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Campagne électorale: Pravind Jugnauth a-t-il pris le train ?
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Campagne électorale: Pravind Jugnauth a-t-il pris le train ?
Le projet Metro Express qui atteint la vitesse grand V, des chantiers en veux-tu en voilà, mesures populaires, des «boulets» qui ont été expédiés au placard, discours enflammés… Alors que le Premier ministre entame les derniers mois de son mandat, certaines démarches laissent à penser qu’il est déjà en campagne. Même en ville. Zoom.
Metro express
Alors qu’en 2014, l’alliance Lepep fustigeait le métro léger de l’ancien régime, il est, aujourd’hui, plus que jamais d’actualité. Expropriations, fermetures de routes principales et abattages d’arbres sont allés à la vitesse grand V pour que le Metro Express soit sur les rails. Tout est mis en œuvre pour que la première phase, entre Port-Louis et Rose-Hill, soit prête en 2019, soit avant les élections générales. Avec le Metro Express, ce sont deux problèmes que Pravind Jugnauth espère résoudre: les accidents de la route et les embouteillages. Selon Pitch Venkatasamy, de Think Mauritius, «ce type de projet s’étale généralement sur trois à cinq ans. Là, ils ont couru pour le mettre sur les rails et on ne sait pas ce que ça va donner», s’inquiète ce dernier. Pourquoi tant de précipitation? Pravind Jugnauth veut-il pouvoir se targuer d’avoir révolutionné les modes de transport chez nous ? D’avoir changé à tout jamais la vie des Mauriciens? Cette «paternité», en tout cas, semble vraiment lui tenir à cœur…
Projets routiers
Vous l’aurez remarqué, le pays ressemble, en ce moment, à un vaste chantier. Pelleteuses et grues travaillent d’arrache-pied pour concrétiser différents projets routiers. Le but : fluidifier la circulation. Parmi les colosses qui doivent voir le jour, l’autopont qui reliera l’autoroute à La Butte et qui aura pour but de décongestionner le centre de Port-Louis. Les travaux ont démarré le 6 février. La structure devrait être prête d’ici un an, avant les élections, bien entendu.
Puis, il y a l’A1-M1 Link Road, qui reliera Coromandel à Sorèze et qui devrait améliorer la circulation. Le coup d’envoi des travaux a été donné le 11 avril. Le projet devrait être complété dans 18 mois. Un viaduc de 315 m sera érigé pour fluidifier le trafic à Pont-Fer, un deuxième de 180 m sera construit au-dessus de la jonction de Jumbo jusqu’à Pont-Fer et un troisième survolera le rond-point Dowlut pour faciliter le trafic sortant du Sud. Une bretelle devrait être construite entre Phoenix, Saint-Paul et le Sud et une autre pour relier l’autoroute du Nord au Sud. Si tout se passe comme prévu, cette partie du pays sera totalement transformée d’ici deux ans, alors que les contours de ce projet auront été dessinés bien avant.
Un autre argument que Pravind Jugnauth pourra utiliser une fois que la campagne aura vraiment démarré. Le Premier ministre s’est d’ailleurs déplacé pour donner le coup d’envoi de plusieurs projets susmentionnés et n’a pas manqué, à chaque fois, de rappeler combien le road decongestion program lui tient à cœur. Pour Pitch Venkatasamy, cette effervescence est encourageante. «On est sorti de l’inertie habituelle et là, ça donne l’impression de bouger. Tant qu’il y a des projets et pas de scandales, le gouvernement se porte bien.» De bons arguments pour la campagne, en tout cas.
Salaire minimum
Pendant que l’opposition se battait à coups de slogans et de prises de bec pendant la campagne électorale lors la partielle à Belle-Rose– Quatre-Bornes, Pravind Jugnauth a sorti le salaire minimum de son chapeau. Alors que le projet était en préparation depuis longtemps, le ministre du Travail a annoncé le montant du salaire minimum et son mécanisme de fonctionnement, le 8 décembre, au Parlement. D’emblée, la cote de popularité du gouvernement a pris l’ascenseur du côté des travailleurs. Une joie que les employeurs ont, cependant, du mal à partager, surtout qu’ils seront bientôt mis à l’amende s’ils n’appliquent salaire minimum.
D’autre part, le Premier ministre, qui détient également le portefeuille des Finances, a annoncé l’entrée en vigueur de la negative income tax, soit une allocation pour ceux touchant moins de Rs 9 900. C’était lors du discours budgétaire 2017- 2018. Cette mesure avait retenu l’attention du public, tout comme la baisse du prix du gaz lors du précédent Budget. Des «accomplissements» que Pravind Jugnauth ne manquera certainement pas de mettre en avant lorsque viendra l’heure du bilan. Jocelyn Chan Low, observateur politique, explique qu’à travers ces mesures, le Premier ministre essaie de «mettre en valeur le nom de l’alliance qui avait été élu en 2014», soit Lepep. D’ailleurs, vendredi dernier, il a procédé à l’inauguration du nouveau marché de Saint-Pierre avec Wi-Fi gratuit...
Grand nettoyage
Le Premier ministre n’a pas hésité à déclarer la guerre à la présidente lorsque le scandale Platinum Card a éclaté. Mais avant elle, plusieurs autres «têtes», et non des moindres, sont tombées de leur piédestal. On pense notamment à Showkutally Soodhun, Ravi Yerrigadoo, à qui Pravind Jugnauth a demandé de «step down». Même son cercle «intime» a connu un changement. Son équipe a pris un coup de jeune, tout comme son look. Jocelyn Chan Low estime que l’alliance gouvernementale a été secouée et affaiblie par les divers scandales et que maintenant, le Premier ministre essaie de redorer son blason.
Il le faut bien, surtout quand approchent les législatives…
Ce qu’en pensent les observateurs
Jocelyn Chan Low : «Il est clair que la campagne a déjà commencé.
De plus, ‘l’absence’ de l’opposition place l’alliance gouvernementale en bonne position. Le PTr est assez effacé, il n’y a pas eu de grand fracas avec l’arrivée d’Arvin Boolell au Parlement. Avec les guerres intestines au MMM et la débâcle du PMSD aux élections partielles, l’opposition est en mauvaise posture. Ce qui rend la tâche plus facile pour Pravind Jugnauth. Mais attention. Là, on parle de l’homme, pas du parti. Le MSM en sortira gagnant si Pravind parvient à projeter une bonne image de celui-ci.»
Pitch Venkatasamy :
«Un politicien est en campagne électorale dès que les résultats des dernières élections sont annoncés. Mais là, il est évident que le MSM veut se refaire une image pour être prêt la prochaine fois que les Mauriciens iront aux urnes. Vu le niveau de mécontentement suscité par le taux de chômage des diplômés, les nominations et autres scandales, il fallait des mesures populaires pour convaincre l’électorat. N’oublions pas qu’il y a aussi un Budget à présenter. Il présentera sûrement des mesures pour séduire la population.
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