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L’hôtel The Residence: le ministère s’élève contre des «règlements anticonstitutionnels»
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L’hôtel The Residence: le ministère s’élève contre des «règlements anticonstitutionnels»
L’interdiction d’arborer le tika et l’obligation de porter des sous-vêtements couleur chair sont «anticonstitutionnelles et discriminatoires». Telle est la conclusion du State Law Office sur certains des règlements que la direction de l’hôtel The Residence, à Belle-Mare, impose à ses employés.
Après que les travailleurs ont protesté contre ces directives, le ministre du Travail et des relations industrielles, Soodesh Callichurn, a convoqué une réunion avec la direction de l’hôtel cinq-étoiles. Au centre des discussions: le refus de la direction d’enlever l’interdiction de porter le tika aux employées affectées aux fourneaux aux heures de travail. Le ministère s’élève également contre le règlement qui oblige les employés de l’hôtel à porter des sous-vêtements couleur chair.
Face au refus de la direction de l’établissement de se plier à ses exigences, le ministère du Travail et des relations industrielles a sollicité l’avis du State Law Office. En fait, ce genre de règlement n’est pas appliqué par les principaux groupes hôteliers de l’île, dont Beachcomber et Sun Resorts.
Entre-temps, le Sanata Hollistic Vidya Accademy du pandit Ved Gopee et l’Association des petits hôtels de l’île Maurice ont pris position pour réclamer l’abandon de ces règlements. La Federation of Progressive Unions a prévu, pour sa part, d’organiser une manifestation, le 20 avril, devant l’enceinte de l’hôtel, après avoir appris que des employées qui ont refusé d’obtempérer ont reçu des avertissements.
L’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice soutient, elle, qu’elle n’est pas concernée par cette affaire car The Residence ne compte pas parmi ses membres. De son côté, la Tourism Business Intelligence ne partage pas cette prise de position.
Quant à la direction de l’hôtel, elle maintient que ces règlements ont leur raison d’être. D’autres règlements imposés par cet établissement font obligation aux employés à ne pas porter d’anneau dans le nez, ou plus d’un anneau dans l’oreille, à porter une seule bague ou encore à appliquer un maquillage qui soit sobre et classique.
Bissoon Mungroo, président de l’Association des petits hôtels de l’île Maurice
«Absurde d’interdire le port du tika»
L’hôtel «The Residence», à Belle-Mare, a pris la décision d’interdire le port du «tika» aux employées affectées aux fourneaux. Quel est votre avis ?
Je dois dire que c’est un règlement illégal et immoral. On ne peut pas venir imposer un tel règlement dans un pays multiracial. Chaque personne à Maurice est libre de laisser apparaître sa croyance religieuse sur son corps et sur son lieu du travail. À moins que la nature de son travail exige que l’employé porte un uniforme.
Le tika et les anneaux au nez font partie des coutumes et de la culture ancestrales. Nous ne sommes pas à Singapour. Nous sommes à l’île Maurice.
Les hôtels qui font partie de votre association n’appliquent-ils pas ces règlements dans les cuisines ?
Un tel règlement n’existe pas chez nous. Je ne crois pas une seule seconde que le tika porté par une femme puisse tomber dans la nourriture de qui que ce soit. C’est absurde d’utiliser un tel argument.
Que se passera-t-il si les grands groupes qui sont dirigés par des ressortissants étrangers commencent à imposer leur culture sur les employés mauriciens ? La situation deviendra ainsi ingérable.
«The Residence» exige également de ces employés qu’ils portent des sous-vêtements couleur chair. Qu’en pensez-vous ?
Ces règlements sont vraiment absurdes. Quoi, on va vérifier maintenant chaque matin la couleur des vêtements des femmes et des hommes à l’hôtel ? C’est vraiment absurde. D’après mes renseignements, un seul hôtel à Maurice est en train d’appliquer de telles conditions.
Le ministère du Travail et des relations industrielles ne peut pas laisser passer cela. Il ne doit pas céder face à la direction de cet hôtel.
Sen Ramsamy, directeur général de la Tourism Business Intelligence
«Je suis pour ces règlements»
«Je suis en faveur de l’interdiction du port du tika dans la cuisine des hôtels. Avec la sueur, le tika peut se décoller du front d’une personne et tomber dans un menu destiné à un client de l’hôtel. Si cela arrive et que le client découvre le pot aux roses lorsqu’il est en train de manger, c’est l’image et la réputation de l’hôtel qui risquent de prendre un sérieux coup», a déclaré à l’express, vendredi 6 avril, Sen Ramsamy, directeur général de la Tourism Business Intelligence.
Il précise qu’il faut bien comprendre son point de vue. «Je ne suis pas en train de dire qu’il faut prohiber le port du tika sur l’ensemble de l’hôtel. Mais pour ce qui est de la cuisine des hôtels, là la situation est très sensible. L’hygiène doit être à son top niveau», fait-il ressortir.
Il dit se souvenir d’une situation où dans un hôtel cinq étoiles, à Dubaï, une goutte d’huile d’olive est tombée sur le sac à main d’une cliente. Cette dernière a fait un tel scandale que la direction a dû lui acheter un autre sac à main pour la somme de plusieurs milliers de roupies afin d’éviter que la réputation de l’hôtel ne soit ternie. «Imaginez maintenant si un client d’un hôtel cinq-étoiles aperçoit un tika dans son assiette. C’est l’image de l’hôtel en termes de respect des normes liées à l’hygiène qui va s’écrouler tout d’un coup.»
Dans la foulée, Sen Ramsamy affirme être contre également l’utilisation des anneaux au nez. «Si cela tombe dans une assiette, on peut dire bonjour les dégâts. Même les Mauriciens n’aimeraient pas retrouver un tika ou la pierre d’une bague dans leur assiette», fait-il remarquer.
En ce qui concerne la demande de l’hôtel The Residence pour que les employés portent des sous-vêtements couleur chair, Sen Ramsamy déclare que ce genre de règlement a pour but d’éviter les regards indiscrets. «Les vêtements que portent les employés reflètent l’identité de l’hôtel. Je n’ai pas de problème avec les règlements liés à la tenue vestimentaire des employés d’hôtel», a-t-il conclu.
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