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Investissements directs étrangers: la sur-dépendance sur l’immobilier inquiète
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Investissements directs étrangers: la sur-dépendance sur l’immobilier inquiète
D’une année à l’autre, la tendance perdure. Il s’agit de la composition du Foreign Direct Investment (FDI) qui, depuis ces cinq dernières années, inquiète les observateurs. En effet, une analyse détaillée des différents secteurs qui attirent les investisseurs montre que c’est vers l’immobilier que se sont tournés plus de 51 % des investissements étrangers pour la période 2012 à 2017. C’est ce qui ressort des dernières statistiques, compilées par la Banque de Maurice (BoM), communiquées le 6 avril.
Rs 26,8 milliards sur un total de Rs 35 milliards
L’immobilier a attiré des investissements directs étrangers de Rs 8,7 milliards sur un total de Rs 14,2 milliards en 2017. Sur les trois dernières années (2015- 2017), ce secteur a engrangé Rs 26,8 milliards sur un total de Rs 35 milliards du FDI.
Les observateurs tirent la sonnette, arguant que ce sont des investissements non productifs et insoutenables pour l’équilibre économique du pays. Notamment pour assurer les besoins de financement de Maurice et pour équilibrer le Budget.
Effets limités sur la croissance
«Ce sont des investissements qui ont des effets limités sur la croissance économique et qui ne génèrent généralement pas d’emplois. De plus, ils n’agissent pas sur l’appareil productif du pays», analyse l’économiste Azad Jeetun.
Imritt Ramtohul, analyste financier, relativise cette concentration du FDI vers l’immobilier. Il affirme que celle-ci relève d’un contexte particulier lié au projet gouvernemental de lancer des Integrated Resort Schemes (IRS) en 2002. Du coup, compte tenu des concessions fiscales accordées à l’époque aux promoteurs d’IRS, le gros des investissements a été orienté vers ce secteur.
Investissement spéculatif
D’autres observateurs s’interrogent. Ils ne comprennent pas comment l’ex Board of Investment (BoI), aujourd’hui fusionné au sein de l’Economic Development Board (EDB), prônait une politique privilégiant des investissements dans un secteur moins improductif pendant aussi longtemps.
«On a fait que prendre des terrains pour les allouer à des promoteurs qui ont construit des villas de luxe pour ensuite les vendre à des gens fortunés étrangers. Cela n’a généré aucune activité car ces derniers n’habitent que quelques semaines à Maurice. Pire, ce sont des investissements spéculatifs», lâche un expert financier, qui a voulu garder l’anonymat.
Renouer avec une croissance forte
Comme on peut s’attendre, chez l’EDB, on s’en défend et précise qu’à l’époque, il y avait une urgence d’attirer du FDI pour permettre au pays de renouer avec une croissance suffisamment forte et durable pour pouvoir créer des emplois. Dès lors, il a fallu attirer des investissements. Tout en sachant que des investissements dans l’immobilier rapportent moins de gains, de productivité et d’expertise technique, comparés à des investissements dans des opérations à forte valeur ajoutée.
Intervenant récemment lors d’une conférence, le responsable du pôle chargé des projets immobiliers chez l’EDB, Sachin Mohabeer, chiffre à 4 000 le nombre de propriétés immobilières à travers le pays alors que la capacité de vente annuelle se situe entre 400 et 450. À ce rythme, il faudra, dit-il, une dizaine d’années pour assurer la vente de la totalité de ces propriétés. D’où la nécessité d’accroître la demande en élaborant une stratégie de marketing. À ce jour, les plus gros investisseurs dans l’immobilier sont les Français (44 %), suivis des Sud-Africains (30 %) et des Britanniques (10 %).
Renverser la vapeur
Certes, l’EDB tente ces derniers temps de renverser la vapeur en s’activant à diversifier les secteurs susceptibles d’attirer des investissements étrangers. La nouvelle stratégie du Board est d’attirer des investissements de qualité dans des secteurs d’activités porteurs de croissance.
Notamment les secteurs économiques traditionnels mais aussi ceux qui sont émergents comme le Business Process Outsourcing, les TIC, la construction, l’aquaculture, la manufacture, l’hôtellerie, les services financiers, l’enseignement supérieur ou encore la médecine high-tech.
Les autres secteurs
Les statistiques de la BoM confirment toutefois qu’hormis l’immobilier, les secteurs économiques générateurs d’emplois n’attirent même pas 5 % de la totalité du FDI. Par exemple, en 2017, le montant des investissements étrangers dans le secteur manufacturier n’a été que Rs 108 millions, soit 0,5 % sur un total de Rs 14,2 milliards. Les TIC n’ont attiré que 0,5 % du FDI et la construction, 7 %.
Ce qui amène les spécialistes à s’interroger sur le fait que malgré les nombreux roadshows, les secteurs comme la manufacture et les TIC n’attirent toujours pas d’investissements significatifs.
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