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Samuel Mungly: de l’optique à la mécanique automobile

8 avril 2018, 23:20

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Samuel Mungly: de l’optique à la mécanique automobile

Au lieu de lui couper les jambes, son licenciement lui a donné des ailes. Émigré en France, Samuel Mungly s’est installé à Nantes, où il a fondé sa société de préparation esthétique automobile. Ce qui lui a valu le titre de «Meilleur jeune entrepreneur de la Loire Atlantique 2016». 

Tout n’a pourtant pas toujours été rose pour ce Mauricien originaire de Roches-Brunes, qui fêtera cette année ses 32 ans. Son père Alain était propriétaire d’un garage de carrosserie avant de se reconvertir en restauration de peintures et dans le vernissage de meubles pour particuliers et entreprises. Sa mère Hélena est femme au foyer et a élevé les trois enfants. 

Les fins de mois ont souvent été difficiles chez les Mungly. «Papa avait du travail six mois sur 12 et nous avons connu des fêtes de Noël sans cadeaux, des rentrées scolaires sans livres et des dernières quinzaines de mois où il n’y avait pas grand-chose à mettre sur la table», raconte-t-il par mail de Nantes, où il vit et où il a ouvert sa société nommée Sam Le Dauphin Lavage Automobile. 

Rêve secret

Samuel Mungly a fait ses études primaires et secondaires à l’école de Roches-Brunes et au New Devton College, respectivement. À un moment, il a envisagé d’intégrer la police pour aider sa famille. En attendant d’avoir une réponse positive, il travaille dans le garage de son père puis sur les chantiers avec ce dernier. Après quoi, il intègre des centres d’appels. 

Son rêve secret est de vivre en Europe. Par le plus pur des hasards, il reçoive une proposition dans le secteur de l’optique. Samuel Mungly débute alors en tant qu’aide laboratoire, puis il fait le tour de plusieurs showrooms de l’opticien jusqu’à être envoyé au magasin de Cascavelle, où il est bien vite nommé responsable d’optique. 

«Ma responsabilité était de m’occuper de la clientèle, du merchandising. Je gérais deux employés et je devais faire le maximum pour atteindre le chiffre d’affaires escompté et organiser des événements pour faire connaître le magasin d’optique, notamment organiser une soirée de charité et offrir des tests oculaires au cours de la soirée pour rendre la marque plus visible.» Sauf qu’il est licencié en juin 2013, parce qu’il a donné une place dans sa voiture de fonction à une personne qui n’était pas de la société qui l’employait. 

«Je ne crois pas en la chance»

Comme il a un cousin éloigné installé à Paris, Samuel Mungly décide de partir pour la France avec un visa de touriste et tenter de trouver une école de formation en optique. «Comme je ne crois pas en la chance mais en Dieu, je dirai qu’il était de mon côté. Je suis arrivé un vendredi et bien que j’aie eu mon admission dans une école d’optique le lundi, à la préfecture, on m’a dit qu’il n’était pas possible de convertir mon visa de touriste en visa d’étudiant et qu’il fallait que je regagne Maurice, à moins de trouver un stage dans l’optique.» 

Samuel Mungly, qui est un battant, se démèn comme un beau diable. Au bout de deux semaines, il réussit à trouver un magasin d’optique disposé à le prendre en alternance à ses études. Il suit une formation en la matière. Il ne reste pas longtemps à Paris, préférant la ville de Nantes, bon compromis entre la campagne et la mer et qui est malgré tout la sixième plus grande ville de France et pas trop éloignée de la capitale. 

Un jour, alors qu’il est dans son appartement à rédiger son curriculum vitae pour demander un stage dans une société d’optique, il remarque qu’en face de chez lui se trouve une importante société avec des voitures très sales garées devant. Il interroge certains des employés de cette entreprise et tous se plaignent de ne pas trouver le temps pour faire laver leur véhicule.

Activité innovante, économique et écologique

Se souvenant qu’il avait aidé son père dans le passé au temps où celui-ci avait un garage de carrosserie, il décide d’écrire un projet écologique basé sur un lavage économique de voitures avec une machine à vapeur qui ne consomme que quatre litres d’eau par voiture alors qu’un nettoyage classique au karcher gaspille 200 litres d’eau par voiture. 

Samuel Mungly soumet son projet à une association qui croit en lui et le finance en partie. Ce qui lui permet de s’acheter la machine à vapeur et une voiture car il entend aller chez les particuliers et auprès des entreprises qui n’ont pas le temps de se déplacer. Ceux à qui il propose ses services sont agréablement surpris par cette activité innovante, économique et écologique et y adhèrent. Si bien qu’au bout de six mois, il arrive à rembourser l’argent emprunté à l’association. 

Après réflexion, il décide d’étoffer son offre en y adjoignant les services de préparateur esthétique automobile. «Un préparateur esthétique automobile est avant tout un passionné de voitures. Sa mission est de les embellir, de les entretenir, de les rajeunir sans que leur propriétaire ait à dépenser des mille et des cents. Le métier de préparateur esthétique automobile consiste aussi à réparer les bosses sur une carrosserie, les impacts sur le pare-brise, les trous, taches et déchirures des sièges, à rénover les optiques de phares, les éléments de plastique usés, les jantes abîmées. Le rôle que je me suis aussi assigné est d’effectuer une évaluation basée sur plusieurs points de contrôle pour leur revente. J’ai décidé d’offrir le service complet.» 

Concours de Jeunes entrepreneurs

Outre ses souvenirs dans le garage de son père, le Net l’a aidé à mieux se préparer. Lorsqu’il a été prêt, il a ouvert sa société, «Sam Le Dauphin Lavage Automobile», l’évocation du mammifère marin étant à la fois une référence à l’eau et à son île natale. Cela lui a pris deux ans pour se faire connaître et aujourd’hui, il a un portefeuille de 3 000 clients. S’il a une dizaine de concurrents à Nantes, la plupart d’entre eux se soucient peu d’écologie et lavent toujours les véhicules au karcher. 

En 2016, il a participé à un concours de Jeunes entrepreneurs organisé par une compagnie privée Green Car Evening en collaboration avec le constructeur automobile Renault et l’association artisan automobile de la ville. Samuel Mungly a remporté le prix du Meilleur jeune entrepreneur pour la Loire Atlantique. Un titre que tout récipiendaire conserve pendant cinq ans avant de le remettre en jeu. 

Ce prix est, pour lui, «l’aboutissement d’un projet fonctionnel et l’occasion d’une plus grande visibilité auprès de particuliers, voire de fabricants automobiles». Samuel Mungly, qui aime bien relever les défis, a dans l’idée d’agrandir sa société et même d’ouvrir une branche dans une autre ville française dès cet été. «J’y travaille.» Croisons les doigts.