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Affaire Gaiqui: «Ki imiliasion pé vinn kozé?» s’insurge Roselle Gaiqui

4 avril 2018, 08:00

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Affaire Gaiqui: «Ki imiliasion pé vinn kozé?» s’insurge Roselle Gaiqui

«Okenn minis pa dormi déryer lédo mo mari! Sa kalité mark gro blé li ti éna-la pa kapav koz imiliasion!» Roselle Gaiqui frémit de colère en repensant aux propos du ministre mentor, hier, mardi 3 avril, au Parlement. 

Lors de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui portait sur la brutalité policière, le ministre mentor a révélé que «la Police Complaints Division de la Human Rights Commission a conclu qu’il n’y a pas eu de brutalité policière mais il y a eu une forme d’humiliation» dans le cas de David Gaiqui. Ce père de famille avait été enchaîné nu à une chaise par des officiers de la Criminal Investigation Division de Curepipe, le 26 janvier. Sa photo avait fait le tour des réseaux sociaux.

«Zot finn tortir li ek tromatiz li ek so fami!» lance Roselle Gaiqui, hors d’elle. Celle qui dit avoir énormément souffert lorsque son mari a été arrêté sans raison, soutient qu’elle n’est pas d’accord qu’on vienne aujourd’hui parler d’«humiliation» alors que son époux a été «battu» et «torturé». Elle est catégorique : «Si pa ti éna avoka, mo mari ti pou fini mor! Ki imiliasion pé vinn kozé?»

«Ki sa kalité gouvernma-la sa?»

Du reste, fait-elle ressortir, même si une personne est coupable d’un délit, «ce n’est pas ainsi que l’on traite un humain». Et d’ajouter : «Ki sa kalité gouvernma-la sa?»

Revenant sur l’arrestation de son époux, Roselle Gaiqui rappelle que ce jour-là, les officiers n’étaient pas munis d’un mandat d’arrêt. Elle allègue, dans la foulée, que lorsque David Gaiqui a été conduit au poste de police de Curepipe, il aurait été témoin de brutalité policière envers deux autres détenus qui se trouvaient sur place. Avant qu’il ne soit lui-même passé à tabac… 

Elle s’insurge contre le fait qu’il aurait pu perdre son emploi après sa libération. Heureusement, dit-elle, «so patron enn bon dimounn konpréansib ek koné ki kalité dimounn li été», ce qui fait qu’il a pu conserver son emploi.

La famille Gaiqui ne compte pas en rester là. Elle souhaite que justice soit faite et que les coupables paient. David Gaiqui aurait demandé à identifier ses «agresseurs», affirmant pouvoir tous les reconnaître. Et même la Woman Police Constable qui aurait conseillé à ses collègues d’y aller «molo-molo» en le tabassant.  

«Il s’agit de torture et de brutalité»

De son côté, Me Anoup Goodary, commentant les réponses de sir Anerood Jugnauth à Xavier-Luc Duval, n’en démord pas. «It’s a genuine historical cover-up!» L’homme de loi se demande comment on peut mettre l’accent sur l’humiliation causée par le «strip and search», alors que son client a porté plainte pour torture. «Il n’a jamais été question de strip and search qui est allé trop loin. Il s’agit de torture et de brutalité. Le mot torture devrait pourtant susciter davantage de questions mais on se résout à parler d’humiliation et de fouille corporelle.» 

Pour Me Anoup Goodary, les autorités devraient «envoyer un vrai signal à ces brebis galeuses comme elles les appellent elles-mêmes». D’autant que jusqu’à présent, fait-il ressortir, la population n’a pas une bonne image de la police. 

Et d’enfoncer le clou. Si l’affaire Gaiqui avait été prise plus au sérieux dès le début, la famille Pachee n’en serait pas là aujourd’hui, martèle Me Anoup Goodary. «Il y a eu, il y a et il y aura d’autres cas similaires si un message fort n’est pas transmis aux membres de la police concernant la brutalité.» L’heure est grave, insiste-t-il. «C’est la vie humaine qui est en jeu.»