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Port-Louis: ces vieux bâtiments qui jouent avec le feu

29 avril 2018, 21:30

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Port-Louis: ces vieux bâtiments qui jouent avec le feu

Port-Louis, ses rues qui grouillent de monde et de voitures. Tout autour, des bâtiments, des neufs, des anciens, d’autres très, très vieux. Certains ont, en effet, plus de 100 ans… La semaine dernière, quatre magasins «d’un autre temps», situés à la rue La Chaussée ont été la proie des flammes. Des questions dès lors : les vieux bâtiments respectent-ils les normes de sécurité ? Quelles sont les mesures prises pour limiter les risques d’incendie ? Tirons la sonnette d’alarme.

De nombreux vieux bâtiments à Port-Louis sont fait de bois, de pierre et de tôles.

«Je n’ai pas d’alarme à incendie, pas d’extincteur», affirme tout de go la gérante d’une boutique plus que centenaire. À voir la vieille bâtisse, on s’attend qu’il s’écroule à tout moment. Pourtant, la boutiquière indique qu’elle est impuissante face à cette situation. Puisque ce local, elle le loue. «Il appartient à une société et ‘ils’ ne nous permettent pas de faire de rénovation. Je n’ai même pas le droit de repeindre. Mais on fait avec, car le loyer est très faible ici et l’emplacement est idéal.» Qu’en est-il de l’assurance ? «Ki sann-la pou asir enn vié zafer koumsa ?»

Au centre de Port-Louis, se trouve un bâtiment qui date de 1887. Mais attention, elle a été rénovée en 1955, précise le locataire, qui y est depuis. «Pendant 50 ans, on était assuré à travers une certaine compagnie. Mais ensuite, on nous a fait parvenir une gentille missive pour nous dire que ce n’était plus possible, car le bâtiment était devenu trop vieux.» Fort heureusement, confie notre interlocuteur, il a pu trouver un autre assureur qui a accepté de «couvrir» le bâtiment grâce à l’excellent état dans lequel il se trouve. «Les tuiles que nous avons sur le toit viennent d’Angleterre et sont encore en bon état plus de 60 ans après les rénovations. Nous avons aussi notre fire certificate et bien sûr un extincteur.»

De nombreux vieux bâtiments à Port-Louis sont fait de bois, de pierre et de tôles.

D’autre part, «nous procédons à des vérifications régulières nous-mêmes chaque année. Personne n’a le droit de fumer à l’intérieur. Nous sommes également en règle avec le CEB afin de respecter les normes pour les vieux bâtiments. Nous avons installé le ‘RCD’ et des fils sont plus épais, afin d’éviter des incendies causés par les courts-circuits.»

«Un laisser-aller»

Pour un autre propriétaire, il est d’ailleurs hors de question de remplacer son vieux bâtiment historique par du béton. «C’est vrai que l’entretien coûte cher, mais c’est un cachet historique qu’il faut préserver. Le gouvernement devrait, par ailleurs, nous y aider.» Pour lui, toutefois, les lois concernant le non-respect des normes de sécurité ne sont pas assez sévères. «Dès qu’on a un fire certificate, on vient faire un tour, une inspection, après plus rien. Car ça va de soi que nous allons faire de notre mieux pour que tout ne parte pas en fumée alors il y a un laisser-aller.»

De nombreux vieux bâtiments à Port-Louis sont fait de bois, de pierre et de tôles.

Quoi qu’il en soit, la plupart des vieux bâtiments de Port-Louis n’abritent, désormais, que des commerces. Dans la majorité des cas, les locataires sont les mêmes depuis des décennies. Jadis, les marchands habitaient à l’étage et que leur commerce se trouvaient au rez-de-chaussée. «Maintenant, dans la plupart des bâtiments, l’étage est transformé en store car d’une part, déjà, l’entretien coûte trop cher et d’autre, les gens n’habitent plus dans le centre de Port-Louis», confie une Portlouisienne, âgée de 76 ans.

Son époux et elle comptent parmi les rares couples qui habitent encore la rue La Corderie. «Il fut un temps où il y avait de la vie dans le quartier. Mais peu à peu, les voisins sont partis. Moi, j’y vis depuis mon enfance, je ne pense pas qu’à mon âge je vais bouger.»

Elle espère, dit-elle, que ses souvenirs ne partiront pas en fumée.