Publicité

Trésors Made in China Town

10 mai 2018, 02:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Trésors Made in China Town

Connaissez-vous le Tao Sa ? Ou encore le Pak Tong Pan ? Ou peut-être le Kwe Fa Kao ? Ne vous en faîtes pas, il ne s’agit pas ici de prise de Kung Fu mais des délices bien de chez nous, que l’on peut trouver dans une petite ruelle bien cachée, à China Town. Plus précisément dans la fabrique de gâteaux de la famille Chu Fung Leung, établie depuis plus de 100 ans. Vous avez peut-être visité leur étale lors du Chinese Food and Cultural Festival qui s’est tenu le week-end du 5-6 mai.  

Malgré son âge avancé, Wong Kam Ven Pin, baptisée Anne Marie, veille sur l’une des plus anciennes pagodes du pays

La devanture sort tout droit d’un film chinois des années 80. Une petite boutique étroite au-dessus de laquelle flotte un drapeau rouge avec pour emblème un dragon et un phœnix qui encercle un caractère chinois. À l’intérieur, des étagères et le comptoir croulent sous une multitude de gâteaux.  

La gérante, symbole d’élégance et de discrétion, sert ses clients avec une dextérité remarquable. Ces derniers sont pour la plupart des habitués. «Donn mwa dé ‘lédwa’. Gato zinzli, Tao Sa. Inn vini, bizin profité pran pou tifi, belfi, belmer belser tou la !» lance une cliente. Avant d’ajouter que sa fille a spécialement commandé des gâteaux macaroni, «un délice absolu qui vous casse les dents !» 

Direction donc la rue Ven Pin pour goûter aux gâteaux la cire, biscuits à la papaye ou autres délices à base de riz. La famille Ven Pin, originaire de l’Empire du Milieu a «donné son nom» à cette ruelle. Elle est également propriétaire d’une des plus anciennes pagodes du pays, située à la rue La Reine. «Cette pagode a été établie par quatre Siang il y a plus de 100 ans, mais ensuite le terrain a été acquis par des blancs. Mon arrière-grand-père l’a racheté», raconte la maîtresse des lieux, Wong Kam Ven Pin, baptisée Anne Marie, une octogénaire dont la fougue et l’énergie feraient pâlir d’envie les plus jeunes. 

Le couple Leung a ouvert son épicerie chinoise en 2015. 

Souvenir des ancêtres 

 Avec la famille Ven Pin, la pagode en bois et en pierre deviendra une demeure familiale. Les totems chinois, représentant les ancêtres décédés, sont envoyés à la pagode Kwan Tee, près des Salines, à Cassis. «Mais mes parents m’ont tout le temps dit qu’il faut allumer l’encens pour les ancêtres, car ici, c’était ‘leur lieu’», indique Wong Kam Ven Pin.  

L’octogénaire explique qu’à la requête du gouvernement, l’ancienne pagode a été conservée dans son état original, en bois, avec ses meubles d’antan et surtout sa table d’offrande, qui a plus de 200 ans. «Beaucoup de visiteurs m’ont dit qu’ils veulent l’acheter mais je n’ai jamais accepté. C’est un souvenir de nos ancêtres.» 

 Aujourd’hui, Wong Kam Ven Pin habite dans un pavillon qui jouxte le bâtiment qui abritait jadis la pagode. Et lorsqu’elle ne rend pas hommages à ses ancêtres, elle s’occupe de ses chiens et de ses plantes, dont elle n’est pas peu fière. Sinon, elle pratique le Taî- chi, histoire de garder la forme. «Je fais ma petite promenade dehors, dans les rues, je me rends au festival chinois tous les ans pour voir les spectacles.» 

 Durant le week-end, les festivaliers ont pu d’ailleurs goûter à divers plats typiquement chinois. Pour faire les choses dans les règles de l’art, plusieurs boutiques proposent des ingrédients venus tout droit de l’Empire du Milieu, pour le plus bonheur de nos palais.  

Jacques Leung, lui, a ouvert son épicerie à la rue Sun Yat Sen, plus connue sous son ancien nom, la rue Arsenal. «Nous avons ouvert cette boutique en 2015. C’est une idée de mon épouse, qui travaillait déjà dans une épicerie chinoise avant», indique le propriétaire des lieux. Son épouse est Chinoise, ce qui facilite la communication avec leurs clients venus d’Asie, mais aussi des Mauriciens de diverses origines. Sur les étals, des algues, des champignons, des saucisses chinoises, du kimchi et des sauces à toutes les sauces… Qui portent des noms imprononçables.  

Un peu plus loin, dans la même rue se trouve le magasin Dazzling Star Ltd, apothicaire spécialisé dans la médecine traditionnelle chinoise. Dans cette boutique vieille de 80 ans, les étagères sont en bois, les remèdes en béton, dit-on. On y retrouve des salves et autres flacons méticuleusement rangés. Derrière le comptoir, un pan du mur est recouvert de tiroirs dans lesquels on concocte des tisanes pour tous les maux.  

Quand on vous disait que China Town regorge de trésors…