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Crématoire: Vijay Potteeah, 40 années passées à «brûler» les morts

6 mai 2018, 15:58

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Crématoire: Vijay Potteeah, 40 années passées à «brûler» les morts

Il fêtera ses 70 ans aujourd’hui. Et Vijay Potteeah sourit à la vie, lui qui a passé les 40 dernières années à «brûler» les morts… Ce métier, ça vous change un homme.

Vijay Potteeah a bien conscience de la chance qu’il a. «Pa tou dimounn ki rési trouv sa laz-la ek anplis mwa, mo ankor marsé bien ek travay.» Le travail, le septuagénaire n’a que ce mot à la bouche. Ancien caretaker au sein du département bois et forêts, Vijay Potteeah bosse, aujourd’hui, dans un crématoire. «Mo fer sa dépi mo éna 30 an ek boukou fwa mo fer li kado pou dimounn.»

Assis là, sur une pierre, sous la grande varangue du crématoire des Salines, vêtu d’un pantalon et d’une chemise sans pli, mais maculée de cendre, il se confie. «Éna fwa ou lavé mem li pa sorti sa nwarla», indique-t-il en désignant ses talons. C’est un ami qui l’a initié au métier. «Il pratiquait ce métier et souvent, il me demandait de l’accompagner.»

Les esprits? Les superstitions? Vijay n’y prête pas la moindre attention. «Il n’y a pas beaucoup de gens qui acceptent de faire ce job parce qu’ils ont peur. Mais pas moi, je sais que je fais un travail noble.»

Vijay, ancien gardien de but des Hindu Cadets, précise-t-il fièrement, se remémore les nombreux souvenirs qui se sont entassés comme des morceaux de bois sur un bûcher funéraire au fil des ans. Sans parler de la coutume qui consiste à «pouss diab». «Kan fini met difé ou bizin atann pou lékor-la brilé net avan ou alé ek lerla mwa ek 2-3 dimounn pou bwar enn ti zafer pou fer létan-la pasé. Mé aster mo népli bwar.»

Indranee, l’épouse de Vijay, souligne, non sans fierté, que des gens habitant des régions lointaines viennent souvent solliciter les services de son mari. Même à 70 ans, le père de deux enfants espère pouvoir exercer son métier pendant longtemps encore. Jusqu’à ce qu’il aille, peut-être, rejoindre ceux qui sont passés dans «l’autre monde»…