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Ken Fong: «Avec moi, pas de compromis: on marche droit, on respecte la loi»

29 avril 2018, 17:00

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Ken Fong: «Avec moi, pas de compromis: on marche droit, on respecte la loi»

Il a une confiance en lui tonitruante, une bonhomie qui confine parfois à la facétie et, jusqu’à tout récemment, un bon lot de commerçants courroucés sur le dos. Ce qui fait quelques raisons de faire connaissance avec le premier magistrat des villes sœurs, Ken Fat Fong Suk Koon, alias Ken Fong, alias mi-lion, mi-chaton…

Marchands et commerçants font-ils la loi dans votre ville ?

(Ferme) Jamais de la vie ! Et ils le savent. Je suis prêt à m’investir pour leur cause, d’ailleurs je l’ai fait à plusieurs reprises, mais il y a des limites à ne pas franchir. La loi, c’est nous, c’est les autorités. Avec moi, pas de compromis: on marche droit, on respecte la loi.

Pourquoi n’êtes-vous pas allé rencontrer les manifestants lundi matin?

Pour me faire agresser ? Me faire insulter ? Non merci.

Vous avez eu peur ?

Hein ?! Je n’ai peur de rien, ni de personne… sauf des films d’horreur.

Certains ont réclamé votre démission, vous le vivez comment ?

Ça m’attriste un peu. Au fond de mon cœur, je sais que je fais de mon mieux pour trouver des solutions. Après, les gens sont libres de s’exprimer, je ne leur en veux pas. Je reconnais que le chantier du Metro Express crée des problèmes mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

Les problèmes de stationnement engendreraient une baisse d’activités de 50 %, aux dires des marchands…

Ce chiffre reste à vérifier.

C’est du pipeau ?

Je ne cherche pas la confrontation, je m’attends que chacun y mette du sien. Auparavant, les clients se garaient en face du marché. Aujourd’hui, ils stationnent à trois minutes à pieds. Si j’écoute les marchands, cela fait trop loin, les gens ne veulent pas marcher trois minutes, il ne faut pas exagérer. Mais bon, on a été conciliant, on a dégagé une centaine de places supplémentaires, plus proches, en utilisant le parking municipal et une partie du stade. Ce problème est donc réglé. L’autre souci concernait l’espace dédié au débarquement et à l’embarquement des marchandises. Là aussi, c’est réglé : l’aire de débarquement est passée de trois à six camions.

Cela fait trois mois que la ville est en chantier, pourquoi les problèmes surgissent maintenant ?

À cause de la fermeture de la rue Duncan Taylor, samedi dernier. Ça a été l’élément déclencheur. Cette voie restera fermée un an et demi, il faut s’adapter. Je suis bien conscient des problèmes de circulation mais il y a une solution à tout et ces désagréments sont le prix à payer pour le développement. En 1986, quand on a construit la place Margéot, un Mauricien sur six possédait une voiture. Aujourd’hui, c’est un sur deux. Pendant ce temps, dans la ville, le nombre de routes n’a pas évolué. (Il interpelle le photographe qui le mitraille) Fodé to gayn mwa meg ladan la, pa gro !

Monsieur est coquet…

Je vais vous raconter une anecdote. Il y a trois semaines, lors d’une site visit au jardin Balfour, un monsieur s’approche gentiment et me dit : «Ou lékor pa parey ki dan television, ou pa osi gro» (rire sonore). Baaah je suis comme je suis, et cela me va.

Et puis, ça donne un petit côté Laurel et Hardy très sympa dans votre tandem avec Ivan Collendavelloo…

C’est vrai, on est comme le ciel et la Terre.

Mais Laurel et Hardy sont rarement d’accord.

Oui, mais l’un ne peut pas se passer de l’autre. On est pareils, Ivan et moi, très complices. Il nous arrive d’être en désaccord mais on se comporte toujours en gentlemen.

Vous êtes le premier maire du Muvman Liberater. Y a-t-il un style Ken Fong ?

Mon style c’est le travail, je suis un full-time mayor. Quand je suis devenu maire en 2015, je travaillais chez Lam Po Tang & Co comme sales representative. Cela fait bientôt trois ans que je suis en congé sans solde, je vis de mon allocation de maire.

Qui s’élève à combien ?

Je ne vous le dirai pas.

«Une administration ouverte et transparente» : vous vous souvenez de votre premier discours ?

(Sourire gêné) Je ne vais quand même pas révéler ce que je gagne.

Et pourquoi pas? C’est de l’argent public après tout.

Entre 25 000 et 30 000 roupies, je ne veux pas dire le montant exact. Je ne suis pas riche, vous savez.

Je vis dans une cité NHDC à Camp-Levieux depuis 1995. Je n’ai aucun autre bien, même pas de voiture. J’ai travaillé, travaillé… Chez Lam Po Tang, j’y suis depuis 25 ans. Je suis chien en astrologie chinoise et un chien est fidèle.

Mais un chien ça peut mordre…

Pas moi, je suis quelqu’un de calme et discipliné… mé pa vinn rod lamerdman.

En trois ans, qu’avez-vous réussi de mieux ?

J’ai remis l’administration de la ville à un niveau appréciable, un service aux administrés de qualité. On essaie d’améliorer la vie des habitants dans les six wards sans faire de folies, on dépense au millimètre près. Ce dont je suis le plus fier, c’est la réouverture de la salle des fêtes du Plaza.

Et votre principal échec ?

Je n’ai pas réussi à régler le problème des terrains vagues. C’est plus compliqué que ce que je croyais.

C’est-à-dire ?

On a une bonne cinquantaine de terrains laissés à l’abandon et dont les propriétaires n’ont pas été identifiés. Du coup, la mairie ne peut pas les nettoyer, la loi l’interdit, et ces sites deviennent des dépotoirs, des cimetières de matelas. Il faut amender la loi, je ne vois que ça. J’en ai parlé au précédent et à l’actuel ministre des Collectivités locales.

Pensez-vous avoir un bilan positif ?

Un bilan très très positif. Je suis le capitaine d’un conseil municipal qui fait du bon travail.

Mettez-vous une note sur dix.

Neuf sur dix. Pour avoir dix sur dix il faudrait pouvoir aller plus vite. Les lourdeurs bureaucratiques m’en empêchent: même pour installer un lampadaire il y a un tas de procédures à suivre.

Et pour avoir un ticket aux élections générales, quelle est la «procédure»?

(Rire) Plusieurs personnes sont venues me dire : «Monsieur le maire, vous êtes ticketable.» Si les dirigeants du parti me font confiance, pourquoi pas. Je n’en ai jamais parlé avec mon leader, d’autres le font à ma place, je n’aime pas ça. L’autre jour à une fonction quelqu’un l’interpelle : «Ivan, pa blié li pou éleksyon zénéral.». J’étais mal à l’aise : «Hey, pa koz sa isi.» Ivan m’a souri. Peut-être qu’il a cru que j’avais organisé le truc, mais non… (Son portable du siècle dernier l’interrompt pour la énième fois) C’est ma femme, elle m’attend pour dîner…

Concluons, je ne veux pas d’ennuis avec votre femme…

Je lui ai promis de rentrer dîner tôt parce que j’ai un congrès à 19 heures. Elle est très coopérative, vous savez : elle me suit dans les meetings, elle se sent concernée par la politique. Et je vais vous dire : ma femme n’est pas d’origine chinoise, c’est une Tamoule. Quand elle m’accompagne ça crée parfois des situations cocasses : «Ken, kot to madam?» comme si elle devait être chinoise. Mais attention, je n’ai rien contre les Chinoises… (il marque une pause) Vous n’allez pas écrire ça, hein ?

Et pourquoi pas ?

Ayo, pa fer sa ! Taler tou bann ti Madam sinoi vinn kosté divan mo laport !