureau, nous pouvons apercevoir la Bible, la Torah, le Tanakh. Il a même transformé une chambre de sa maison en une petite Chapelle.
Ce pays, il l’a tellement dans la peau qu’il connaît parfaitement son histoire et nous la raconte dans le moindre détail. Mais pas que cela : l’histoire de la Palestine, de la Jordanie, en passant par Titus et l’empereur Adrien ou encore l’empereur Constantin pour finir par l’empire Ottoman, Lord Balfour, la conférence de San Remo en 1920. Alain Soupe, ce citoyen du monde, reste profondément attaché au passé.
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