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Rye Joorawon: «Demandez-moi plutôt si je continuerai à vivre…»

12 mai 2018, 09:54

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Rye Joorawon: «Demandez-moi plutôt si je continuerai à vivre…»

En 20 ans de carrière comme jockey, Rye Joorawon se dit déstabilisé pour la première fois. Il va mal et ne le cache pas dans un entretien à bâtons rompus avec L’Express-Turf.  

Rye, vous êtes de retour à Maurice après une tentative ratée de relancer votre carrière en Malaisie. Pourquoi cela n’a pas marché ?
J’avais fait une demande pour monter à Kuala Lampur, à Penang et à Perak. Au final, je n’ai participé qu’à une course.

Pourquoi ?
Vous savez, les jockeys locaux avaient protesté contre le nombre d’étrangers en piste. Ils craignaient pour leur avenir. Après quoi, les autorités des courses ont décidé d’imposer un dépôt de Rs 20 000 à chaque cavalier étranger pour monter en courses. J’ai refusé de verser cette somme. Résultat des courses, je suis de retour au Champ de Mars.

Où votre carrière de jockey est menacée ?
Oui, c’est vrai. Je sens quelque chose vraiment de mauvais.

Comment ?
Hmmm, j’attends toujours à ce que j’obtienne ma licence.

 

Pour quoi faire ? Vous êtes toujours sous le coup d’une suspension, n’est-ce pas ?
Oui, mais je crois comprendre que je n’obtiendrais pas ma licence.

Qui vous a dit ça ?
Tout le monde au Champ de Mars.

Y compris le MTC ?
Non. Au MTC, on ne me dit rien. On n’a même pas répondu à ma demande. La moindre des choses, c’est de me dire où j’en suis.

Etes-vous inquiet ?
Bien sûr.

 

Pourtant, on dit que vous êtes rarement déstabilisé ?
Oui. La pression, je l’ai rarement connue. C’est ce qui a toujours fait ma force. Que je monte dans une course ordinaire ou une course classique, je suis toujours détendu sur mon cheval. Ça, les entraîneurs le savent. En 20 ans de carrière, c’est la première fois que je me sens mal. Très mal. Je crains pour mon avenir, celui de mes deux enfants et de ma famille.

«En 20 ans de carrière, c’est la première fois que je me sens mal. Très mal. Je crains pour mon avenir, celui de mes deux enfants et de ma famille.»

N’avez-vous pas une part de responsabilité dans tout ce qui vous arrive en ce moment ?
Ecoutez, je sens que tout a commencé avec Dark Force en 2017.

Et alors ?
A partir de là, je n’ai eu que des malchances. Il y a eu aussi beaucoup de malentendus.

Que des malchances selon vous ?
Vous savez, il y a trop de rumeurs au Champ de Mars et tout ça a rendu les choses difficiles pour moi.

Il n’y a jamais de fumée sans feu ?
Je vais vous dire une chose. Tout le monde sait que je suis quelqu’un de très généreux. Aujourd’hui je me rends compte que je suis peut-être victime de cette générosité-là. Quand je monte en courses, il m’arrive souvent, presque toutes les semaines, que des gens m’arrêtent pour me demander si un cheval peut gagner ou pas. Moi, je n’ai rien à cacher. Parfois, je réponds par un «oui» et parfois par un «non». Quand je dis «non», les gens l’interprètent autrement. Pour eux, ils disent que je ne suis pas «on». Et c’est comme ça qu’on entend dire que Rye n’est pas «on» dans telle ou telle course. Au Champ de Mars, des faussetés deviennent parfois des vérités et vous êtes puni !

Vous croyez ?
A 100 %. Les gens me surnomment «Bad Boy» ? Croyez-vous vraiment que je le suis ? Il ne faut pas croire à tout ce qu’on raconte.

Rye, un grand fêtard. Vous n’allez pas dire «faux» ?
Entre le Rye d’il y a 10 ans et celui d’aujourd’hui, c’est «later leciel» ! J’ai changé. Après tout, j’ai fondé une famille et je ne peux mener la même vie qu’autrefois.

Des regrets par rapport à votre passé ?
Depuis que je suis devenu jockey, je ne connais que ça dans ma vie. Je n’ai pas d’autre métier. Oui, j’ai commis des fautes sur la piste, des erreurs de jugement. Mais, j’aime mon métier. Je dois vivre et faire vivre ma famille. Le MTC décidera ce qu’il décidera. C’est son droit. Un stipe, par exemple, s’il quitte les courses, il trouvera un «job» dans un bureau quelque part. Mais moi ? Comment vais-je nourrir mes enfants ? Comment vais-je rembourser l’emprunt que j’ai contracté pour la construction de ma maison ?

Quand je dis «non», les gens l’interprètent autrement. Pour eux, ils disent que je ne suis pas «on». Et c’est comme ça qu’on entend dire que Rye n’est pas «on» dans telle ou telle course.

En avez-vous parlé au MTC ?
Non. Je ne fais qu’attendre. Mais les semaines s’écoulent. Il me reste encore quelques journées de suspension. C’est normal que je commence à m’inquiéter. Mes enfants, mon épouse, ma famille… ils me posent des questions. Ils savent que je ne vais pas bien. Le stress est omniprésent. Tout comme moi, ils sont inquiets. Mes enfants souffrent.

Irez-vous à l’étranger si le MTC refuse de vous octroyer une licence cette année ?
Non.

Changerez-vous de métier ?
Non plus.

Vous ferez quoi alors ?
Demandez-moi plutôt si je continuerai à vivre…

Un «joke» de mauvais goût ?
Non ! Pour le moment, j’attends…