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Rachat de la MauBank: les négociations butent-elles sur le prix de vente ?
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Rachat de la MauBank: les négociations butent-elles sur le prix de vente ?
«Il n’y a aucun empressement de la part du gouvernement de céder la MauBank à n’importe quel prix.» C’est le sentiment qui se dégage dans les milieux proches du bureau du Premier ministre (PMO). On sait d’ailleurs que Pravind Jugnauth suit de près les négociations du deal, lancé en octobre dernier et portant sur le rachat de cette banque par le groupe indien Hinduja.
L’exercice de due diligence terminé, la MauBank attend depuis peu une offre sérieuse de rachat venant de Hinduja. L’entité n’a pas encore chiffré son offre mais il ressort que les premières estimations avancées ici et là n’ont pas plu au Bâtiment du Trésor. Le PMO ne voudrait pas brader cette banque pour quelques miettes.
Du coup, les négociations seraient entrées dans une période de gel, même si les ponts ne sont pas totalement coupés. «Durant les 18 derniers mois, la MauBank a pu redresser sa situation financière, renouant avec la profitabilité et faisant provision pour les créances douteuses. Aujourd’hui, cette banque a potentiellement un bel avenir», explique une source de la banque.
D’où l’intérêt du groupe indien Hinduja de s’associer stratégiquement à cette institution bancaire, classée deuxième banque d’État après la SBM Ltd, et troisième banque domestique. D’autres sociétés lui ont aussi porté un intérêt ces derniers temps, notamment un Private Equity Fund d’USD 10 milliards, en février 2017.
Le groupe Hinduja s’appuie-t-il sur l’existence des prêts non-performants de quelque Rs 5 milliards pour justifier son prix de rachat ? Les spécialistes ont des avis partagés sur la question, estimant qu’un acheteur hésiterait avant de mettre son argent sur la table quand une banque a un taux de créances se chiffrant à plus de 30 % de la valeur de ses prêts alors que le taux dans l’industrie avoisine les 5 % ou 6 %.
Toutefois, ceux proches du dossier soutiennent le contraire et rétorquent que la banque dispose de garanties solides face à ces prêts non performants et qu’une fois les dettes recouvrées, la banque disposera d’un meilleur taux que celui recommandé par la Banque de Maurice. Pour les six mois se terminant au 30 décembre 2017, la MauBank a fait provision pour un montant de Rs 70 millions pour des créances douteuses, ce qui a occasionné des pertes nettes de Rs 40 millions. Pour la même période en 2016, l’institution avait réalisé des bénéfices nets de Rs 66 millions.
D’ores et déjà, il se précise que le groupe Hinduja, dont le siège social est à Londres, souhaiterait, si le rachat se précise, en devenir l’actionnaire majoritaire. Pour le moment, le pourcentage d’actions qu’il se propose d’acquérir reste inconnu, bien loin du chiffre de 75 % cité avec persistance dans certains milieux ces derniers jours.
L’intérêt du gouvernement pour ce rachat s’explique par le fait qu’il a injecté Rs 6 milliards dans la MauBank, ce au moment de sa recapitalisation en janvier 2016, quand l’ex-MPCB a fusionné avec National Banking Corporation (ex-Bramer Banking Corporation) pour devenir la MauBank. Mais aussi parce qu’il a participé au sein du capital de l’ex-Bramer Banking Corporation au moment de sa reprise par l’État suivant l’écroulement du groupe BAI. Aujourd’hui, le gouvernement souhaite récupérer une partie de ces investissements financés par l’argent des contribuables.
La MauBank compte s’appuyer sur ce partenariat stratégique, si le deal est concrétisé, pour passer à un autre palier de son développement, notamment en doublant ses parts de marché d’ici trois à quatre ans. «La MauBank a une valeur comptable de Rs 3,1 milliards mais il faut compter sur ses dépôts, qui se chiffrent à plus de Rs 30 milliards, et de la valeur que le nouveau partenaire stratégique y apportera», laisse entendre une source de la direction de la banque.
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