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Au Blue Penny Museum: Kann so dimounn

26 mars 2018, 14:11

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Au Blue Penny Museum: Kann so dimounn

Hommage à la canne à sucre, mais surtout aux hommes et femmes qui ont arrosé de leur sueur cette «herbe géante». L’exposition gratuite Kann est à voir au Blue Penny Museum, au Caudan, jusqu’au samedi 12 mai.

Aller au-delà de l’histoire des domaines sucriers. Pour s’intéresser au travail des hommes et femmes qui ont arrosé de leur sueur la canne. Et récolter tous ces éléments qui constituent «l’image mentale que nous avons de la canne». Autant pour les objectifs de l’exposition gratuite Kann, visible au Blue Penny Museum, au Caudan, jusqu’au 12 mai.

«L’objectif n’est pas d’avoir une perspective historique de la canne», insiste Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum. «Quand on pense à Maurice en 1968, la référence c’est qu’il n’y avait que de la canne. Cinquante ans plus tard, il y a de quoi se demander quelle est l’image de Maurice sur le plan physique ? On s’aperçoit que la canne tient encore une belle place. Elle occupe toujours la majeure partie du territoire.»

Progression spectaculaire pour une plante qui n’est pas endémique de Maurice. Sur le plan botanique, la canne est une graminée. Une «herbe géante», ironise Emmanuel Richon.

«Canne et préjugés»

Selon lui, cette exposition (articulée autour des tableaux de Deepa Bauhadoor, les textes recensés par l’historienne Marina Carter, des photos anciennes et des objets liés à la canne) cristallise, «pas mal de rêves». Citant Petrusmok de Malcolm de Chazal, qui parle d’un peuple de géants qui vivaient dans l’île, Emmanuel Richon se plaît à imaginer, par-delà les anachronismes: «Je me demande si en introduisant la canne à Maurice, on n’aurait pas fait son jeu.»

Cette exposition comporte aussi un volet littéraire. Fruit d’un recensement à quatre mains (Emmanuel Richon et l’historienne Marina Carter) de «tous les textes qui ont un lien avec la canne ou le sucre». On y retrouve l’incontournable phrase de Malcolm de Chazal: «À l’île Maurice, on cultive la canne à sucre et les préjugés.» L’exposition met en exergue environ sept citations de l’auteur. La balade littéraire passe par des textes sur l’esclavage, l’engagisme. Des citations de Charles Darwin, Bernardin de Saint Pierre, Marcel Cabon, Voltaire, There is a tide de Lindsey Collen. «On voit qu’ils parlent beaucoup plus du travail des laboureurs que de l’histoire des domaines sucriers.» Des proverbes en tamoul et en telougou. Des histoires qui remontent jusqu’aux Mille et une nuits. «L’origine du mot sucre, vient de “sukkar”, un mot arabe. Le sucre intéresse la terre entière», constate Emmanuel Richon.

L’exposition montre également des outils du quotidien du coupeur de canne, un métier qui, avec l’industrialisation, est sur la pente descendante. Panga, serpe, lampon, le sac en goni retroussé pour servir de chapeau. Un fangourinier et une cheminée en sucre réalisée par Giovanni Catherine, l’un des voisins du musée, au Caudan, complètent la collection.

Pour ce qui est des photos, une collection de cheminées immortalisées entre 1935 à 1950 montre, «des usines qui sont déjà en ruines». On y retrouve «la première sucrerie à Grande Rosalie, Villebague», indique le conservateur. Photo qui date de 1948.

Plus loin, le regard est retenu par un cliché montrant un homme surveillant le travail de deux femmes, aux champs. La photo est en noir et blanc. Mais la situation a-t-elle vraiment changé ?

* Kann, exposition gratuite au Blue Penny Museum jusqu’au samedi 12 mai. Ouvert du lundi au samedi de 10 heures à 17 heures. Fermé le dimanche et les jours fériés.