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Police: faut-il une loi pour ces motards qui se croient tout permis ?
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Police: faut-il une loi pour ces motards qui se croient tout permis ?
Depuis le début de l’année, deux accidents impliquant des motards de la Very Important Person Security Unit (VIPSU) sont à déplorer. Le premier date du 12 mars. Jason Stéphane Adèle est décédé cinq jours après avoir été percuté par une voiture alors qu’il était en fonction. Ce motard escortait une délégation indienne. Pas plus tard que cette semaine, un motard escortant le Premier ministre a heurté la voiture qu’il suivait.
Alors qu’en septembre dernier, un autre motard de la police a été blessé après un accident impliquant une fourgonnette, à Bell-Village. Est-ce dû au fait qu’ils sont obligés de slalomer entre les gens et les véhicules pour «libérer» la route pour les berlines, quitte à mettre leur vie et celle des autres en danger ? Certains croient-ils tout permis parce qu’ils portent l’uniforme ? Reçoivent-ils une quelconque formation ? Naviguons à travers les interrogations. Et les réponses…
L’inspecteur Jaylall Booojawon, président de la Police Officers Solidarity Union, souligne d’emblée que les conditions de travail des motards de la police sont loin d’être satisfaisantes. À commencer par les équipements. «Savez-vous qu’ils doivent acheter eux-mêmes leurs bottes et leurs vestes ?» Ensuite, il y a les casques. «En 2015, un motard avait été percuté à Montebello. La cause du décès ? Une fracture du crâne. Leurs casques ne les protègent pas.» Mais ils ne se plaignent pas car les membres de cette unité sont d’abord des passionnés de moto et ne veulent pas courir le risque d’être mutés, confie-t-il. Tous ces problèmes, en plus des longues heures de travail, contribuent à rendre le travail des motards difficile. Quant à la formation, il «prépare un dossier là-dessus».
Des dires que l’inspecteur Shiva Coothen balaie d’un revers de la main. «Tout va bien», assure-t-il. Selon le responsable de communication de la police, les motards sont très bien équipés. «Certes, c’est à eux de veiller à l’état de leur moto et de leurs équipements, et prévenir toute dégradation à temps pour que le nécessaire soit fait», tient-il à préciser. Les équipements sont fournis et les policiers n’ont pas à mettre la main à la poche, assure-t-il.
Les motards reçoivent, par ailleurs, une formation spéciale, poursuit l’inspecteur Shiva Coothen. «Un formateur est dépêché spécialement de la Réunion pour ce faire.» Puis, il y a ceux de la Traffic Branch qui ont de l’expérience qui agissent aussi en tant que formateurs. «C’est un exercice très pointu sur lequel ils sont évalués par la suite.»
Concernant les membres de la VIPSU, ils reçoivent une formation encore plus poussée. L’inspecteur rappelle qu’il n’y a pas que l’agilité à moto qui compte. La condition physique est également évaluée. Pourquoi les accidents, alors ? «Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent provoquer un accident. Un motard sait qu’il doit se reposer avant de prendre le travail. Puis, peut-être que certains ont des problèmes personnels et cela provoque des fautes d’inattention…»
Onze accidents depuis 2010
Alan Ganoo s’est intéressé à ce problème que sont les accidents impliquant des motards de la police lors de la dernière séance parlementaire. Sir Anerood Jugnauth a fait savoir qu’il y a eu 11 accidents impliquant les motards de la VIPSU et qu’aucun mort n’est à déplorer. Aucune compensation financière n’a été octroyée suivant ces accidents. Revenant sur le cas de Jason Stéphane Adèle, le ministre mentor a répliqué qu’il sortait d’une station-service lorsqu’il a été percuté. «Les motards doivent soumettre des rapports sur leurs conditions et environnement de travail, sur la qualité des formations et les équipements mis à leur disposition.» Pour l’heure, aucun changement dans le mode opératoire de la VIPSU n’est prévu. «Vu le contexte local, la moto est le moyen le plus approprié comparé aux voitures et vans.»
Pendant ce temps, en Inde…
C’était le 1er mai 2017. Narendra Modi, Premier ministre indien, a pris la décision d’interdire les motards pour les VIP. «Tout le monde est important», avait-il déclaré à l’époque et aucun membre du gouvernement ne s’était plaint. D’ailleurs, il avait remplacé VIP par EPI (Every Person Important). Les membres du gouvernement indien n’ont même pas droit aux gyrophares et doivent braver la circulation, comme leurs concitoyens.
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